Hugo est arrivé depuis quelques jours, tel un Père Noel avec sa valise pleine de surprises pour les uns et les autres, délicatesses helvétiques et gourmandes en sus. On se régale de sa présence, on se réjouit de partager ce temps avec lui, de lui offrir un moment de respiration dans un coin du monde tout joli.

Je ne sais pas ce qu’il a fait durant son voyage de 45 heures, mais il a débarqué avec des nuages accrochés à ses lunettes de soleil, et le mauvais temps lui a souhaité la bienvenue en Polynésie.

Depuis, le soleil se dévoile de plus en plus, et retire ses parures nébuleuses, altostratus et autres nimbus, que le vent chasse en s’affirmant de plus en plus. Du coup, youpeeee, on a enfin pu remettre les planches de kite à l’eau, gonfler les ailes, et s’adonner avec un immense plaisir à ce sport nautique que nous aimons tant tous les trois. Et puis bien évidemment, à peine remis sur la planche, Hugo retrouve tous ses repères et nous supplante rapidement, vive la jeunesse du muscle et l’audace de celui qui adore la vitesse et les défis !

En ce mercredi, Myriades est mouillé loin des autres bateaux pour pouvoir kiter facilement, et on enchaîne les bords les uns derrière les autres, les uns après les autres ; selon les airs, on passe de la 9 à la 12, parfois on a la 9 et la 12 en même temps en l’air, et par contre, c’est soit Hugo soit moi à l’eau, puisqu’on utilise le même harnais. En fin de session, les deux mecs sont sur l’eau et moi « à la sécu », le vent commence à faiblir donc Hugo part poser sa voile sur un banc de sable sous le vent de Myriades. Hervé tente de revenir à bord de Myriades, mais le vent ne le portant plus assez, il se rabat lui aussi sur le banc de sable « sous » Myriades.

Et moi j’endosse mon costume de superwoman pour aller récupérer mes hommes isolés sur leur banc de sable à 300m du bateau, et je me transforme une fois de plus en Miss Catastrophe …

Arrivant près du banc de sable, je me penche sur le moteur pour le relever, et là, sous l’effet des petites vagues, mes mains glissent vers mes pieds, et mon bras heurte la manette des gaz et le moteur démarre à toute puissance … pffffffff … vous imaginez la suite ? b’en oui, je tombe à l’eau, la tête la première, réalisant une magnifique figure de gymnastique par-dessus mon cheval d’arçon improvisé … si la catastrophe s’arrêtait là, ça ne serait qu’un mauvais bain de mer, mais non mais non, le problème est que les gaz étant « à fond », le zozo est parti à toute vitesse en direction du milieu du lagon !!!! tous les chevaux au triple galop !!! et nous dans l’eau, sur notre petit banc de sable, loin du bateau, sous le vent du bateau, on le regardait foutre le camp loin de nous avec le même regard que Coyote qui regarde passer BipBip, et qui voit le piège tendu se refermer sur sa tête à lui plutôt que sur sa cible  … Ca tourne sérieusement à un mauvais film, ou le pire des dessins animés … Le début de la scène est très drôle, mais c’est la seule partie rigolote !!

Vous imaginez ? seuls les pieds dans le sable avec le zozo qui se barre au large, tout droit, qui file à sa perte ? et la nôtre par la même occasion …

Je hurle, je me tire les cheveux, je me claque les joues, je m’effondre à l’intérieur de moi-même comme un miroir se zèbre, se fend et s’écrase par terre, et je pars en courant, de l’eau jusqu’à la taille, les bras pagayant en l’air pour attirer l’attention des voiliers mouillés près de la côte. Au bout d’un moment, un gars m’aperçoit et monte sur son annexe, et vient me rejoindre « do you need a bit of help ? it looks like it’s a bit scary out there … » . « Yes please, catch up my husband with the red sail and ride after our dinghy » … Je lui demande d’embarquer Hervé, et de partir à la poursuite de l’annexe.

Elle, de son côté, continue son épopée sauvage, a changé de direction, et commence à tourner sur elle-même en revenant un tantinet vers nous. Rapidement, elle se met à faire la toupie sur elle-même, à toute allure, et finit par se renverser, couchée sur le dos … oh purée, le moteur sous l’eau, le banc, le bidon d’essence, l’ancre, … tout semble perdu.

Finalement, le prof de kite qui passait par là avec son annexe puissante et ses élèves arrive près de notre zozo, en même temps que Hervé et notre sauveur, ils arrivent à remettre le zozo dans le bon sens, et notre sauveur tracte Hervé dans l’annexe jusqu’à nous, sur notre petit banc de sable. On balance tout notre matos dans l’annexe, je remonte la tête très basse dans le zodiac, et retour sur Myriades. Oufffff, plus de peur que de dégâts. Par chance rien n’a coulé. Enfin, reste à savoir si le moteur va survivre à son bain d’eau salée …

Grands soupirs déjà en remontrant sur Myriades, le zozo n’est pas perdu, nous n’avons pas été blessés, nous avons pu revenir sur Myriades, c’est déjà pas mal. On reste plutôt silencieux, on ne rit pas encore de notre mésaventure. Mais quelle gourde cette nana ! Hugo qui me disait gentiment « en tout cas, c’est pas ça qui va t’aider à regagner de la brunitude dans l’estime de ton chéri, il va pouvoir continuer à t’appeler « ma blonde » … »

Donc l’après-midi égrène ses longues minutes autour de l’opération nettoyage du moteur, Hervé désosse tout, nettoie, lubrifie, on joue les petites mains autour du chirurgien, et puis finalement le moment du verdict arrive : remettre le moteur sur le zozo et tenter de le faire repartir … ce qu’il fait, à notre plus grand soulagement. Merci merci merci !!!!

On debrief un peu pendant l’apéro, on se détend, on en rigole, et surtout je me dis qu’on a été immensément chanceux, de ne pas être blessés, d’avoir eu des navigateurs autour de nous qui ont pu nous aider, car sinon il aurait fallu revenir au bateau par nos propres moyens (natation), puis aller tenter de récupérer l’annexe avec Myriades … heureusement le vent tombait, et le réservoir se serait vidé à un moment ou à un autre, mais le moteur ou le bateau aurait pu être cassé, perdu, foutu, … et notre voyage compromis. La Polynésie sans annexe c’est un peu compliqué.

Leçons retenues, promis ça ne nous arrivera plus !

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