– les photos vont être rajoutées à l’article sous peu –

Samedi 8 avril 2023
On monte à Anaho

On est partis de bon matin pour éviter de naviguer face à un vent trop soutenu et une mer trop formée, puisque nous capons droit dans le lit du vent pour aller contourner le cap sud-est de Nuku.

Trois heures de navigation pour aller rejoindre la petite baie de Anaho, qui a une super réputation. On longe des falaises incroyables, des tombants sombres et vertigineux, la nature ici aussi est brute de chez brut, on sent la force des éléments qui s’opposent les uns aux autres selon la lune, le vent, la saison. L’eau vient frapper sans cesse la roche, la découpant, la morcelant, parfois dans la finesse d’une dentelle, souvent en la fracturant sur toute sa hauteur et creusant des canyons, des gouffres, des grottes, des déchirures. Pas de végétation à proximité de l’eau sur la côte est, on aperçoit les contreforts verts en arrière-plan, sous les nuages.

Après quelques jolis bords à la voile, nous contournons le cap nord-est de Nuku Hiva et découvrons le petit havre de paix que représente Anaho : pas de houle, plan d’eau calme et plat, végétation à profusion, eau plus attirante pour la baignade, plages de sable blanc, montagnes magnifiques derrière le rideau d’arbres, je sens qu’on va être bien ici pour patienter !

 

Mardi 11 avril 2023
Baie de Anaho

Nous sommes toujours à Anaho, petit paradis sur terre, en attendant … que le vent se lève favorablement !

Bon, il y a des endroits bien moins sympas pour attendre quelques jours que la météo nous soit favorable, ici on ne manque de rien !

On a trouvé où dénicher des légumes et des fruits quand nous aurons épuisé nos stocks, on a des jolies balades à faire de chaque côté de la baie de Anaho, on a de l’eau fraîche au robinet sur la plage, on a une plage (même si on en fait rien) et comble de bonheur, sur la plage il y a la pension de Juliette qui propose un kai kai marquisien plusieurs fois par semaine à midi … j’y ai mangé le meilleur cochon à la broche de ma vie hier pour mon anniversaire !

Et puis la baie est calme, ça ne roule presque pas, et il n’y a que cinq autres voiliers. On dort bien, au son des vagues qui déferlent sur le rivage, devant la toute petite église.

On est allé à Hatiheu aujourd’hui, histoire de se bouger et de marcher un peu, on s’est retrouvé dans la gadoue rouge et glissante sur une bonne partie du chemin. 3km et 220 m de dénivelé+, c’est une jolie distance pour aller commander du pain, haha ! les choses prennent du temps par ici, car tout se fait à pied !

Demain, pour aller chercher les fruits, on aura 2h de marche aller-retour, jeudi pour aller chercher le pain, ça sera à nouveau 2h 1/2, mais c’est cool, c’est sympa. Les choses ont une autre valeur, et les fruits un autre goût quand tu sues tant que tu peux pour aller les acheter …

Et puis après, on ne va plus trop bouger pendant 15 jours … alors profitons !!! marchons et savourons ! On vous embrasse.

 

Bon b’en voilà … un p’tit rhum et puis s’en va …
Thu Apr 13 2023

 C’est notre dernière soirée à Anaho, Nuku Hiva, Marquises, Pacifique, Terre …

On a parcouru 10’425 kilomètres dans les eaux polynésiennes en 18 mois, oui, on a pris notre temps, on a savouré, on s’est régalé, on a vraiment aimé -même si rien ne ressemble plus à un cocotier qu’un autre cocotier- oui on a adoré!

Il y a une telle diversité sur ce magnifique et vaste territoire, et des gens si accueillants, si touchants, généreux, joyeux, c’est un endroit magnifique, qui marque le cœur …

La diversité des Gambiers, un archipel qui concentre toutes les beautés de la Polynésie,
la joie de l’eau aux Tuamotu, dessus dessous, leurs lagons turquoise incroyables,
les paysages à couper le souffle dans les îles de la Societe, mariant à merveille la montagne et le lagon,
et puis la rudesse et l’authenticité des Marquises, tellement riches, …

On ne part pas le cœur léger, mais le cœur rempli de magnifiques souvenirs et d’envie d’y revenir … peut-être, un jour …

Et maintenant on se branche sur une autre fréquence, l’heure n’est pas à la nostalgie mais l’heure est au décompte … vers midi demain on lèvera les voiles et on mettra cap au nord pendant 5 jours, avant de tourner vers l’ouest pour rejoindre Hilo, ville principale de Hawai’i (Grande Île) une dizaine de jour après …
En gros deux semaines « at sea » avec juste du bleu et rien que du bleu autour de nous, devant
derrière dessus dessous, juste tous les deux sur notre petit bateau au milieu de cette immensité …

On pensera à vous, et puis on vous racontera notre quotidien sur notre blog puisque vous pouvez suivre notre position d’heure en heure (www.myriades.ch // Où est Myriades // en temps réel )
Si vous voulez nous envoyer un coucou : myriades@myiridium.net (que du texte)

On vous aime et on vous embrasse fort

 

En route pour Hawaï – Jour 1
Sat Apr 15 2023

 Oh ben dis, on avait oublié comme ça remue un bateau sur l’eau …

On est partis vendredi (!) à 14h30 avec des airs de cinéma et un plan d’eau plutôt doux et agréable.

24h plus tard et 167 miles plus loin, on en regrette déjà que vendredi n’ait pas duré plus longtemps, parce que samedi est bien remuant !

Les airs sont là, du côté des 12 noeuds ce matin, puis se baladent depuis entre 17 et 20. Et la mer, allez savoir pourquoi, s’amuse à remuer dans tous les sens pour notre plus grand bonheur … tu parles !

Folles activités à bord : siestes à tout moment, séries pour Hervé, et première tentative de lecture pour moi à 16h cet après-midi…
Et le menu vaut le déplacement aussi : ravioli pour mon chéri hier soir, pâté Henaff à midi avec sa baguette, et moi pas grand chose non plus … on va dire que ça ira mieux demain, nos corps auront renfilé leur costume de marin …

Le bateau-copain Rodignard qui était parti quelques heures avant nous a été rattrapé à la nuit, et largement dépassé depuis midi. Ils font 3 mètres de moins que nous, ça compte sur l’eau !!

On avance à plus de 7-8 noeuds avec un ris dans la GV (grand voile) et la trinquette (petite voile avant), l’hydrogénérateur fait bien son job pendant la nuit, tout va bien.

Reste plus qu’à … s’habituer, patienter, bouquiner, roupiller, rêver, imaginer, … vous embrasser!
Sea You

 

Jour 2
Sun Apr 16 2023

 

176 miles au compteur pour ces dernières 24 heures !
Encore la même distance et nous serons à l’équateur !

La moussaillonne reprend un peu de poil de la bête, et sort la tête de temps à autre de la cabine arrière. Faut dire qu’il y a un seul endroit agréable sur le bateau à l’extérieur : c’est le banc bâbord du cockpit, et Le Cap en a un peu fait son siège, son lit, son espace de visionnage, c’est le coin qu’il préfère. Et qu’il occupe la nuit.
Et vu l’état de la mer ces dernières 36 heures, moi je les ai passées allongée ! Pas folle la guêpe, je ne veux pas être malade alors je dors. Et je dors. Et je dors. Entre deux, je sors la tête un 1/4 d’heure pour faire le guet, contrôler les instruments, vérifier l’état du ciel, régler les voiles, contrôler le cap (le vrai cap, pas Le Cap… il fait ce qu’il veut Le Cap), et puis je repars me coucher.

Un fou a tenté plusieurs fois aujourd’hui de se poser sur le taud. Ce n’est pourtant pas la place qui manque autour de nous …
Et puis un dauphin fou, à moins qu’il n’ait été en période de qualification pour un tournois de gym acrobatique, nous a ravi de ses sauts, pirouettes en tout genre, salto avant, salto arrière, triples tonneaux, avec une vélocité et une facilité déconcertantes. Incroyable le p’tit gars !

Le vent mollit gentiment, les prévis européennes et américaines sont raccord mais trop généreuses, on avance à 5-6 noeuds au couchant. Vent annoncé à 11-13 et on est plutôt à 8-10. Il devrait descendre encore demain, ce qui nous permettra d’enlever le taud pour le recoudre, puisqu’il nous a fait la belle surprise ce matin de lâcher sur une couture importante … chouette, on va avoir quelque chose à faire demain !

Au niveau des températures ça chutera aussi, mais on n’a pas encore remis les pulls !! 28 aujourd’hui, on arrivera à Hawaï par 23 degrés ! Brrrr, on va cailler, haha

Au fait, j’ai une question : qui peut me donner la date d’invention de la boussole svp ? Et aussi du sextan ? Avec un tout petit peu de texte informatif en plus de la date … Merci à celle.celui qui nous répondra !

Je retourne à mon couchant qui va bientôt tomber dans l’eau et j’ai envie d’admirer sa course de fin de journée, et on vous embrasse fort !

 

Jour 3
Mon Apr 17 2023

Merci pour vos lumières qui éclairent ma lanterne, ou plutôt ma boussole, ou plus précisément mon compas …

Il était une fois, il y a fort longtemps, au Xeme av JC en méso-Amérique, une boussole aurait pointé le bout sa flèche.
Puis, dans les années 1100 après JC, une pierre d’aimant est née en Chine, pour harmoniser l’energie des éléments.

C’était bieeeeeen avant qu’elle apparaisse dans certains récits sous le nom de Marinette, aiguille aimantée, ancêtre de notre boussole, lors des expéditions nautiques dans les années 1200 et des brouettes.

Rapidement elle évolua vers la rose des vents, baignée dans sa sphère stabilisante, et se mua en compas. Les Portugais l’emmenèrent à bord de leurs grandes expéditions avec d’autres outils de mesure, et Colomb lui apporta la variation de la déclinaison.

Le sextant lui, a pointé le bout de son nez vers 1740, accompagné de ses célèbres et nombreuses tables de calculs, qui permettent de définir une position sur le globe terrestre en relation avec la position du soleil à un instant T.
La réunion de ces deux outils offre donc la possibilité de définir un cap et de tracer la route vers ce cap.

Pour nous c’est plus simple, en ce 17 avril à 14h (heure de Hawaï, c’est à dire UT-12 si je ne me trompe pas, mais avec l’heure d’hiver et l’heure d’été j’en perds mon heure-nord), notre GPS nous indique que nous sommes à 55 miles nautiques de l’équateur, et que nous en avons parcouru 145 depuis hier à la même heure.
Ce à quoi Le Cap rétorque « oui mais quand je mesure la distance parcourue en ligne droite depuis hier, ça me donne 133 miles » … b’en oui, on ne navigue pas droit ! Le vent adonne régulièrement, change de direction constamment, il vient du 035 puis passe au 063, retourne au 040 et redescend au 057, donc forcément, on n’avance pas en ligne droite puisque nos voiles sont réglées en fonction du vent.

La mer, elle, est plutôt bonne copine avec nous ces heures, je ne vais pas vendre la peau de l’ours tout de suite, mais la navigation est agréable, pas trop chahutée. Température douce car le soleil joue avec les nuages dans notre ciel à la Magrit (un g deux g un t deux tt, me souviens pas mais j’adore ses ciels). Qui peut me dire comment s’écrit son nom ? Magritte Haha, merciiiii

Sinon, j’espère bien me souvenir très longtemps de la beauté des Marquises et de ses insulaires magnifiques, mais oublier rapidement un souvenir précis qui nous colle à la peau : les nonos … petites mini mouches marquisiennes quasi invisibles, qui nous croquent les jambes, les bras, le dos sans crier gare, et … 4 jours après ça nous démange encore de partout !!! On espère arriver à Hawaï sans nous gratter encore de la tête aux pieds …

16h tout à l’heure : opération taud !
Le retirer, puis sortir la machine à coudre et tirer des longueurs avant de le réinstaller, pour qu’il continue à bien nous protéger … on a encore 8 noeuds de vent, faudrait que ça baisse un poil plus. Mais pas trop non plus parce qu’après on n’avance plus … Ahlalala, vouloir tout et son contraire en même temps, éternelle dichotomie, alors on prendra juste ce qui se présentera et ça ira très bien.

Bisous doux et à demain

 

Nord !
Mon Apr 17 2023

Ça y est, il est 23h50 et nous changeons de camp, nous passons au nord !

L’eau se remet à tourner dans le bon sens quand on vide notre baignoire, on vit à nouveau les mêmes saisons que vous, on n’a plus la tête en bas et les pieds en l’air, bref ça y’est, on est de retour dans l’hémisphère nord.

Ça ne change rien à pétole, le vent ne s’est pas levé quand on a franchi la ligne, et la houle qui nous malmène depuis quelques heures au sud a bien pris naissance par ici, quelque part au nord …

On a salué, honoré et remercié Neptune en lui offrant du délicieux rhum de Taha’a. À ta santé Dieu de Océans, et merci à toi de nous permettre de continuer à naviguer sereinement sur tes eaux.

 

Jour 4
Tue Apr 18 2023

 Je ne sais pas qui a programmé le lave-linge sur « lavage-essorage » loooooong, mais je vous promets que le cycle n’en finit pas …

Ahlala cette journée est plus que remuante, la mer est totalement désordonnée, on a des vagues de l’Est plus une houle proche de 3 mètres du NE avec une onde courte, régulièrement le bateau plante le nez dans l’eau et perd en vitesse, et chaque fois il lui faut se relancer. Non, c’est pas confortable du tout !!

On a eu nos premiers grains ce matin, vive le pot-au-noir ! Mais on ne va pas se plaindre, c’est un pot-au-noir plutôt bleu pour le moment, avec quand-même pas mal de vent. Le premier grain a bien rincé et dessalé le bateau, ça fait du bien. Le second, quelques heures plus tard a voulu vérifier que nous étions bien adoucis et s’est permis de nous gratifier de son bon gros vent (20-22 kn) et de son eau douce pendant 2 bonnes heures …

Hervé a joué avec les voiles (j’envoie la trinquette, je rentre la trinquette, je renvoie le genois, non finalement c’est trop, je rentre le genois et je ressors la trinquette, … et hop on recommence) pendant qu’à l’abri je roulais d’un flanc sur l’autre mon livre à la main … À chacun ses activités « préférées », et Hervé n’est pas un fada de lecture, haha

Sur le coup des 15h, les éléments se sont un peu calmés et on a pu tous les deux se tenir dehors.

Dans la lumière de la fin d’après-midi (16h, oui c’est tôt) le soleil déjà bas sur l’horizon, on se régale du ballet des poissons.
Semblables à des nuées scintillantes, des étoiles de poissons, des exocets de petite taille s’envolent à l’approche de Myriades.
C’est splendide de les voir surgir de l’eau par petits bancs, la lumière dorée du soleil se reflétant dans leurs ailes, et planer tant qu’ils peuvent avant de disparaître à nouveau dans les flots.

Quelques fous en tirent un avantage certain : ils volent tournent et planent autour de Myriades, puis tout à coup rasent les voiles et plongent à la surface de l’eau, où ils frôlent les flots, adaptant leur trajectoire à celles de vagues, et happent au passage un petit poisson de ci de là.
Une fois le poisson a peu près ferré dans le bec du fou, il tente évidemment de se débattre et de regagner sa liberté de quelques battements d’ailes, ils montent tous les deux en flèche vers le ciel, le fou tortillant son cou pendant que l’exocet bat des ailes, puis le poisson finit par atterrir au fond du gosier … et le fou par se poser pour avaler sa proie correctement.

Soirée à nouveau chahutée, je prépare le repas et file me coucher sans manger, je saute mon tour d’assiette pour sauter dans mon lit, à l’abri du mal de mer. Et puis de toute façon, comme dit le dicton … qui dort dîne !

Bisous bisous

 

Question de traffic …
Wed Apr 19 2023

Coucou les gens,
Vous qui avez accès à internet, auriez-vous la gentillesse de regarder les sites « marine traffic » et/ou « vessel finder » (je ne connais plus les orthographes précises de ces deux sites), et puis nous dire s’il y a des bateaux autour de nous ?

Sur notre route ? Rassurez-vous, ceux-là on les voit ! En l’occurrence on n’en a pas de signalé sur nos écrans …
Beaucoup dans les environs ?
Des pêcheurs, des voileux ?

Si vous cherchez « Myriades » avec l’outil de recherche du site, vous devriez très facilement pouvoir nous géolocaliser, et voir par la même occasion tous les bateaux naviguant dans le Pacifique …

Merci pour vos réponses et mille énormes gros bisous doux

 

Jour 5
Wed Apr 19 2023

À 4h du mat, j’ai coupé le moteur qu’Hervé avait mis en route une heure plus tôt, le vent était de retour.
A 5h du mat, nous avons pris une grande bifurcation et mis le cap sur Hawaï, au 315.

Il nous reste maintenant encore 1300 miles à courir en ligne droite sur cette drôle d’autoroute à grains, avant d’arriver à Hilo.

Un grain, c’est un amoncellements de nuages hauts, blancs tout là haut et gris noir au dessous, avec un gros rideau de pluie à l’avant et de belles bourrasques avant et pendant. Avant la pluie, la température fraîchit, c’est le front froid qui passe.
Et puis après la pluie et le « gros vent », tout revient au calme, bien plus calme, et les airs normaux reprennent progressivement le dessus.

Chaque jour, et chaque nuit pour ne rien enlever au plaisir de la navigation, tu t’en prends un-deux-trois sur le toit, ça varie. Aujourd’hui, on est passé entre les gouttes, juste après deux grains, et le troisième long qui a suivi n’a pas été très pluvieux ni très venteux… espérons que les prochains nous offrent le même répit !

Puisque les vents vont se renforcer, et puisqu’on ne sait jamais avec quoi un grain peut arriver, on a retiré le taud, et cette nuit nous naviguerons vraiment juste sous les étoiles.
Pas de lune puisque c’est la nouvelle lune, notre seule lumière sera celle de la Voie Lactée … presque grand bonheur (presque, parce que j’ai plus facilement mal au cœur dans le noir noir noir)

Au compteur de ce jour : 143 miles parcourus, et 137 hier. Ça avance, ça avance.

Bisous doux et belle journée à vous

 

Jour 6
Thu Apr 20 2023

Bientôt bientôt bientôt à la moitié …

Ça a bombé ces dernières 24 heures !!!
170 miles parcourus soit 7.1 noeuds de moyenne horaire, accrochez-vous ça remue !

Pendant mon quart cette nuit, le bateau n’est jamais descendu en-dessous des 8 kn ! GV pleine et trinquette à poste.
On est plutôt bien calés par rapport à la mer, on ne prend plus les vagues de face, donc ça file plus vite ! Et puis la mer n’est pas trop grosse, et les vagues ne déferlent pas, alors ça va.

J’entends Hervé à l’instant « il fait froid dehors » … c’est vrai que notre environnement aujourd’hui est plutôt breton que polynésien : la mer est grise, le ciel est gris, le crachin s’est invité ce matin, et les grains passent à nouveau depuis quelques heures.

On vient de se prendre 27 kn dans la figure (plus que 12 kn après le grain), mais à nouveau sans grosse pluie. C’est bête … ça pourrait rincer le bateau … et puis surtout si les grains étaient plus pluvieux, on pourrait les voir arriver de nuit au radar … là c’est juste le vent qui nous surprend d’un coup d’un seul, sans s’annoncer !

La nuit dernière le ciel était clair, donc on voyait les cellules avancer, mais ce soir comme le ciel est tout couvert, on ne distinguera pas un nuage d’un autre et les étoiles ne nous éclaireront pas …

4 étoiles filantes pendant mon quart, c’était trop beau. En écoutant un podcast sur Bowie et son « Ziggy Star Dust » c’était parfait !

Pour cette nuit, on a à nouveau rangé le taud, on a pris un ris dans la GV et c’est la trinquette qui voile à l’avant.

J’ai trouvé aussi le moyen d’être plus « confort » dans le bateau, pour ne pas être tout le temps dans la cabine arrière quand je ne suis pas dans le cockpit (parce que vous imaginez bien que notre chambre à l’avant n’est pas fréquentable en traversée … à moins de vouloir à tout prix vomir quelques minutes après y être entré) : on a installé un mega lit-canapé dans le carré !

La table du carré a été montée sur des vérins pour pouvoir être abaissée au niveau des coffres des bancs, du coup en y mettant tous les coussins on arrive à se vautrer pour bouquiner confortablement, voir y passer les quarts de veille quand il fait trop moche dehors (pluie annoncée …). Je sens que ça va devenir mon QG, haha !

Après notre dernière salade verte à midi, on va commencer à ouvrir des boites … bon, il nous reste des tomates, des carottes, des patates et des oignons, et puis les conserves que j’ai préparées avant de partir, on ne va pas mourir de faim, mais par contre quand ça remue trop, c’est pas évident de cuisiner … sans compter que j’ai toujours peur de voir les casseroles brûlantes décoller et se renverser … donc risque minimal ce soir, haha

Plein de becs à vous toutes et tous depuis notre autoroute des Alizés

 

Hawaï ? Quelques questions !
Fri Apr 21 2023

 Salut les gens qui avez les deux pieds sur terre, comment vous allez ?

On vous espère toutes et tous en grande et belle forme printanière !

On devrait arriver d’ici une semaine en vue de l’archipel de Hawaï, avec comme première étape Hilo, sur Hawaï’i (Big Island, Grande Île, celle qui est située au sud-est de l’archipel).

On aura peu de temps pour visiter ces îles, alors questions à celles et ceux qui connaissent, ou qui savent, ou qui … :

QUELS SONT LES INCONTOURNABLES à voir-visiter-écouter-manger-trecker-faire-rouler dans cet archipel ?

Il y a deux parcs de volcans, l’un est-il plus mieux bien que l’autre ? L’un est sur Hawai’i, l’autre sur Maui.

Merci pour tous vos avis et vos recommandations, vous pouvez nous les envoyer par e-mail bien-sûr. On se réjouit de vous lire !

D’ici là, plein de becs à vous et prenez soin de vous !!

 

Jour 7
Fri Apr 21 2023

 7 passés,
7 à venir,
Cétacé.

B’en oui, je trouve que ça suffit … nan ?
On est au milieu, en distance et en temps.
Le compteur a quitté les milliers ce matin, pour passer aux centaines, et s’offrir le luxe d’afficher une virgule maintenant … « plus que » 950,7 miles à engloutir.

7 sans …
.Chocolat, bières, rhum et café (pour moi), on se croirait presque en « dry January »
.Marcher, bouger, yogger, crapahuter
.Silence
.Dormir à plat et tout une nuit
.Avoir un sol horizontal et immobile
.Se raser (pour … Hervé)
.Pouvoir ouvrir le frigo, et surtout le fermer sans avoir peur de se faire manger la main
.Musique, mon compte Deezer a eu l’élégance de se déconnecter deux jours après le départ
.Zénitude, on a toujours tous les sens en alerte, à l’affût d’un changement de rythme, de vent, de bruit suspect
.Possibilité de chercher un renseignement, contrôler l’aurtograffe d’un mot ou sa définition
.Voisins hormis les fous volants ; une troisième espèce est apparue aujourd’hui, on avait déjà les becs brun et les becs bleu, voilà les orange
.Poisson frais, ça remue trop pour dépecer celui qu’on pêcherait, et puis on va beaucoup trop vite

7 avec …
.Des levers de soleil qui magnifient la mer et illuminent ses vagues
.Les techniques de chasse des fous à observer
.Des myriades d’étoiles au-dessus de nos têtes
.Du vent, encore du vent, toujours du vent (aujourd’hui on est montés à 35 kn le temps d’un grain, et puis il est établi entre 22 et 26 alors qu’il était annoncé à 20)
.Une assiette à soupe posée sur les genoux en guise de table
.Le soleil encore et toujours, même si les nuages sont là régulièrement
.Du temps pour lire, pour rêver, pour laisser son cerveau voyager, pour déconnecter et se mettre sur off
.Le plaisir d’une douche dehors dans le vent et le soleil, même si l’eau est froide
.La réjouissance d’aller à nouveau vers l’inconnu

166 miles parcourus ces dernières 24 heures,
Trois ris dans la GV et trinquette en full,
Un bateau salé qui se réjouit de la prochaine pluie (mais pas nous)
Un soleil qui se couche à 17h40 et qui se lèvera demain vers 5h30
Une lune totalement absente : 1% et en plus elle se lève à 5h et se couche à 18h … à quoi ça sert ??? Bon, au moins on a les étoiles …

Le vent baisse un peu, on est à 20 noeuds, et on décide de laisser nos minis voiles en l’air sans en augmenter la surface pour s’offrir une nuit un poil plus tranquille.
Ah, et puis on remet des t-shirts …

Bisous doux à vous.

 

Jour 8
Sat Apr 22 2023

Toujours en mode « confort » malgré une tentative de retour en mode « sport », et le mode confort n’a rien de confortable … 3 ris dans la GV et la trinquette nous suffisent laaaargement pour avaler plus de 160 miles ar jour … 166, comme hier.

On quitte peu le nouveau QG, c’est le seul endroit à peu près non salé du bateau et plutôt confortable pour le coup ! On y lit, on y dort, on y oublie le temps qui passe lentement, on y rêve, on y textotte, on y regarde des séries … on y surfe le Pacifique au final, haha ! Ça sera plus compliqué à trois et quand il fera plus froid, mais on y arrivera !

Les vagues déferlent régulièrement sur le roof et dans le cockpit, donc dehors tout est mouillé salé collant poisseux, pas vraiment pratiquable.

Ces grosses dames frisottantes proches des 3m50 viennent régulièrement nous heurter sur le flanc, et nous empêchent d’aller « plus vite » … et de vivre debout dans le bateau, sans avoir à se tenir à tout pour ne pas tomber. Pour vous donner une idée de notre gîte, on a régulièrement le haut de la coque dans l’eau (le haut du franc-bord), les fenêtres de la cuisine sous l’eau, et la cuisinière montée sur son cardant fait une balançoire effrénée.

C’est un peu usant on va dire, mais la machine avale des miles et nous rapproche du point d’arrivée ; encore 750 miles quand-même, pas loin de 100 heures de nav si on continue à cette vitesse. Ce qui ne devrait pas être le cas puisque dès demain tous les chiffres devraient descendre tranquillement : la force du vent, la vitesse du bateau, la hauteur des vagues, la température de l’air, …

Sinon RAS hormis que la fatigue et la météo commencent à peser sur les épaules du Cap et le moral des troupes, mais ça ira mieux demain !

 

Jour 9
Sun Apr 23 2023

Presque !!! Bientôt !!! Plus que … !!!

598 miles à courir encore, 166 avalés ces dernières 24 heures.

On imagine atterrir jeudi. Notre jeudi. À quelle heure, il est bien trop tôt pour le dire, mais c’est ce qu’on vise.

En ce dimanche nautique, la météo a été plutôt clémente avec nous, et nous a offert une mer un peu plus calme. Les vents se sont modérés, et sont finalement rarement un problème sur l’eau, mais l’état de la mer lui …

Le Pacifique est tellement vaste, et sujet a tellement de systèmes météo différents -qu’aucune terre ne vient cadrer, arrêter, avec lesquelles interférer- que le plan d’eau est constamment en mouvement. Et s’il vous plaît de manière non-organisée de préférence … les vagues et la houle se croisent n’importe comment ; les vagues elles-mêmes, répondant en écho aux systèmes météo variés, prennent plusieurs directions et s’entremêlent, nous offrant un terrain de jeu scabreux.

Ici nous n’avons pour l’instant connu aucun calme plat comme cela avait été le cas lors de notre traversée de l’Atlantique. Ah si, avec Hugo dans le Pacifique sud, une journée ou deux. Mais ici dans le nord : nada.

Et puis sinon le temps – le temps du chronomètre pas celui du baromètre … – c’est une drôle de notion, le temps.
C’est variable.
C’est flexible.
Ça s’allonge, ou au contraire ça se comprime, filant à la vitesse grand V.
Ça semble long.
Ça semble infini.
Puis c’est déjà passé, fugace.
Quand on est partis, je savais qu’on en avait pour 2 semaines, mais j’ai complètement occulté la chose.

J’ai « enregistré » 2 semaines mais je n’ai pas voulu prendre conscience de ce que ça voulait dire.
Donc les premiers jours, ça va ça roule.
On se met en route, on essaie de trouver ses marques.
Et puis au bout de trois jours, on se dit « ah, encore 4 fois ce qu’on vient de vivre … » oups, là ça graille un peu dans les entrailles. Ça semble beaucoup trop long, difficilement acceptable. Alors on n’accepte pas, on occulte, on oublie, on fait l’autruche, on laisse cette info de côté.
Et puis après la météo nous malmène, alors on n’y pense plus. On pense juste à l’heure à venir, vivre ce que cette heure nous apporte (parfois subir plus qu’apprécier), et passer à la suivante. Et puis d’heure en heure, on passe d’une sieste à une autre, temps de sommeil temps de l’oubli.

Et puis au bout d’un moment, l’esprit déconnecte avec la notion de temps, on arrête de se projeter, d’anticiper, de calculer, et on arrive dans ce temps où simplement « c’est ». Le temps « est ».

Tout comme simplement « je suis ».

Et là, b’en la journée passe sereinement, même s’il ne se passe rien, même s’il reste encore des milles et des cents à parcourir, et c’est assez agréable. C’est vide et c’est plein en même temps. C’est long parfois d’arriver jusque là … mais on y arrive, et d’une certaine manière on n’a pas le choix., en tout cas dans notre contexte.
Notre cerveau nous amène là où le temps est juste : dans l’instant. Ce qui a été enrichit cet instant, et ce qui est à venir viendra, en son temps.

Le vent d’Est souffle à 20 noeuds, la GV arbore encore 1 ris, la trinquette est toujours à poste, les pâtes carbo sont au chaud dans nos estomacs, reste à plier la journée et s’enfiler sous mon drap pour mon premier quart de sieste … mais ??!?!? Le Cap fait pareil !?!!?! C’est moi d’abord pourtant … Et lui de veille !

Bon, toutes les alarmes sont branchées, le radar fonctionne, personne aux alentours visible à l’AIS, même les fous ne sont plus là depuis deux jours, alors on va dire qu’on ne risque rien ! Merci notre Bonne Étoile …

 

Jour 10
Mon Apr 24 2023

180 miles en moins au compteur !!!
Myriades se défend bien à 7.5 noeuds de moyenne, c’est fatiguant mais on avance !

Grand ciel bleu aujourd’hui, des airs entre 16 et 20 noeuds ENE, une mer qui diminue enfin un peu, de quoi rendre la navigation plus agréable. En fin de journée, on commence à avoir « chaud devant, froid derrière » il ne fait plus que 25 degrés …

Un seul fou volant dans les parages, observé dans la journée ; on se demandait ce que faisaient ces oiseaux si loin des terres, et comment ils sont capables de se diriger sur des si grandes distances, combien de temps durent leurs voyages au large … ils sont rarement seuls et volent en duo ou petits groupes. C’est intriguant, et j’aimerais bien comprendre comment « fonctionnent » ces oiseaux marins.

Une grande première aussi cet après-midi : un cargo signalé par AIS à 15 miles de nous, à notre sud. Il fait route vers la Chine. On a cherché à l’apercevoir, 300 mètres de long ce n’est pas rien, eh bien non, pas vu !

Sinon, dans les choses qui concernent les prochains temps, on a décidé de passer 1-2-3 jours à Hilo pour les formalités administratives et ménagères, voir ce qu’on peut y visiter, se faire un petit resto ou deux, et puis après de monter sur Maui pour essayer d’aller voir les volcans.
Après ça sera route directe sur Honolulu car notre lulu arrive bientôt et puis il y a du boulot sur le bateau pour préparer l’Alaska !

On doit préparer les isolations, ranger et organiser pour faire de la place pour nos deux gars, et puis surtout gros travail en perspective : refaire tous les joints du cockpit, plancher et bancs … le joint actuel part en poussière, il a brûlé au soleil et se désagrège. Ça fout du bordel partout et surtout il pourrait y avoir des infiltrations d’eau dans le liège qui pourrait l’amener à se décoller … et ça, c’est pas possible.

La liste des choses à faire est bien plus longue que ces deux points, donc on ne va pas chômer !!!

Et là, pour l’instant, il nous reste 420 miles avant la digue d’arrivée ! Bisous bisous doux

 

Jour 11
Tue Apr 25 2023

B’en ça caille chez nous !!! À la tombée du soleil, on enfile tous les deux un bon gros sweat-shirt à capuche … fini la « douce » chaleur polynésienne …

À propos de soleil, on a gagné quasi 40 minutes de jour depuis notre départ ! On sent qu’on remonte vers le nord. Qu’est-ce que ça va être en Alaska … !?!? Comme à Ushuaia en décembre : le soleil se couchait péniblement vers 23h et à 4h du mat il avait déjà repointé le bout de son nez !

Ici, journée RAS …
Rares poissons volants et pas d’oiseaux
Absence de vagues mais toujours de la houle
Seuls au monde encore, aucun bateau autour de nous.

D’ailleurs on trouve bizarre qu’à 260 miles de Hawaï on ne puisse détecter aucun signe de vie (avicole, marine, humaine) … vous voyez des bateaux vous sur MarineTraffic ou VesselFinder ?

On continue à surfer la vague des 7+ noeuds de vitesse moyenne, avec 170 miles en moins au compteur ! On croise les doigts pour que ça dure le plus longtemps possible, mais il semblerait que le vent nous laisse un peu tomber demain en fin de journée … On verra !

Alors … à demain, et comme disent les petits nenfants « plus que deux dodos » et on sera arrivés !!!

Gros gros becs humides

 

Jour 12
Wed Apr 26 2023

Horizon calme et dégagé,
Mer telle un lac de fin de journée en été,
Vent présent et léger,
Ciel rose et bleu, bardé de lames dorées,
Code D dans le mât haut porté,
Ainsi s’annonce la dernière soirée de notre traversée.

La lumière est douce, enveloppante et dorée, on navigue entre le rouge, le bleu, le mauve, le rose, le jaune, ça fait du bien de terminer sur du tout doux.

Dans un autre chapitre, j’aimerais rendre hommage ici à tous nos marins bricoleurs et marines bricoleuses, voguant sur les flots à bord de leur bateau, car ces McGiver et ces MaryPoppins sont précieux avec leurs compétences de couteau-suisse !

Merci et bravo à celles.ceux qui savent s’occuper/réparer/trouver des solutions pour remettre la tuyauterie en route, rétablir l’électricité, changer une vanne, remplacer une pompe, bidouiller dans le moteur, identifier la panne d’un dessalinisateur, j’en passe et des meilleures …

Pourquoi cet hommage aujourd’hui ?
Parce que sans mon McGyver Diamond Star à bord, ça fait longtemps que le bateau serait à quai, merci mon chéri (parce que j’admets tout à fait mon incompétence à ce sujet -le sujet des compétences pourrait faire l’objet d’un autre post-), et puis aussi parce que nous sommes 4 équipages entre les Marquises et Hawaï en ce moment, et sur chaque bateau il y a un problème technique !

En lice aujourd’hui :
Un dessal qui a lâché 100 litres d’eau dans les fonds,
Un pré-filtre gasoil mal remonté et 35 litres de ce délicieux liquide gras et odorant dans les fonds,
Un mât fragilisé par un bas-étai dont un torron a cassé,
Un moteur dont le joint-spi de la pompe à eau de mer fuit,
Ça fait pas mal, non ?

À chaque bateau suffit sa peine, à chaque jour aussi, mais c’est quand-même incroyable de constater à quel point ces voiliers sont fragiles et sources d’ennuis récurrents !

Comme quoi, un permis de navigation n’est de loin pas la seule préparation à faire pour partir vivre en mer …

Merci mon marin mari chéri d’amour !

Bon, sinon : 161 miles derrière nous, et à l’heure où j’écris encore 114 devant, puis nous pourrons mouiller l’ancre dans la baie de Hilo, Hawaï, USA, planète Terre.

Bisous doux par les étoiles

 

Jour 13 et que et que et que et que on est arrivés!
Thu Apr 27 2023

Oh lala j’ai du retard avec ma publication pour vous retrouver à l’heure de votre café matinal !!!

Faut dire, faut dire que …

Que nous sommes arrivés à Hilo, à 14h30 soit pile 13 jours après notre départ de Nuku Hiva !

Que nous avons parcouru les 147 derniers miles à moitié sous Code D et à moitié au moteur, terminant par une heure silencieuse dans le vent, en glissant sur une eau calme, grand bonheur !

Que après avoir rangé le bardas de notre traversée, replié le lit qui avait pris place au milieu du carré, nettoyé le bateau dedans et le débarrasser de son sel, ranger les voiles les écoutes et le tralala, regonflé l’annexe pour la mettre à l’eau, dessalé le cockpit, nous avons pris le zozo pour aller mettre les pieds à terre.

Que à peine nous avions les pieds à terre, nous avons été interpellés par une amie de copains de Tahiti, et pris rendez-vous pour l’apéro demain soir.

Que partis pour une heure, baskets aux pieds, pour se dégourdir les jambes, nous avons finalement passé 3 heures à terre, le temps de siroter un petit cocktail et savourer une bonne assiette gourmande au Pineapple Restaurant.

Et que voilà, le temps de vous raconter tout ça j’ai les yeux qui se ferment, la faute au cocktail et à mon assiette trop pleine, et que du coup ce soir on n’a pas du tout fait les plans prévus (définir notre programme des prochains jours, puisque Mister Blue arrive déjà samedi prochain à Honolulu et que ce n’est pas la porte à côté)

Et que et que et que encore plein de choses à raconter, mais ça sera pour plus tard !

Et qu’on vous embrasse et qu’on part rejoindre Morphée au galop !!

 

Hilo, archipel de Hawaï, port d’entrée
Jeudi 27 avril,

Après 13 jours tout pile de pleine mer, on arrive à Hawaï’i, Grande Ile, Big Island …
C’est une île au relief tout doux de loin, un dôme très étendu, très plat ; il faut dire qu’on arrive sur une île coiffée par un joli chapeau nuageux dont on ne voit pas le sommet, et dont en fait on ne sait pas grand-chose … Hormis que vu son jeune âge, elle abrite plusieurs volcans régulièrement actifs. Il parait qu’il y a encore 2 semaines, la lave s’écoulait hors de terre …

La géologie est complètement différente des îles marquisiennes. Celles-ci étaient taillées de manière sauvage et brutales à la hache, dans leur verticalité, alors que les îles hawaïennes sont tout en rondeur, en douceur, avec une déclivité très douce, les pentes rencontrent la mer telle une houle un peu plus grosse que celle du large.

Végétation tropicale, abondante, l’Est de Hawai’i est bien arrosé (il pleut en moyenne 25 jours par mois par ici), tout pousse, vite et bien. Le climat y est doux, température idéale de 25 degrés, juste ce qu’il faut pour mettre un pull en fin de journée, et de rajouter une couverture sur le drap de lit pendant la nuit.

Hilo, tout petit nom pour une ville assez surprenante dans sa variété, est notre port d’entrée sur le territoire américain. Grosse base militaire, aéroport très actif, port de commerce important, notre mouillage est au pied de cette zone d’activité, c’est pas l’endroit idéal, mais l’eau est PLATE et ça, c’est du bonheur.

La ville est étonnante, on y croise de tout. Des petites maisons délabrées, des centres commerciaux réfrigérés, des groooos camions américains aux chromes étincelants avec de grosses cheminées sur la tête, hauts comme des immeubles, à côté desquels les pauvres hères -qui dorment dehors sous les cocotiers, à côté de leur caddie rempli de leurs quelques biens- semblent bien petits, des snacks et des petites boutiques qui vivotent, des restaurants qui ne désemplissent pas, des gens assez sportifs (va’a, rugby, volley) et des gens très oisifs, plutôt cordiaux et accueillants. Un petit centre-ville, et tout autour des zones résidentielles, et plus loin là-bas, après l’aéroport, les zones commerciales où on trouve les supermarchés de grandes marques américaines, et tout le nécessaire à une vie « normale de consommation » … c’est-à-dire très loin du climat marquisien ! Dire si l’on est décallés ? oui, on se sent débarquer d’une autre planète.

Notre objectif à Big Island : faire entrer le bateau en territoire américain, et puis atterrir de notre traversée, et puis repartir après une visite rapide des incontournables : les volcans !

Le Mauna Kea, qui culmine à 4’207  mètres, nous attire bien. Il est encore coiffé de quelques plaques de neige ( !!!) qui l’eut cru ? et surplombe l’île de manière très délicate. On ne l’imagine pas si élevé, car tout le relief autour est en pente très douce. C’est pourtant la montagne la plus haute du monde : plus de 10’000 mètres depuis sa base !

 

30 avril

Dimanche matin, on part de bonne heure avec notre super Jeep de location pour monter à l’assaut de ce géant. La route nous balade entre forêt tropicale et champs de lave, quelques zones agricoles et à nouveau de la lave. La pente est douce, mais constante. On arrive au « visitor camp » du Mauna Kea, et c’est à ce moment qu’on réalise que nous sommes déjà à plus 2’800 m d’altitude. On n’a rien senti. Par contre, les rangers nous demandent de nous poser là pendant une grosse demi-heure, le temps d’acclimater notre organisme avant de partir à l’assaut de la dernière grimpette (+ de 1’400m de dénivelé …).

Le temps est au beau fixe, grand ciel bleu dégagé, pas de vent, c’est décidemment une belle journée qui s’annonce pour grimper dans les cieux et poursuivre par une balade autour de l’île pour aller en découvrir les pâturages et les falaises. Quelques bancs de brouillard et napperons de nuages se baladent au-dessous de nous.

Une fois les recommandations respectées, on se met en route et on grimpe on grimpe on grimpe (en voiture donc) jusqu’à 3’900m pour aller voir un petit lac d’altitude (à pieds, lui). Petite lagune bleu canard isolée dans son désert de pierre rouge-brun-gris-beige-noir, avec quelques lais de neige blanche éclatante qui souligne les douces courbes du Mauna Kea. La balade jusqu’au lac doit bien faire 3 km aller-retour, mais jamais nous n’avons mis autant de temps à parcourir cette distance qu’aujourd’hui ! on se sent lourds, sans forces, la tête qui cogne, le souffle court .. on la sent bien l’altitude !!! Mais la balade en vaut la peine.

Et puis après, le programme c’est de monter au sommet, bien évidemment, sauf que là, c’est panne de voiture … impossible de faire repartir ce monstre perché sur ses 4 roues motrices ! Il est 10h30 quand nous appelons le loueur de voiture, et il arrivera finalement à 14h30 pour venir nous dépanner … pendant tout ce temps, nous questionnons chaque automobiliste qui passe par là, personne n’a de câbles dans sa voiture pour connecter deux batteries … les rangers qui font leur ronde toutes les deux heures ont des câbles, mais ne veulent pas nous les monter avant 13h, puisque ce sera l’heure de leur prochaine ronde. Ils ne peuvent pas non plus nous redescendre jusqu’au « visitor camp », ca ne fait pas partie de leurs attributions. … Donc on patiente ! Et on discute avec tous ceux qui passent par là … ça occupe !

Finalement, sur le coup des 15h, on peut enfin faire redémarrer cet énooorme véhicule, et nous voilà partis à l’assaut du sommet. Sauf que les nuages ne nous ont pas attendus, et sont montés montés montés jusqu’à nous boucher la vue sur tous les environs …

Un peu frustrés, on prend le chemin du retour, car il est trop tard pour partir découvrir le reste de l’île et rentrer à bon port avant la nuit …

 

Lundi 1er mai, on finalise notre entrée aux USA en allant chercher notre « cruising permit » auprès des autorités, on récupère nos sacs de linge propre au « laudry express » du coin, un petit magasin avec plus de 50 machines à laver-sécher ééééénormes, on passe au « farmers market » chercher quelques fruits (un ananas local, et des mangues mexicaines ( !) et puis on se prépare à partir.

Le bateau-copain qui était parti en même temps que nous des Marquises pointe alors le bout de son étrave dans la rade de Hilo, du coup on prend le temps de les accueillir avant de lever l’ancre pour Maui.

Sur le coup des 17h, on prend la mer pour parcourir nos 100 miles et quelques qui nous mèneront mardi au pied de la seconde île de l’archipel depuis le sud-est.

 

Mardi 2 mai
Mouillé dans l’ancien port désaffecté de … au sud-ouest de Moloka’i

Partis lundi en fin de journée, nous avons navigué dans le canal de Alenuihaha dans la nuit par des airs plutôt sympa, un bon gros 20 nœuds plutôt arrière, donc tout ok.

Réjane et Charly du voilier Longtemps sur l’Ô nous envoie un message au petit matin, nous disant « l’eau est bonne à Molokini, et il n’y a pas trop de bateaux, vous venez ? »

Deux inconnues pour vous dans cette phrase … « Réjane et Charly » et puis « Molokini » … je vous explique : Réjane et Charly sont des amis de Claire et Max qui naviguent sur Pousse Rapière, charmant petit bateau jaune (un Armagnac) que nous avons aperçu pour la première fois aux Gambiers. Nous les avons ensuite retrouvé dans les Tuam et puis à Papeete. Claire nous avait demandé de faire un bisou à Réjane de Longtemps si nous les croisions, et vous savez quoi ? C’est Réjane qui nous a accueilli avec un immense sourire sur pattes à peine nous avions mis les pieds à terre à Hilo. Un long apéro plus tard, nous avions bien fait connaissance et avons plein de plaisir à partager du temps avec eux.

Voilà pour la première inconnue.
La seconde : « Molokini » … C’est un petit cratère dont la moitié émerge encore, en forme de croissant, au sud-ouest de Maui (entre Maui et Kahoolawe). C’est le meilleur spot parait-il pour le snorkeling à Maui.

Un endroit tout joli, un petit havre de paix au milieu du chenal de Alalakeiki, bien abrité des vagues et du vent, idéal pour une pause dans une journée de nav.

On décide donc de s’arrêter à Molokini, où l’amarrage est une nouveauté pour nous : il faut prendre une bouée et y attacher notre aussière. Rien de nouveau, me direz-vous … sauf que la bouée (toutes les bouées !) est immergée à 3m sous l’eau, histoire que tout le monde puisse passer sur la surface sans crainte de prendre un bout dans le moteur … Ceci veut dire que je dois me mettre à l’eau, passer notre aussière dans la boucle que je dois aller chercher à 3m de profondeur, remonter le tout à la surface, et regarder Hervé s’approcher de moi pour qu’il puisse venir attraper l’amarre … Je vous promets que Myriades est très très gros vu depuis l’eau, quand il s’approche de moi … plutôt flippant ! Une première tentative, je suis accrochée à la bouée, j’attrape l’avant de Myriades, mais une bourrasque dévie l’avancée de l’étrave et me voilà écartelée entre la bouée et le bateau. Je lâche tout, et on recommence. Mais entre temps, Charly a grimpé sur le bateau et est venu nous aider à la manœuvre, c’est quand-même plus facile à trois, Hervé peut rester à la barre et au moteur … et heureusement, l’eau est limpide, crystal clear, et bonne au niveau température .. sinon, j’aurais eu carrément moins de plaisir à partir à la recherche de la bouée !!!

Donc petite halte à Molokini le temps de quelques bulles pour fêter l’anni de Charly, d’un snorkeling et d’une salade, et nous voilà repartis pour Lahaina, au sud-ouest de Maui. On y arrive en fin de journée, juste à temps pour réserver une voiture pour demain : on part explorer l’ile, ses volcans, ses plages mythiques, avec le chouette duo de Longtemps sur l’Ô.

 

Mercredi 3 mai
A nous Maui

Maui est une île très touristique de l’archipel hawaïen, composée de deux massifs volcaniques rejoints par un isthme, et ceinte de nombreuses plages de sable blond où viennent déferler et s’écraser les nombreux rouleaux du Pacifique … c’est là notamment que Robby Naish a brillé dans ses années de champion de wind surf, Robby, idole de mon chéri !

Notre seconde tentative volcanesque s’est bien mieux passée que la première ! nous ne sommes pas tombés en panne, nous étions en joyeuse compagnie, et surtout le cratère du Haleakala est incroyablement beau, fascinant par son camaïeux de couleurs, son relief intérieur … c’était une virée à 3’300m de toute beauté ! Une petite balade dans les sables et les pierriers noirs, bruns, ocres, parsemés de quelques touches de vert, un environnement minéral et hostile, et en même temps tellement propice à l’admiration de ce que la Nature est capable de produire … on a envie de s’y arrêter des heures et de contempler sans fin.

Mais bon, l’ile est grande et on a aussi envie d’aller découvrir la fameuse plage de Ho’okipa, où se sont affrontés les plus grands windsurfers, les body surfers, les surfers tout court, rejoints aujourd’hui par les kyte surfers et les wing surfer, et aussi quelques foilers électriques, un doux (euh non, pas doux) un énergique ballet de voiles de toutes les couleurs qui volent et virevoltent dans les énormes rouleaux turquoise-outremer-blanc venant s’écraser sur le rivage abrasif de la barrière de corail … Fascinant ! un spectacle époustoufflant ! épousoufflant très fort ! 28 nœuds bien tassés et ces surfers en tout genre nous régalent.

On passe un bon moment à les observer, les admirer, les envier, et quand on les voit de plus près, on réalise que ces jeunes sportifs ont entre 30 et 70 ans … ! chapeau bas, ils ont tout notre respect !

On sillonne un peu l’île sur ses différentes côtes, puis nous nous rapatrions au bateau de nuit, pour aller poser nos têtes sur les oreillers. Demain on part tôt pour aller à Molokai, histoire de faire la nav vers Honolulu de jour en deux fois, plutôt que de se repayer une nuit en mer …

 

Jeudi 4 mai
Petit stop entre deux surfs à Molokai

Le mouillage roulait beaucoup ce matin, aussi après avoir entendu plus de 500 « pu… » « mer… » « bor… » dans la bouche du Cap, on est partis avant l’heure prévue, histoire de sauver mes oreilles ! haha

On a donc mis cap sur Molokai, en ligne droite depuis le sud-ouest de Maui. On nous a dit « attention aux couloirs entre les iles, ça souffle souvent un peu fort » … ok, on a bien pris note, et les vents annoncés étaient tout à fait dans nos cordes.

A peine sortis de l’abris de l’ile, voilà les 20 nœuds qui déboulent du nord-est, puis les 25, puis quelques petites bouffes d’air à 30 nœuds … Nous sommes partis sous génois sans GV, et nous voilà à sortir la trinquette pour rentrer le génois, puisqu’on n’est pas en « rafales » à 30, mais on est en mode établi à 30 avec rafales en plus … La mer est passablement remuante, car aucune terre ne nous abrite, mais au bout d’une bonne heure, le plan d’eau se calme un poil ; mais pas le vent ! On tape dans les forces 7 et 8, pointe mesurée à 39.7 nœuds !!! autant dire que ça pulse et ça pédale !!! Plus grande vitesse « speed over ground » à 10.4 nœuds !! sous trinquette seule …

A 14h, on vise le vieux port désaffecté de Haleolono au sud-ouest de Molokai, perdu au milieu de rien. Petit port, dont l’entrée est constituée de deux digues de beaux gros rochers, qui s’avancent dans les vagues très remuantes … est-ce que l’entrée sera possible ? on s’approche on observe, et oui, ça devrait le faire. Sinon ça veut dire continuer directement sur Honolulu, et ça veut dire deuxième couloir avec accélérations de vent importantes, on a moyen envie de faire ça de nuit …

Donc on enroule le génois, on met le moteur en route -ah non, c’est l’inverse, on enroule le moteur et, non, on démarre le moteur et on enroule le génois, et puis on vise ce petit couloir entre les jolis gros cailloux, et on retrouve un plan d’eau plat et calme, avec toujours un bon vent qui nous souffle dessus entre 14 et 25 nœuds …
Contents d’être à l’abri pour la nuit !!

On remet ça demain matin, départ à 5h30, cette fois ce sera pour 40 miles, avec un plus large couloir à traverser avant de retrouver un plan d’eau plus calme … et des airs plus tranquilles. Et puis ça sera J-1 avant de retrouver notre Lulu à Honolulu !! On a hâte !!!!

 

Vendredi 5 mai
Grandes surprises !!

 5h du mat, au départ de Moloka’i, le vent souffle doucement, du moins, nous sommes protégés du vent par la montagne. Donc début de nav tout doux, au moteur, pour aller rejoindre les airs un peu plus loin. Après 10 minutes, on croit apercevoir des souffles de baleines. Ce n’est pas la saison, mais on guette, on s’approche, et oui miracle et belle surprise, deux-trois baleines croisent par ici. On voit leur souffle, jet mélangé d’air et d’eau brumisée, suivi de leur dos arrondit à la surface, puis plus rien pendant de longues minutes … Et soudain, droit devant nous, une baleine jaillit droit hors de l’eau, et s’arque sur le côté pour retomber dans les vagues dans une grande gerbe d’eau, un énoooorme splash, pour notre plus grand plaisir ! Merci la Vie pour ce beau cadeau !!

On guette encore, et puis plus rien, on les laisse derrière nous sans regret, et on poursuit notre route à la rencontre du vent. Qui nous retrouve ardemment, les nœuds grimpent au compteur, on flirte à nouveau avec les 30 et ça se stabilise entre 30 et 33 nœuds. Ca va. Balade de santé, haha ! Par contre, on se prend un courant de dingues ! plus de 3 nœuds qui nous attrapent par le tribord, puisque le Pacifique vient heurter l’ile par le nord-est, et s’engouffre dans le chenal entre Moloka’i et O’ahu, nous propulsant sur un tapis roulant formé de vagues très courtes, presque pire qu’une passe des Tuamoutu !

Quelques miles plus loin, on retrouve un rythme de navigation plus agréable, la journée est belle, le temps radieux, et c’est assez plaisant de pouvoir naviguer dans un paysage varié, avec des îles qui s’éloignent et disparaissent, d’autres qui surgissent, se dessinent et s’affinent, ça apporte une variété bienvenue.

O’ahu, dont la ville principale s’appelle Honolulu, est déjà plus vieille que Big Island. Sa façade Est est beaucoup plus ravinée par les vents et les pluies, plus découpée et cisaillée, elle a un profil plus « marquisien », alors que son sud-ouest est plus délicat, rond, en pente douce. On aperçoit les terrains constructibles bien marqués (les sommets et les vallées) et les taches de verdure entre deux (les pentes trop inclinées), la ville se propage de manière tentaculaire.

Le cœur de Honolulu se dévoile au détour du Cap Diamond Head, les buildings de 30 étages, façades de verre et de miroirs s’élancent dans le ciel depuis la plage, les pieds dans l’eau remuante. Les surfeurs en tout genre (long board, body board, et autres planches de tailles variées) pagaient joyeusement et attendent leur tour pour s’élancer sur les dos ronds des déferlantes. Ca ressemble à une énooooooorme ville, c’est tellement différent de ce que nous avons rencontré jusqu’à ce jour … Les catamarans « croisière de 2 heures » côtoient les bateaux moteurs qui proposent une sortie au « Turtel canyon », un peu plus loin ce sont les bateaux à moteur tractant leur parachute ascensionnel, et puis pas mal de voileux aussi .. c’est une ville qui foisonne, en tout cas du côté « front de mer ». Pour la suite, ce sera à découvrir à terre quand nous aurons le temps de jouer aux touristes, entre les 2-3 choses à faire sur le bateau …

14h, à peine amarrés au port de Ala Wai, en plein Honolulu, je reçois un message de Nathan qui me dit « tout va bien, le vol jusqu’à Seattle s’est bien passé, j’embarque dans une heure. Donc dans 8 heures je suis là ! » … et moi dans ma tête « hummm ? dans 8 heures tu es là ? mais … tu es censé arriver samedi soir, pas vendredi soir ?!?!? » … on refait les calculs de temps de vol, de dates, de décalage horaire, et on réalise qu’effectivement notre grand Lu arrive dans quelques heures … !!! Grande surprise et belle surprise du jour !!! Il faut juste qu’on vide la cabine arrière de tout son bordel, qu’on nettoie et qu’on range, pour pouvoir l’accueillir dignement ! Allez, on s’active, on se réjouit trop de le revoir et de pouvoir partager avec lui ce temps à venir, entre Hawaï et l’Alaska, même si lui se réjouit surtout de la traversée et de l’Alaska, c’est un homme du froid.

 

Jeudi 11 mai 2023
Ca bosse ça bosse !

Nous voilà au port (oui, au port !! le dernier, c’était à Papeete, en juin 2022) de Honolulu depuis une petite semaine. On découvre un monde totalement inconnu : le mode de vie à l’américaine dans une ville hyper touristique.

On est au pied du « Hilton Village », complexe hôtelier de 8 immeubles (pas loin de 30 étages chacun) regroupant tout ce qui est nécessaire pour que les touristes du monde entier trouvent à consommer. Quand nous y sommes passés, les taxis et voitures de loc arrivaient en 3 files contigües pour déverser leur flot continu de passagers à la réception de l’hôtel … impressionnant.

Je découvre, sans aucun bonheur, les temples de consommation : les malls énormes et gigantesques, abritant toutes les marques les plus connues de A à Z, où les gens peuvent déambuler du matin au soir et passer de boutique en boutique … j’y cherche des choses que peu achètent, comme par exemples des bocaux pour faire des conserves. On tente aussi de trouver des supermarchés pour acheter nos provisions pour la traversée à venir, mais tout est « prêt à être consommé-utilisé-cuisiné », c’est dur de trouver des produits bruts. Les salades sont presque toutes déjà ensachées, les légumes prédécoupés, les plats précuisinés, les fromages déjà portionnés pour du « finger food ». On va poursuivre les recherches des bons lieux pour faire ça quand on aura terminé les travaux.

A propos de travaux à faire dans le bateau, la liste d’allonge de jour en jour, et chaque fois qu’on ouvre un coffre ou qu’on aborde un sujet, on rajoute quelques points sur la liste. On en a une page A4, avec des choses aussi diverses que variées, principalement techniques, d’ordre organisationnel aussi, des petites activités qui prennent peu de temps, jusqu’aux gros projets qui se comptent en jours … Dans ce chapitre : retirer tous les joints du cockpit (sol, sièges, ..) et préparer les surfaces à être à nouveau jointées (ça fait 3 jours qu’on y travaille, et on a fait seulement la moitié), identifier la panne du générateur (ça fait 3 jours que Hervé cherche avec le technicien). Dans ce qui prend moins de temps, mais qui en prend quand-même, c’est par exemple vider le placard de la cabine arrière pour en ranger le contenu sous notre lit. Ca veut dire : vider le contenu de sous-notre-lit pour contrôler ce qui s’y trouve, vider mon placard de ses habits d’été pour y ranger les habits d’hiver qui étaient sous notre lit, mettre sous vide les habits que nous n’utiliserons plus pour les ranger sous-notre lit, pour finalement ranger le contenu de la cabine-arrière sous-notre-lit aussi, et découvrir en passant que j’ai oublié toutes mes chaussettes chaudes en laine en Suisse, alors que c’est bel et bien en Alaska que j’aurai les pieds froids !!! misère à poil !

Donc notre temps est consacré au bateau, nous n’avons pas du tout pris le temps de visiter Honolulu ni l’île, on s’évade par-ci par-là pour aller se faire un bistrot de temps en temps, on observe aussi les surfers qui sont juste sous notre nez, on bouquine en fin de journée et … on bosse on bosse ! Nathan n’a bientôt plus d’empreintes digitales à force de décaper le sol, Hervé ne sait plus à quel saint se vouer pour réparer ce qui doit l’être, et le temps file presque trop vite.

 

Samedi 20 mai 2023
Pas fini, mais on voit le bout !

Dire qu’on en a un peu marre est un euphémisme. Non seulement on trace des items sur notre ToutDouxListe, mais chaque jour on en rajoute, on découvre un nouveau truc qui foire, on passe un temps important à chercher des infos, on réalise qu’il y a encore ceci, et puis encore cela, qu’on avait oublié en passant.

Hier on a réalisé qu’on a utilisé 250 mètres de ruban adhésif pour pouvoir poser les joints dans le cockpit et sur les bancs .. ça fait pas mal tout ça .. Ca veut dire plus de 125 mètres linéaires de mastic posé ces derniers jours.

La nouvelle pompe du générateur est arrivée, mais les prises pour la brancher sur le générateur ont été modifiées, donc il faut trouver de nouvelles prises …

Les vannes du circuit de refroidissement du moteur fuient, donc il en faut des nouvelles. Ca veut dire pédaler jusqu’à l’autre bout de la ville sur la « deux voies » sans trottoir ni ligne de vélo pour aller au magasin de bricolage (bon, les panneaux routiers indiquent bien « share the road with bikes » mais on n’est pas trop rassurés quand-même quand les rétros nous frôlent !), mais évidemment les mesures & indications françaises ne correspondent pas aux indications & mesures américaines, il faut trouver les traductions des modes d’emploi des différents produits sur internet dans les magasins pour identifier celui qui conviendra …

Les joints du cockpit sont secs et prêts à poncer, mais il pleut …

Sur le piano bâbord, le taquet coinceur qui retient la dérive semble tout facile à changer, juste 2 vis à enlever pour le remplacer, mais pour ça, il faut démonter tout le plafond intérieur pour accéder aux boulons …

Enfin bref, c’est long ! Le bateau est en bordel partout. Vivement que ce soit terminé.

Mais à côté de ça il y a du bon : on est au port, et nous voilà 5 bateaux-copains amarrés au même quai, pas loin les uns des autres, et on passe un peu de l’un à l’autre pour se partager des idées, se donner des conseils, une bonne info, réfléchir à plusieurs, admirer le travail de l’un, encourager l’autre … et puis aussi les bons moments de fin de journée, une bière au coucher du soleil, un bbq au cul de Myriades, c’est bon ces partages-là.

Ils montent aussi en Alaska, visent tous Kodiak, alors que nous on va tenter d’aller plus à l’ouest, pour naviguer un peu le long des Aléoutiennes, en essayant d’atterrir sur l’ile de Unalaska, à Dutch Harbour, le port de pêche le plus important des Etats-Unis !

Sinon, on n’a pas du tout visité ni Honolulu ni O’ahu, peut-être qu’on le fera quand les travaux seront terminés, mais pour l’instant on ne lit même pas les guides touristiques 😉

Bisous bisous et à tout bientôt

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