– les photos vont être rajoutées à l’article sous peu –
Nous sommes arrivés à Hilo sur Big Island, la plus grand île au sud-est de l’archipel hawaïen, pile 13 jours après notre départ de Nuku Hiva aux Marquises, après 2’086 milles nautiques (Nm) parcourus, soit 3865 kilomètres.
On a avancé à une moyenne de 12.4 km/h. 160 Nm par jour, jolie moyenne, faut dire que les vents nous ont été favorables sur toute la route, bien établis en régime d’Est. La mer a été douce avec nous, le soleil au rendez-vous, le climat bien agréable. Quelques grains, évités grâce au radar qui nous permet de voir où la pluie tombe à seaux, des levers de jours tout doux, des couchers de soleil somptueux, 13 jours bien agréables en somme, sans soucis à bord.
Après avoir rangé le barda de notre traversée, replié le lit qui avait pris place au milieu du carré, nettoyé le bateau dedans et le débarrasser de tous les embruns, ranger les voiles les écoutes et le tralala, regonflé l’annexe pour la mettre à l’eau, dessalé le cockpit, on a sauté dans le zozo pour aller mettre les pieds à terre.
A peine sur le plancher des vaches, voilà Réjane qui déboule et nous accueille avec un grand sourire. Réjane, c’est une amie de copains de Tahiti, et elle nous invite direct pour l’apéro. C’est vraiment cool le monde de la voile, les contacts se font facilement, simplement, ça connecte immédiatement. C’est notre première rencontre avec Réjane et Charly du voilier Longtemps sur l’Ô, jeune couple super, adorables, dynamiques, pleins d’humour. On ne le sait pas encore, mais on passera pas mal de temps avec eux dans différents climats, entre Hawaï et l’Alaska. Partis pour une heure, baskets aux pieds pour nous dégourdir les jambes, on a finalement passé 3 heures à terre, le temps de siroter un petit cocktail et savourer une bonne assiette au Pineapple Restaurant. Miam, une gourmande manière d’atterrir et de commencer à découvrir cette nouvelle culture.
Hawai’i, c’est le nom hawaïen de Big Island. C’est une île au relief tout doux de loin, un dôme très étendu, très plat ; il faut dire qu’on arrive sur une île coiffée par un joli chapeau nuageux dont on ne voit pas le sommet, et dont en fait on ne sait pas grand-chose … Hormis que vu son jeune âge, elle abrite plusieurs volcans régulièrement actifs. Il parait qu’il y a encore 2 semaines, la lave s’écoulait hors de terre en bord de mer …
La géologie est complètement différente des îles marquisiennes. Celles-ci étaient comme taillées de manière sauvage et brutale à la hache, dans leur verticalité, alors que les îles hawaïennes sont tout en rondeur, en douceur, avec une déclivité très douce, les pentes rencontrent la mer telle une houle un peu plus grosse que celle du large.
Végétation tropicale, abondante, l’Est de Hawai’i est bien arrosé (il pleut en moyenne 25 jours par mois par ici), tout pousse, vite et bien. Le climat y est doux, température idéale de 25 degrés, juste ce qu’il faut pour mettre un pull en fin de journée, et de rajouter une couverture sur le drap de lit pendant la nuit.
Hilo, tout petit nom pour une ville assez surprenante dans sa variété, est notre port d’entrée sur le territoire américain. Grosse base militaire, aéroport très actif, port de commerce important, notre mouillage est au pied de cette zone d’activité, ce n’est pas l’endroit idéal, mais l’eau est PLATE et ça, c’est du bonheur.
La ville est étonnante, on y croise de tout. Des petites maisons délabrées, des centres commerciaux réfrigérés, des énooooormes camions américains aux chromes étincelants avec de grosses cheminées sur la tête, hauts comme des immeubles, à côté desquels les pauvres hères -qui dorment dehors sous les cocotiers, veillant précieusement sur leur caddie rempli de leurs quelques biens- semblent bien petits, des snacks et des petites boutiques qui vivotent, des restaurants qui ne désemplissent pas, des gens assez sportifs (va’a, rugby, volley) et des gens très oisifs, plutôt cordiaux et accueillants. Un petit centre-ville, et tout autour des zones résidentielles, et plus loin là-bas, après l’aéroport, les zones commerciales où on trouve les supermarchés de grandes marques américaines, et tout le nécessaire à une vie « normale de consommation » … c’est-à-dire très loin du climat marquisien ! Dire si l’on est décallés ? oui, on se sent débarquer d’une autre planète.
Notre objectif à Big Island : faire entrer le bateau en territoire américain, atterrir de notre traversée, et puis repartir rapidement après une visite rapide des incontournables : les volcans !
Le Mauna Kea, qui culmine à 4’207 mètres, nous attire bien. Il est encore coiffé de quelques plaques de neige ( !!!) qui l’eut cru ? et surplombe l’île de manière très délicate. On ne l’imagine pas si élevé, car tout le relief autour est en pente très douce. C’est pourtant la montagne la plus haute du monde : plus de 10’000 mètres depuis sa base (bien noyée sa base) !
A l’assaut du Mauna Kea.
On part de bonne heure avec notre super Jeep de location pour monter à l’assaut de ce géant. La route nous balade entre forêt tropicale et champs de lave, quelques zones agricoles et à nouveau de la lave. La pente est douce, mais constante. On arrive au « Visitors Camp » du Mauna Kea, et c’est à ce moment qu’on réalise que nous sommes déjà à plus 2’800 m d’altitude. On n’a rien senti. Par contre, les rangers nous demandent de nous poser là pendant une grosse demi-heure, le temps d’acclimater notre organisme avant de partir à l’assaut de la dernière grimpette (+ de 1’400m de dénivelé …).
Le temps est au beau fixe, grand ciel bleu dégagé, pas de vent, c’est décidément une belle journée qui s’annonce pour grimper dans les cieux et poursuivre par une balade autour de l’île pour aller en découvrir les pâturages et les falaises. Quelques bancs de brouillard et napperons de nuages se baladent au-dessous de nous.
Une fois les recommandations respectées, on se met en route et on grimpe on grimpe on grimpe (en voiture donc) jusqu’à 3’900m pour aller voir un petit lac d’altitude (balade à pedibus quand-même …). Petite lagune bleu canard isolée dans son désert de pierre rouge-brun-gris-beige-noir, avec quelques lais de neige blanche éclatante qui souligne les douces courbes du Mauna Kea. La balade jusqu’au lac doit bien faire 3 km aller-retour, mais jamais on a mis autant de temps à parcourir cette distance qu’aujourd’hui ! on se sent lourds, sans forces, la tête qui cogne, le souffle court … on la sent bien l’altitude !!! Mais la balade en vaut la peine.
Et puis après, le programme c’est de monter au sommet, bien évidemment, sauf que là, c’est panne de voiture … impossible de faire repartir ce monstre perché sur ses 4 roues motrices ! Il est 10h30 quand on appelle le loueur de voiture, et il arrivera finalement à 14h30 pour venir nous dépanner … pendant tout ce temps, on aborde chaque automobiliste qui passe par là, personne n’a de câbles dans sa voiture pour connecter deux batteries … les rangers qui font leur ronde toutes les deux heures ont des câbles, mais ne veulent pas nous les monter avant 13h, puisque ce sera l’heure de leur prochaine ronde. Ils ne peuvent pas non plus nous redescendre jusqu’au « visitor camp », ca ne fait pas partie de leurs attributions. … Donc on patiente ! Et on discute avec tous ceux qui passent par là … ça occupe ! La plus jolie tentative d’aide d’un monsieur asiatique qui s’arrête à côté de nous : « Cables ? Yes, of course, but just for iPhone ».
Finalement, sur le coup des 15h, on peut enfin faire redémarrer cet énooorme véhicule, et nous voilà partis à l’assaut du sommet. Sauf que les nuages ne nous ont pas attendus, et sont montés montés montés jusqu’à nous boucher la vue sur tous les environs …
Nouveauté à Molokini
Molokini, c’est un petit cratère dont la moitié émerge encore, en forme de croissant, au sud-ouest de Maui (entre Maui et Kahoolawe). C’est le meilleur spot parait-il pour le snorkeling à Maui.
Un endroit tout joli où on rejoint Réjane et Charly, un petit havre de paix au milieu du chenal de Alalakeiki, bien abrité des vagues et du vent, idéal pour une pause dans une journée de nav.
On s’y arrête et l’amarrage est une surprise pour nous, une nouveauté, un défi pour moi : il faut prendre une bouée et y attacher notre aussière. Rien de nouveau, me direz-vous … sauf que la bouée (toutes les bouées !) est immergée à 3m SOUS l’eau, histoire que tout le monde puisse passer sur la surface sans crainte de prendre un cordage dans le moteur … Ceci veut dire que je dois me mettre à l’eau, passer notre aussière dans la boucle que je dois aller chercher à 3m de profondeur, remonter le tout à la surface, et regarder Myriades s’approcher de moi pour que Hervé puisse venir attraper l’amarre … Je vous promets que Myriades est très très trèèèès gros vu depuis l’eau, quand il s’approche de moi … plutôt flippant ! Une première tentative, je suis accrochée à la bouée, j’attrape l’avant de Myriades, mais une bourrasque dévie l’avancée de l’étrave et me voilà écartelée entre la bouée et le bateau. Je lâche tout, et on recommence. Mais entre-temps, Charly a grimpé sur le bateau et est venu nous aider à la manœuvre, c’est quand-même plus facile à trois, Hervé peut rester à la barre et au moteur … et heureusement, l’eau est limpide, crystal clear, et bonne au niveau température … sinon, j’aurais eu carrément moins de plaisir à partir à la recherche de la bouée !!!
A nous Maui
Maui est une île très touristique de l’archipel hawaïen, composée de deux massifs volcaniques rejoints par un isthme, et ceinte de nombreuses plages de sable blond où viennent déferler et s’écraser les nombreux rouleaux du Pacifique … c’est là notamment que Robby Naish a brillé dans ses années de champion de wind surf, Robby, idole de mon chéri !
Notre seconde tentative volcanesque s’est bien mieux passée que la première ! nous ne sommes pas tombés en panne, nous étions en joyeuse compagnie avec Réjane et Charly, et surtout le cratère du Haleakala est incroyablement beau, fascinant par son camaïeu de couleurs, son relief intérieur … c’était une virée à 3’300m de toute beauté ! Une petite balade dans les sables et les pierriers noirs, bruns, ocres, parsemés de quelques touches de vert, un environnement minéral et hostile, et en même temps tellement propice à l’admiration de ce que la Nature est capable de produire … on a envie de s’y arrêter des heures et de contempler sans fin.
Mais bon, l’ile est grande et on a aussi envie d’aller découvrir la fameuse plage de Ho’okipa, où se sont affrontés les plus grands windsurfers, les body surfers, les surfers tout court, rejoints aujourd’hui par les kyte surfers et les wing surfer, et aussi quelques foilers électriques, un doux (euh non, pas doux) un énergique ballet de voiles de toutes les couleurs qui volent et virevoltent dans les énormes rouleaux turquoise-outremer-blanc venant s’écraser sur le rivage abrasif de la barrière de corail … Fascinant ! un spectacle époustouflant ! épousoufflant très fort ! 28 nœuds bien tassés et ces surfers en tout genre nous régalent.
On passe un bon moment à les observer, les admirer, les envier, et quand on les voit de plus près, on réalise que ces jeunes sportifs ont entre 30 et 70 ans … ! chapeau bas, ils ont tout notre respect !
Belles accélérations à Molokai
Le mouillage roulait beaucoup ce matin, aussi après avoir entendu plus de 500 « pu… » « mer… » « bor… » dans la bouche du Cap, on est partis avant l’heure prévue, histoire de sauver mes oreilles ! haha
On a donc mis cap sur Molokai, en ligne droite depuis le sud-ouest de Maui. On nous a dit « attention aux couloirs entre les iles, ça souffle souvent un peu fort » … ok, on a bien pris note, et les vents annoncés étaient tout à fait dans nos cordes.
A peine sortis de l’abris de l’ile, voilà les 20 nœuds qui déboulent du nord-est, puis les 25, puis quelques petites bouffes d’air à 30 nœuds … Partis sous génois sans GV, nous voilà déjà à sortir la trinquette pour rentrer le génois, puisqu’on n’est pas en « rafales » à 30, mais on est en mode établi à 30 avec rafales en plus … La mer est passablement remuante, car aucune terre ne nous abrite, mais au bout d’une bonne heure, le plan d’eau se calme un poil ; mais pas le vent ! On tape dans les forces 7 et 8, pointe mesurée à 39.7 nœuds !!! autant dire que ça pulse et ça pédale !!! Plus grande vitesse « speed over ground » à 10.4 nœuds !! sous trinquette seule …
A 14h, on vise le vieux port désaffecté de Haleolono au sud-ouest de Molokai, perdu au milieu de rien. Petit port, dont l’entrée est constituée de deux digues de beaux gros rochers, qui s’avancent dans les vagues très remuantes … est-ce que l’entrée sera possible ? on s’approche on observe, et oui, ça devrait le faire. Sinon ça veut dire continuer directement sur Honolulu, et ça veut dire deuxième couloir avec accélérations de vent importantes, on a moyen envie de faire ça de nuit …
Donc on enroule le génois, on met le moteur en route -ah non, c’est l’inverse, on enroule le moteur et, non, on démarre le moteur et on enroule le génois, et puis on vise ce petit couloir entre les jolis gros cailloux, et on retrouve un plan d’eau plat et calme, avec toujours un bon vent qui nous souffle dessus entre 14 et 25 nœuds …
Contents d’être à l’abri pour la nuit !!
A l’assaut d’Honolulu, et surprise au rendez-vous !
5h du mat, au départ de Moloka’i, le vent souffle doucement, du moins, nous sommes protégés du vent par la montagne. Donc début de nav tout doux, au moteur, pour aller rejoindre les airs un peu plus loin. Après 10 minutes, on croit apercevoir des souffles de baleines. Ce n’est pas la saison, mais on guette, on s’approche, et oui miracle et belle surprise, deux-trois baleines croisent par ici. On voit leur souffle, jet mélangé d’air et d’eau brumisée, suivi de leur dos arrondi à la surface, puis plus rien pendant de longues minutes … Et soudain, droit devant nous, une baleine jaillit droit hors de l’eau, et s’arque sur le côté pour retomber dans les vagues dans une grande gerbe d’eau, un énoooorme splash, pour notre plus grand plaisir ! Merci la Vie pour ce beau cadeau !!
On guette encore, et puis plus rien, on les laisse derrière nous sans regret, et on poursuit notre route à la rencontre du vent. Qui nous retrouve ardemment, les nœuds grimpent au compteur, on flirte à nouveau avec les 30 et ça se stabilise entre 30 et 33 nœuds. Ca va. Balade de santé, haha ! Par contre, on se prend un courant de dingues ! plus de 3 nœuds qui nous attrapent par le tribord, puisque le Pacifique vient heurter l’ile par le nord-est, et s’engouffre dans le chenal entre Moloka’i et O’ahu, nous propulsant sur un tapis roulant formé de vagues très courtes, presque pire qu’une passe des Tuamoutu !
Quelques miles plus loin, on retrouve un rythme de navigation plus agréable, la journée est belle, le temps radieux, et c’est assez plaisant de pouvoir naviguer dans un paysage varié, avec des îles qui s’éloignent et disparaissent, d’autres qui surgissent, se dessinent et s’affinent, ça apporte une variété bienvenue.
O’ahu, dont la ville principale s’appelle Honolulu (350’000 habitants … c’est loin les villages polynésiens), est déjà plus vieille que Big Island. Sa façade Est est beaucoup plus ravinée par les vents et les pluies, plus découpée et cisaillée, elle a un profil plus « marquisien », alors que son sud-ouest est plus délicat, rond, en pente douce. On aperçoit les terrains constructibles bien marqués (les sommets et les vallées) et les taches de verdure entre deux (les pentes trop inclinées), la ville se propage de manière tentaculaire.
Le cœur de Honolulu se dévoile au détour du Cap Diamond Head, les buildings de 30 étages, façades de verre et de miroirs s’élancent dans le ciel depuis la plage, les pieds dans l’eau remuante. Les surfeurs en tout genre (long board, body board, et autres planches de tailles variées) pagaient joyeusement et attendent leur tour pour s’élancer sur les dos ronds des déferlantes. Ca ressemble à une énooooooorme ville, c’est tellement différent de ce que nous avons rencontré jusqu’à ce jour … Les catamarans « croisière de 2 heures » côtoient les bateaux moteurs qui proposent une sortie au « Turtel canyon », un peu plus loin ce sont les bateaux à moteur tractant leur parachute ascensionnel, et puis pas mal de voileux aussi .. c’est une ville qui foisonne, en tout cas du côté « front de mer ». Pour la suite, ce sera à découvrir à terre quand nous aurons le temps de jouer aux touristes, entre les 2-3 choses à faire sur le bateau …
14h, à peine amarrés au port de Ala Wai, en plein Honolulu, au pied des immeubles qui s’élancent haut, je reçois un message de Nathan qui me dit « tout va bien, le vol jusqu’à Seattle s’est bien passé, j’embarque dans une heure. Donc dans 8 heures je suis là ! » … et moi dans ma tête « hummm ? dans 8 heures tu es là ? mais … tu es censé arriver demain soir, pas ce soir ?!?!? » … on refait les calculs de temps de vol, de dates, de décalage horaire, et on réalise qu’effectivement notre grand Lu arrive dans quelques heures … !!! Grande surprise et belle surprise du jour !!! Il faut juste qu’on vide la cabine arrière de tout son bordel, qu’on nettoie et qu’on range, pour pouvoir l’accueillir dignement ! Allez, on s’active, on se réjouit trop de le revoir et de pouvoir partager avec lui ce temps à venir, entre Hawaï et l’Alaska, même si lui se réjouit surtout de la traversée et de l’Alaska, c’est un homme du froid.
On bascule dans un autre monde …
Nous voilà au port (oui, au port !! le dernier, c’était à Papeete, en juin 2022) de Honolulu depuis une petite semaine. On découvre un monde totalement inconnu : le mode de vie à l’américaine dans une ville hyper touristique.
On est au pied du « Hilton Village », complexe hôtelier de 8 immeubles (pas loin de 30 étages chacun) regroupant tout ce qui est nécessaire pour que les touristes du monde entier trouvent à consommer. Les taxis et voitures de loc arrivent en 3 files contigües pour déverser leur flot continu de passagers à la réception de l’hôtel … impressionnant.
Je découvre, sans aucun bonheur, les temples de consommation : les malls énormes et gigantesques, abritant toutes les marques les plus connues de A à Z, où les gens peuvent déambuler du matin au soir et passer de boutique en boutique … j’y cherche des choses que peu achètent, comme par exemple des bocaux pour faire des conserves. On tente aussi de trouver des supermarchés pour acheter nos provisions pour la traversée à venir, mais tout est « prêt à être consommé-utilisé-cuisiné », c’est dur de trouver des produits bruts. Les salades sont presque toutes déjà ensachées, les légumes prédécoupés, les plats pré-cuisinés, les fromages déjà portionnés pour du « finger food ». On va poursuivre les recherches des bons lieux pour faire ça quand on aura terminé les travaux.
Et la liste des travaux s’allonge …
Chaque fois qu’on ouvre un coffre ou qu’on aborde un sujet, on rajoute quelques points sur la liste des choses à faire avant de lever les voiles. On en a une page A4, avec des choses aussi diverses que variées, principalement techniques, d’ordre organisationnel aussi, des petites activités qui prennent peu de temps, jusqu’aux gros projets qui se comptent en jours … Dans ce chapitre : retirer tous les joints du cockpit (sol, sièges, ..) et préparer les surfaces à être à nouveau jointées (ça fait 3 jours qu’on y travaille, et on a fait seulement la moitié), identifier la panne du générateur (ça fait 3 jours que Hervé cherche avec le technicien). Dans ce qui prend moins de temps, mais qui en prend quand-même, c’est par exemple vider le placard de la cabine arrière pour en ranger le contenu sous notre lit. Ca veut dire : vider le contenu de sous-notre-lit pour contrôler ce qui s’y trouve, vider mon placard de ses habits d’été pour y ranger les habits d’hiver qui étaient sous notre lit, mettre sous vide les habits que nous n’utiliserons plus pour les ranger sous-notre lit, pour finalement ranger le contenu de la cabine-arrière sous-notre-lit aussi, et découvrir en passant que j’ai oublié toutes mes chaussettes chaudes en laine en Suisse, alors que c’est bel et bien en Alaska que j’aurai les pieds froids !!! misère à poil !
Donc notre temps est consacré au bateau, on ne prend pas du tout le temps de visiter Honolulu ni l’île, on s’évade par-ci par-là pour aller se faire un bistrot de temps en temps, on observe aussi les surfers qui sont juste sous notre nez, on bouquine en fin de journée et … on bosse on bosse ! Nathan n’a bientôt plus d’empreintes digitales à force de décaper le sol, Hervé ne sait plus à quel saint se vouer pour réparer ce qui doit l’être, et le temps file presque trop vite.
Après plusieurs jours de travaux, dire qu’on en a un peu marre est un euphémisme. Non seulement on trace des items sur notre ToutDouxListe, mais chaque jour on en rajoute, on découvre un nouveau truc qui foire, on passe un temps important à chercher des infos, on réalise qu’il y a encore ceci, et puis encore cela, qu’on avait oublié en passant.
Hier on a réalisé qu’on a utilisé 250 mètres de ruban adhésif pour pouvoir poser les joints dans le cockpit et sur les bancs … ça fait pas mal tout ça … ça veut dire plus de 125 mètres linéaires de mastic posé ces derniers jours.
La nouvelle pompe du générateur est arrivée, mais les prises pour la brancher sur le générateur ont été modifiées, donc il faut trouver de nouvelles prises …
Les vannes du circuit de refroidissement du moteur fuient, donc il en faut des nouvelles. Ca veut dire pédaler jusqu’à l’autre bout de la ville sur la « deux voies » sans trottoir ni ligne de vélo pour aller au magasin de bricolage (bon, les panneaux routiers indiquent bien « share the road with bikes » mais on n’est pas trop rassurés quand-même quand les rétros nous frôlent !), mais évidemment les mesures & indications françaises ne correspondent pas aux indications & mesures américaines, il faut trouver les traductions des modes d’emploi des différents produits sur internet dans les magasins pour identifier celui qui conviendra …
Les joints du cockpit sont secs et prêts à poncer, mais il pleut …
Sur le piano bâbord, le taquet coinceur qui retient la dérive semble tout facile à changer, juste 2 vis à enlever pour le remplacer, mais pour ça, il faut démonter tout le plafond intérieur dans le carré pour accéder aux boulons …
Enfin bref, c’est long ! Le bateau est en bordel partout. Vivement que ce soit terminé.
Mais à côté de ça il y a du bon : on est au port, et nous voilà 5 bateaux-copains amarrés au même quai, pas loin les uns des autres, et on passe un peu de l’un à l’autre pour se partager des idées, se donner des conseils, une bonne info, réfléchir à plusieurs, admirer le travail de l’un, encourager l’autre … et puis aussi les bons moments de fin de journée, une bière au coucher du soleil, un bbq au cul de Myriades, c’est bon ces partages-là. Les navires et les équipages : Réjane et Charly sur LONGTEMPS SUR L’Ô, Sylvie et Laurent sur SALAVIDA, Bruno et Frédérique sur ORPAO, Véronique et Benoit sur RISORIUS, et Diane et Richard sur RODIGNARD.
Ils montent aussi en Alaska (sauf Rodignard), visent tous Kodiak, alors que nous on va tenter d’aller plus à l’ouest, pour naviguer un peu le long des Aléoutiennes, en essayant d’atterrir sur l’ile de Unalaska, à Dutch Harbour, le port de pêche le plus important des Etats-Unis !
Sinon, on n’a pas du tout visité ni Honolulu ni O’ahu, peut-être qu’on le fera quand les travaux seront terminés, mais pour l’instant on ne lit même pas les guides touristiques 😉
Une ligne de plus …
Follow the line … follow the line … pfffffff
Il y en a des lignes dans ce cockpit !!! Des lignes à nettoyer de leur joint, les passer au cutter puis au cureteur (une sorte de gouge), puis ensuite au papier de verre, avant de finir à l’acétone, …
et quand c’est propre : poser le scotch puis enduire toutes ces lignes d’un nouveau joint …
Et tout ça dans tout le cockpit et tous les bancs !! Ça en fait des lignes à tirer à quatre pattes sous la table.
Une semaine plus tard …
On sort la tête du bateau de temps à autre, surtout en fin de journée quand il fait moins chaud, et sinon b’en on bosse ! La ToutDouxListe se pare de grandes biffades.
On est allés à Waikiki, la démesure américaine … effarant pour une petite Bisounours comme moi.
Une semaine de plus plus tard … Bon, et on en est où là?
Toujours à Honolulu, et toujours dans les travaux !
Le générateur a retrouvé toute sa fonctionnalité et Hervé n’a pas perdu tous ses cheveux, malgré la difficulté à identifier la panne,
le chauffage n’a plus de fuite dans son circuit,
les joints du liège sont quasi tous posés (merci Nathan pour ton énorme contribution, tu as super bien bossé !!! et merci mon Cap Chéri, tu es un vrai pro du joint),
les taquets ont retrouvé leur jeunesse,
bref, ça avance !!!
Et on a même pris le temps d’aller visiter le mémorial de Pearl Harbour, et d’aller voir à quoi ressemblent les plages de Waikiki !
On devrait être prêts à quitter la marina mardi ou mercredi …
Enfin !!!
On quitte la marina de Honolulu demain, enfin !!!
On a tenté de monter au Diamond Head ce matin, sans réaliser que tout doit être réservé en avance par ici, y compris ton parking … donc retour de la voiture avec Hervé « down town » pendant que les deux crapahuteurs continuent de crapahuter.
Les mousses et le Cap ont bien bossé, 3 semaines in fine pour remettre le pont en état et barrer tous les points de la ToutDouxListe, on peut la jeter par-dessus bord !! Enfin !!!
Il est temps de quitter Honolulu (on a tellement chargé les coffres qu’il faudrait remonter la ligne de flottaison) hisser les voiles et retrouver les plaisirs des mouillages … cap au Nord-Ouest de O’ahu, puis après Kauai pour attendre la bonne fenêtre
Dixit Nathan : on quitte ENFIN la ville, le voyage commence ! Il est temps !!
Dernier stop hawaïen
Nous voilà donc à Kauai, dernière halte avant de quitter les eaux chaudes et de monter vers l’Alaska …
Arrivés à Nawiliwili après une petite journée de nav, on profite d’une dernière possibilité de visiter un peu l’intérieur des terres.
C’est une des plus anciennes îles de l’archipel, son relief s’approche de celui des Marquises. Très verte, pluvieuse, la nature est généreuse et magnifiquement colorée.
Petit tour en photos au Canyon de Waimea, au sud-ouest de l’île. On a eu tous les temps : pluie et soleil, et la voiture cette fois n’est pas tombée en panne !!
Prêts ? Partez !!! On lève les voiles pour 2000 miles … 3630 kilomètres devant nous … !!
Après de nombreuses interrogations, discussions et réflexions, cette fois ça y’est, la décision est prise, nous partons demain !!! Youpeeee Yeah !!!
On a pu profiter un petit peu de la beauté de l’ile de Kauai, retrouvé le plaisir du contact avec la nature, même si on est dans un cadre très USA, donc très cadré. On est loin de l’esprit des Marquises, mais on se régale les yeux !
Voilà à quoi ça va ressembler :
. Départ (c’est sûr) de Hanalei, île de Kauai, archipel de Hawaï, USA
. Arrivée (on adaptera selon la météo) à Dutch Harbour sur l’ile de Unalaska, ou à Kodiak, sur l’ile de Kodiak, les deux îles étant situées le long de la péninsule sud-ouest de l’Alaska, USA
. Distance entre Hanalei et Dutch Harbour : 1’900 miles nautiques
. Distance entre Hanalei et Kodiak : 2’100 miles nautiques.
C’est comme si vous partiez du Caire et que vous montiez à Oslo en ligne droite, une longue route !
Ce n’est pas la distance à courir qui nous fera prendre des options en route, mais bel et bien les trains des dépressions qui courent d’Ouest en Est, et qui se succèdent inlassablement.
Les prévisions nous annoncent (sachant qu’il faut en général rajouter 20-30% aux chiffres présentés) :
Temps de traversée estimé : 16 jours
. Vent max annoncé : 20 nœuds
. Rafales à 30 nœuds
. ¾ du temps proches des 10 nœuds – ¼ du temps entre 10 et 25 nœuds
. 10% de près – 50-60% au travers – 30-40% au portant
. 2 à 3 jours de moteur sur l’ensemble du parcours
Un peu de pluie mais pas trop, et puis on s’en fout, c’est de l’eau douce
. Température actuelle : 28 degrés à l’ombre, mais il fait trop frais pour faire la sieste à l’ombre ET au vent
. Température à destination : 5 à 10 degrés …
. A mi-parcours, on passera sous les 15 degrés, mais où sont mes chaussettes !?!!?
Donc voilà, aujourd’hui on pose l’isolation des vitres, et puis on range, on cale, on est à la traque de tous les bruits pour mettre du papier-bulles là où ça va rouler, cogner, nous déranger, on prépare ce qu’il nous faudra pour les premiers jours de nav pour simplement prendre le temps de s’acclimater et s’occuper de nous.
On partira en fin d’après-midi pour aller longer la côte ouest, la Na Pali Coast, qui est paraît-il magnifique, grandes falaises déboulant des montagnes érodées, tombant dans l’eau, on ne peut pas rater ça … Une fois qu’on se sera régalé les yeux, on mettra le cap au nord.