Ahhh Moorea … Là je dois dire que nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette île. Petite sœur de Tahiti, et très différente, elle est située à 20-30 minutes de Papeete en bateau rapide ; elle offre surtout aux tahitiens la possibilité de se retrouver très vite dans un environnement très nature, reposant, loin du rythme « effréné » de Papeete, où les plaisirs varient de la rando en montagne, à la balade dans des zones de culture, et puis la plage aussi ou encore le snorkeling. Ah ! et puis évidemment les baleines …
C’est une île qui a une jolie forme, comme la silhouette d’un coquelicot, une espèce de triangle aux angles très arrondis, posé sur la pointe, avec deux baies profondes sur le côté de la base … vous voyez à quoi ça ressemble ? non ? bon, un atlas géographique vous renseignera mieux que moi alors ! Cirque volcanique, son profil montagneux alterne crêtes très brutes et finement dentelée, falaises de basalte vertigineuses au milieu d’une végétation luxuriante, sur fond de lagon turquoise. Les deux grandes baies de Cook et de Opunohu sertissent le mont Rotui (900 m quand-même) de part et d’autre. Le cirque intérieur complètement évasé permet des perspectives magnifiques d’une végétation verdoyante qui s’épanouit sur une terre très rouge, à perte de vue. Comme beaucoup d’iles de la Société, la culture du coprah puis de la vanille leur ont permis de vivre jusque dans les années 60. Puis petit à petit, le tourisme est devenu la première source de revenu
Le centre de l’île est vraiment propice à la culture, on y trouve d’ailleurs le lycée agricole. Les arbres sont plus hauts les uns que les autres, les variétés nombreuses, et on y découvre les champs d’ananas. La variété qui pousse par ici se nomme le « Queen Tahiti », qui est aussi appelé ananas miel tellement il est doré et sucré. Je dois dire qu’un ananas fraichement cueilli, mixé avec des glaçons et préparé devant toi au bord de la route dans une petite baraque en bois est absolument LE MEILLEUR jus d’ananas qui existe sur cette planète !
Les jus de fruits Rotui vendus dans toute la Polynésie sont pressés et conditionnés ici. Les fruits arrivent par cargo depuis les autres îles (Marquises et Australes principalement), seul l’ananas grandit d’ici. On visite l’usine qui presse bananes, mangues, pamplemousses, pommes, oranges, goyaves, papayes, ananas et autres, et qui distille aussi le rhum de Tahiti Manutea (la canne bio vient de Moorea, et la canne de masse vient de Taha’a principalement). Il n’y a que deux alambics en Polynésie d’après ce que j’ai compris : un à Taha’a (celui de Pari Pari) et celui de Moorea.
On se balade en vélo de gauche et de droite, on monte au Belvédère pour avoir une vue depuis la terre sur les deux baies qui s’ouvrent sur le Pacifique. L’air est doux, on roule sous le couvert des arbres majoritairement, c’est super agréable. En chemin, on découvre un vaste marécage où ils cultivent la crevette, et à voir le lieu où ces petites bêtes grouillent et grandissent, ça coupe un poil l’appétit … Le long de la route côtière, quelques maisons égrainées chacune sur sa parcelle, pas de luxe ni de décorum ici, c’est une ile qui pourrait bien avoir 50 ans d’évolution en retard sur Tahiti, même si seulement 20 km les séparent. C’est drôle comme les rythmes et les atmosphères sont si différents d’un lieu à l’autre, si loin si proche.
Fait unique dans le coin : il n’y a aucun poteau électrique sur l’ile ! on ne voit pas ici les sempiternelles guirlandes de fils électriques avec des raccordements sauvages border la route, le paysage est totalement préservé de ce « parasite » … le maire s’est longuement battu pour obtenir les moyens d’enterrer tout le réseau électrique, ce qui permet de vraiment se promener en pleine nature.
A Moorea, on profite aussi du lagon pour kiter, ce qui fait qu’on est loin des autres bateaux et qu’on est un peu isolés des rencontres sociales. De bords de kite en bord de kite, il nous arrive d’abimer le matériel. Et ce qui devait arriver arriva : une membrane du boudin principal a explosé. Bien évidemment, nous n’avons jamais la bonne colle ou la bonne pièce (du moins pas encore) et on cherche une bonne âme qui sache comment réparer tout ceci. Mais … on est de passage, on ne reste pas là longtemps, on identifie un gars qui habite de l’autre côté de l’ile, comment faire, … ?? on l’appelle, et puis, b’en c’est simple : « tu laisses ta voile à la roulotte rose des « Tits Macarons » avec 40 euros et ton nom, ton numéro de tel, tu leur dis que je passerai la récupérer dans 2-3 jours, et je te l’envoie ensuite par avion à Raiatea, tu pourras la récupérer là-bas chez NautiSport ». Facile, non ? C’est ce qu’on a fait, et on a retrouvé notre voile parfaitement réparée quelques iles plus loin.
Le lagon de Moorea est un lieu propice à de nombreuses études sur la faune et la flore marines, et le cadre idéal pour ceci. On y trouve une antenne de l’université de Berkeley, où les thésards et profs scientifiques travaillent en short de bain et tongs sur différents projets. Par exemple savoir si les poissons sont capables d’apprendre et de développer une mémoire géographique et temporelle ; dans ce cas-là, un labre femelle seule dans son aquarium est nourrie à heure fixe à un point fixe de son aquarium. Elle est nourrie plusieurs jours à la même heure, puis au bout d’un certain temps, les scientifiques ne mettent plus de nourriture à cet endroit et à cette heure précise, et observent le comportement du poisson. Tout ceci répliqué dans 50 aquariums les uns à côté des autres. Sacré boulot, nan ?
Un groupement d’enfants de Moorea (maintenant jeunes adultes) s’est aussi mis en place pour repeupler le lagon de coraux, et ils œuvrent à replanter des bébés corail dans différents endroits protégés, ce qui a pour effet d’y attirer à nouveau foule de poissons locaux, et de faire revivre complètement des endroits sous-marins désertiques. Le nom de leur assoc : Les enfants du corail – Coral Gardeners. Un film a été réalisé sur leur travail : Titouan et les enfants du corail. Surfez surfez sur le net à la recherche de leurs actions, vous pouvez même adopter un corail !!
Et puis qui dit Moorea, dit baleines … non pas le chant des sirènes, mais le chant des baleines … c’est tout aussi attirant, vertigineux, on tombe dedans et je tombe en amour de ces vibrations, de ces bruits, de ces cris, de ces craquements, de ces mélodies … C’est tellement puissant, envoûtant … ça met des frissons de partout, ça paralyse presque, c’est émotionnant, ça tourneboule et ce qui est troublant, c’est qu’on a presque le sentiment de comprendre ce qu’elles racontent, comme si nous avions un langage commun oublié, un passé partagé. C’était vraiment une rencontre absolument magique !
Voilà le son avec images :
et puis les images sans le son …
Voilà pour une jolie balade dans une nature somptueuse, île qui mérite le détour, surtout quand on aime vadrouiller dans la verdure. Elle impose son tempo, elle va “piano” …