Lundi 6 juin 2022 – Tahiti pour quelques jours encore

Nous voilà arrivés depuis quelques jours, subissant une mer absolument détestable entre Huahine et Papeete. Naviguant par vent plein arrière dans une mer très courte, perturbée par les vents d’est et d’ouest en même temps, plus une bonne houle du sud, autant vous dire que c’est la pire de nos navs à ce jour en terme de confort à bord.
C’est bien simple, ni l’un ni l’autre n’avons lu, joué, regardé un bout de film, écouté de la musique, cuisiné, rien rien rien n’était possible à bord hormis rester prostrés en s’accrochant à nos sièges, dossiers, banquettes, oreillers, barre, la bouche bien fermée et le regard au loin.

Heureux de retrouver un plancher horizontal dès que nous avons franchi l’entrée du lagon, en appelant la Vigie d’abord bien sûr, pour vérifier que nous n’allions pas nous faire ratiboiser la tête de mât par un avion en plein décollage ou atterrissage …

On a retrouvé les Fayaloux avec un très grand plaisir, ils sont toujours en aussi bonne forme deux ans plus tard, les yeux toujours aussi pétillants et l’attitude joyeuse. On a aussi eu l’immense chance d’aller admirer les grandes toiles de Titouan Lamazou, qui a un coup de pinceau magnifique pour croquer les portraits des gens qu’il rencontre, et plus encore un talent incroyable pour peindre les lumières du Pacifique, les verts de cette végétation luxuriante et les bleus solaires des lagons … un bonheur ! on s’en est mis plein les mirettes !!

Et puis la vie nous apportant son lot de surprises, nous allons rester une bonne semaine de plus à Papeete, enfin même moi toute seule, car Hervé va aller aider des amis à convoyer leur bateau depuis Fakarava jusqu’à Raiatea (un aller en avion d’une petite heure, et puis 3 jours de mer, suivi par à nouveau un vol d’une heure ou deux). Je vais découvrir la vie à bord seule et sans capitaine pendant quelques jours, mais rassurez-vous, je ne risquerai rien et Myriades non plus, puisque les amarres ne vont pas quitter le ponton !

*Mercredi 15 juin 2022 – Ca y’est, on se prépare à remettre les voiles !

Ca y’est, mon Cap a terminé sa mission humanitaire, ou plutôt sa mission amicale qui a consisté à donner un coup de main à Marc et Sylvie, de Chamade.
www.chamade.ch -leur site- raconte l’histoire d’un couple de Suisses rencontrés au travers des blogs tout d’abord, puis en vrai autour de gourmandises « bien de chez nous » sur sol helvétique, qui sillonnent le monde depuis de nombreuses années sur leur bateau, dans des endroits peu fréquentés, et y mènent plein d’aventures autour de rencontres artistiques. Promenez-vous sur leur site, c’est assez dépaysant.

Donc Le Cap est à bord, on finit les appros de frais et les derniers travaux (je n’ai pas chômé pendant son absence !! on met les touches finales ensemble) et puis on partira vendredi matin pour retourner sur nos traces dans les Tuamotu. Entre 24 et 36h de nav selon les vents. Et puis grand plaisir, on taillera ce bout de route avec Fayal pendant quelques jours …

D’abord Tikehau, puis ensuite direction Faka pour accueillir Hugo début juillet à bord … on se réjouit, on a trop hâte de le retrouver celui-ci !!! Nathan lui aussi prépare son prochain voyage avec nous, mais lui vise la traversée de Hawai sur l’Alaska, et puis toute la descente de l’Alaska. Mais ça c’est pour 2023.

Pour l’instant, Tikehau pour aller kiter et winger, retrouver le plaisir des atolls, de la vie de nomades dans des lieux peu peuplés (pas peuplés, ça sera difficile à cette période de l’année, il y a du monde en vadrouille un peu partout !!), et le plaisir de l’eau dans tous les sens car ici à Papeete, l’eau on la regarde, mais on ne l’approche pas plus …

Dimanche 19 juin 2022 – Tikehau, c’est pas nouveau mais c’est trop beau!

Quel plaisir de retrouver les joies d’un atoll paumotu !! Vent, clapot de l’eau, lagon turquoise, vert cocotier et soleil haut perché, quel immense bonheur que ce retour à la nature.

C’est dommage que le soleil descende si vite sur l’horizon et si tôt dans la fin de journée, surtout quand le vent se lève à cette heure-là … on a un peu pris le principe de sortir de l’eau au plus tard à 16h30, parce qu’après ça devient l’heure des chasseurs à grandes dents, et on n’a pas envie de les voir venir nous renifler !! Même si personne ne s’est jamais fait attaquer par un requin dans un lagon, personne n’a envie d’être le premier.

photo Tikehau

La nav entre Papeete et Tikehau s’est bien passée, pas de malades à bord, vent plutôt soutenu en début de parcours avec une bonne houle, puis les airs se sont un peu tassés, de gros souffles de temps à autre sous les grains, la mer s’est elle aussi adoucie et le dernier tiers du parcours a été tout souple, presque lémanique. Petit plaisir à l’arrivée : un petit thon de 3kg est venu flirter avec notre leurre, et “paf ! le chien”, le curieux s’est fait attraper … on s’est régalé hier soir avec Fayal en dégustant ses petits filets, et on continuera demain !

Mardi 21 juin 2022, Quelle belle journée!

pour notre première journée d’hiver (eh oui, 21 juin, été pour vous, hiver pour nous, on met les pulls) on a été gâtés !!

15 bons noeuds établis depuis ce matin, faiblissant en fin de journée seulement, on a pu se régaler en kite ! et grande première : nous avons pu kiter tous les deux en même temps !! 3 sessions pour Hervé, 1 et demi pour moi. Ca veut dire que Hervé maitrise sa voile, sa trajectoire, sa descente et sa remontée au vent, ses virements de bord fluides etc…, et que moi je maitrise ma voile (peux mieux faire), ma trajectoire, ma descente et ma remontée au vent, et pour les virements eh b’en je mets encore les fesses dans l’eau et je rebalance ma voile de l’autre côté. Ca veut dire aussi qu’on est capable tous les deux maintenant de partir et de revenir au bateau sans aide. Pas besoin non plus d’aller gréer la voile dans le sable.

Bon, j’ai encore besoin parfois de mon sauveteur en mer perso dans son maillot noir (b’en oui, “alerte à Malibu” ils sont en rouge, mais « au secours mon chéri » débarque avec son short noir) quand je m’aventure là où il ne faut pas (zones déventées), mais globalement ça commence à le faire ! Et c’est trop super chouette de pouvoir kiter tous les deux en même temps sur le même plan d’eau !!!

 

Et puis autre joli moment aujourd’hui : nous avons découvert que la Directrice Générale de l’hôtel Le Tikehau, devant lequel Myriades est mouillé depuis quelques jours, est diplômée de la même école que nous ! Elle a commencé ses études juste quand on a terminé les nôtres, mais comme c’était au temps où nous étions 500 étudiants dans l’école et non pas 3’000, le Réseau des Anciens est un peu comme une tribu, on est tous du même sang, issus du même chaudron, et le contact se noue tout de suite. On partage le même ADN, c’est une belle force.
Mais il faut le faire quand-même de retrouver une ancienne de l’EHL ici au milieu de l’un des plus petits atolls de Polynésie, loin de tout, au milieu de rien !!! 

Vendredi 24 juin 2022 – Une nav de 150 miles avec et sans …

Nous avons quitté Tikehau ce matin vers 11h après un joli grain soufflant bien fort, et nous avons trouvé une mer toute douce, des airs très légers, de quoi débuter une navigation toute tranquille.

On part avec peu d’airs, car si nous attendons qu’ils se relèvent, ils le feront depuis l’est, c’est à dire exactement là où nous allons … donc vent droit dans le nez … alors on a décidé de privilégier les moments venteux pour kiter plutôt que pour louvoyer avec Myriades …

Donc du coup, pour l’instant (puisqu’il nous reste 50 miles à parcourir), c’est une navigation :

AVEC
.dauphins en sortant de Tikehau qui sont venus nous dire bonjour, on les a entendu chanter c’était trop magique !!!
.dauphins qui sautaient au loin dans les rouleaux turquoise sur le reef, joueurs et chasseurs
.petits airs donc moteur
.plaisir
.douceur
.lecture
.Voie lactée au-dessus de la tête
.un pull et un pantalon, oui oui ça se rafraîchit

et SANS
.lune pour le moment, mais elle ne va pas tarder à se lever du haut de ses 30% de luminosité (il est 3h1/2 du mat, le soleil se pointe dans 2h, autant dire qu’on aura navigué à la lumière des étoiles cette nuit)
.poissons au bout de la ligne puisqu’on mettra les lignes à l’eau au lever du jour
.genois ni trinquette car on a le vent dans le pif, et les voiles avant faseyent trop
.difficultés de quart parce que le ronron du moteur nous berce bien, donc on dort bien, donc on veille bien sur le quart d’après
.autres voiliers sur la route, le Pacifique n’est vraiment pas un endroit circulant
.odeurs de pain grillé, pourtant je croquerais avec plaisir dans une bonne tartine croustillante

Samedi 25 juin 2022 – Au bout de Toau (To-A-O) sans réseau au milieu de l’eau en duo

 On est arrivés hier sur le coup des 11h à l’Anse Amyot, au nord de Toau. Pas le temps de rejoindre la passe du milieu de l’atoll pour y entrer au bon moment, quand la mer est presque haute et qu’il y a encore un peu de courant rentrant qui rencontre « à vitesse modérée » le courant sortant naturellement du lagon … Donc on s’est arrêtés au nord pour la fin de la journée, et on a profité d’un moment doux pour se recaler de notre nuit de nav. Bon, ce n’était pas la mer à boire cette traversée, on a pu dormir correctement avec un océan plutôt sympa avec nous ; pas besoin de petites pilules ni scotch derrière les oreilles ni quoi que ce soit, l’océan et mon estomac ont été potes tout le long de la nav ! C’est bien agréable !!

Ce matin, réveil avant le lever du soleil pour hisser les voiles avant que le vent ne forcisse trop, pour être à la passe du milieu de Toau à 11h, bon timing (marée, courant, houle, vent). Les calculs étaient bons, on a pu passer sans crainte par la petite passe du milieu. Ca remuait bien quand-même, on avait un bon 3 noeuds de courant dans le nez au milieu de la passe, la vitesse du bateau était presque à 9 nœuds (moteur aidé de la GV), alors que notre vitesse GPS n’était que de 5-6 nœuds. Etonnant d’avoir tellement de courant sortant à cette heure-ci … C’est en arrivant tout au sud de l’atoll, lorsque nous posons l’ancre par ses 7 mètres de fond, que nous réalisons que la belle houle extérieure (proche des 3 mètres) vient déverser ses montagnes d’eau à chaque grosse vague dans le lagon … l’océan remplit petit à petit la baignoire lagonnaire qui déborde à son tour et se vide par le vide-vite : la passe …

L’ancre est posée, la salade avalée, et Hervé part kiter. Et comme par hasard, le vent retombe. Le ciel à grains nous offre un vent entre 12K et 19K, pas stable du tout, autant dire que ce n’est pas l’idéal mais ça n’empêche pas d’apprécier !

Si vous regardez où nous sommes mouillés, vous verrez qu’on a le nez presque posé sur le sable coralien tout au bout du bout du bout du lagon, dans le « coin » sud-est ; on a juste 2 petits motus devant nous, l’un avec 5 cocotiers plantés en son milieu, l’autre un peu plus étendu qui abrite quelques dizaines d’oiseaux, couvert de 2-3 cocotiers et d’autres buissons odorants, chauffés par le soleil.

On est tous seuls, pas d’autres bateaux autour de nous. Ils restent un peu plus au nord, où sont installées 5 bouées sur lesquelles ils viennent frapper leurs amarres. Seuls entourés de turquoise, de transparent et d’outremer, on peut jouer avec nos voiles comme on le souhaite, sans crainte d’emmêler nos lignes dans les mâts des voisins.

On est loin de tout, de tous, isolés, c’est tellement beau tout autour … On entend le vent, le vent dans la mer, le vent dans le lagon, le vent dans le gréement, on entend le mugissement continu de l’océan qui grimpe à l’assaut du reef, des vagues qui déferlent et qui se fracassent sur le corail, le ressac qui va qui vient, les vagues dans le lagon, le clapot autour du bateau, ça chuinte, ça siffle, ça winde, ça chante, ça chahute, ça glisse, ça frémit, ça glougloute, elle est magique cette mélodie. On ne se lasse pas de l’écouter …

Pas de réseau non plus, pas de téléphone ni de mail, coupés du monde, on va savourer quelques jours ici, profitant des vents et du cycle solaire, avant de rejoindre Faka mercredi ou jeudi.

Dimanche 26 juin 2022, Toau, Anni du Cap

Happy Birthday mon marin mari chéri d’amour !!!
Un anni en Turquoisie, c’est-y pas le paradis ?

Au menu de cette journée, du kite du kite et encore du kite, avec énormément de plaisir, des beaux bords en tandem, des transitions (virement de bord) améliorées, parfois la planche vole dans 20 cm d’eau, et soudain on a plus de 10m sous les pieds, on plane entre le bleu profond et le turquoise le plus léger, tirant sur l’ocre clair couleur sable, c’est absolument fabuleux. Et tout ça dans l’eau plutôt chaude, donc c’est un régal !

Quelques couacs qui auraient pu mal tourner, mais notre bonne étoile était là !! On s’améliore sérieusement, mais on n’a pas encore fait toutes les bêtises nécessaires à contrôler l’ensemble des risques quand on est les deux en même temps sur le plan d’eau … Donc options d’amélioration encore possible !!

Un bon petit rhum de Tahaa pour fêter la bougie du jour, des jolis messages de votre part pour embrasser le Capitaine, une petit lithographie de Lamazou sous le gâteau (ah non, pas de gâteau) et du vent pour sécher les voiles, tout est top !

Lundi 27 juin 2022, Toau – Un lundi en dents de scie

Forts des petites mésaventures d’hier, et des plaisirs qui ont précédés la fin un peu chaotique de notre session de kite, on a voulu se remettre en selle ce matin pour filer à nouveau sur les vagues, nos belles voiles en l’air. Hervé tire quelques bords, se fait plaisir, puis accroche sa voile à terre.

Je vais le chercher, retour au bateau, séance coiffeur comme on l’avait prévu, puis retour au kite, cette fois tous les deux. Le vent était bien établi, et allez savoir pourquoi, on a privilégié la séance coiffeur au lieu de profiter des airs …

Las, ma voile nous siffle dans l’oreille la chanson de la fuite … fuite probablement au niveau de la valve (une fois de plus) … donc on redégonfle la voile, on identifie la fuite plus précisément, et pas photo : il faut changer la valve. On s’y attelle, on râle parce que la vessie de la voile est toute détendue, ça va être difficile d’enlever les plis … Finalement on colle en faisant des plis, on remet un tacon par-dessus les plis, on regonfle la voile, et c’est bon, la réparation tient bien.

Je pars à l’eau avec ma 9, et là, bizarre, mes lignes extérieures ne font plus la même longueur … étrange … j’essaie de manoeuvrer la voile, mais c’est pas possible. C’est comme si je voulais conduire une voiture et que je devais mettre mes mains sur le volant à 8h et 12h pour aller tout droit, au lieu de 10h et 14h … autant dire que ça ne fonctionne pas. Donc Hervé vient me chercher, il essaie la voile, constate que je ne raconte pas de cracks, et on cherche … Et on trouve, on démêle les emmêlages, et je repars. Sauf qu’un gros grain arrive, et j’ai juste le temps de revenir au bateau que 24 noeuds nous tombent dessus. Puis la pluie …

On laisse passer le grain, et c’est finalement Hervé tout seul qui repart. Et qui tente de se faire plaisir avec un vent qui oscille entre 12 et 19 sans crier gare, et une mer complètement hachurée et chahutée. Retour au bateau. Dernière tentative un peu plus tard, non concluante à son tour, et on décide de ranger les voiles.

Leçon du jour, une fois de plus pourtant on la connait : faire ce qui est bien en fonction du vent quand il est là, et ne pas reporter à plus tard …

Mardi 28 juin 2022, Toau – Du kite, encore du kite, toujours du kite

 A 9h, Hervé était déjà sur l’eau tellement c’était beau. Il est sur la planche et sous sa voile toute la journée, ou à table pour croquer un truc vite fait à midi histoire de recharger ses batteries, ou à patienter sur le motu ou sur le bateau, en train de vérifier que je navigue correctement. Aujourd’hui, il a navigué avec la 9 et avec la 12, avec la ligne courte et la ligne longue, avec la petite planche et la grande. Sa curiosité et son envie de tout comprendre se manifestent à tout bout de champs (de chant ? tiens, ça vient d’où cette expression d’ailleurs … ???) de même que son envie de m’expliquer comment bien faire. C’est un parfait professeur pour les autres, et pour lui-même aussi.

Cet après-midi, il a fait ses premiers sauts, plus longs que hauts, et je l’entendais jubiler sur le plan d’eau. Pourtant il y a du vent, c’est vous dire à quel point il crie sa joie !! Un vrai ado heureux de se faire plaisir avec sa voile et sa planche !! En passant près du bateau, il me disait « regarde regarde, je vais sauter !! » et puis 2 minutes plus tard « alors ? j’ai sauté à combien ? » C’est un régal pour mes yeux de le voir avoir du plaisir à ce point .

Moi j’ai continué à accumuler les bourdes, j’en viens à perdre mon plaisir et ma confiance. Plus je fais de conneries, plus je fais de conneries. Plus je m’oblige à atteindre mon objectif du jour, ou à réussir une manœuvre, plus je la rate et je perds mes moyens. Dès que je stresse, j’accumule les bourdes. Ca devient franchement pénible pour moi, et aussi pour Hervé qui du coup est obligé d’assurer ma sécurité.

Sinon à part ça j’ai entamé l’approche du ukulélé depuis quelques jours, je suis capable de poser quelques accords et de les enchaîner, do, la, sol 7, ré, do 7, fa et compagnie, mais mon dieu que l’espace pour poser les doigts est tout petit petit petit, j’ai l’impression d’avoir au bout des mains des êtres indépendants de ma volonté, à qui je demande de se poser délicatement mais avec suffisamment de force pour pincer les cordes correctement, et je les regarde lamentablement mener leur vie sans se soucier de la mélodie que je cherche à reproduire … je me demande comment les gros baraqués hawaïens font pour jouer sur un si petit instrument, et si le leur n’est pas fait à la mesure de leurs mains … mais bon, c’est le début, il faut que je travaille la gymnastique de ma main gauche (souplesse, endurance, vélocité, tonicité, … le programme est complet !)

Demain, dernière journée à Toau, et puis jeudi on part pour Fakarava, Hugo arrive bientôt !!

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