On est arrivés fin janvier, et je note qu’on est le 5 février 2021, le temps file …

En fait, oui le temps file, trop vite, la preuve : on est déjà le 17 février, et je n’ai rien écrit depuis qu’on est arrivés … J’ai perdu le fil du temps, les jours passent et se ressemblent un peu, et ne se ressemblent pas non plus, c’est variable. Le décalage horaire entre l’Europe et le Chili aide à cette confusion et cette sensation de perte de repères ; on est encore beaucoup en lien avec nos proches à distance, à chercher à quelle heure s’appeler, moments où on partage notre café avec leur apéro, sensation de journées accordéonnées.

On est super contents d’avoir à notre bord Hugo, notre fils aîné, qui vient de diplômer et qui s’offre quelques mois de vacances bien mérités, avant d’attaquer sa vie professionnelle. On est ravis de pouvoir partager avec lui cette aventure du Pacifique, depuis le début : les préparatifs et les travaux, les 3-4 semaines de navigation pleine mer qui nous emmèneront vers les iles aux noms charmants, Gambiers (Gaioio, Tekava, Agokono), Marquises (Ua-Huka, Fatu-Hiva, Hatutu) ou encore Tuamoto (Ahe, Fakarava, Apataki, Manihi).

On perd le fil du temps aussi car on vit le temps comme il vient, et on prend le temps de vivre ce qui vient. Il faut dire que le soleil se pointe vers 7h30 et nous quitte tous les soirs vers 21h-21h30, on se dit donc qu’on a le temps de faire tout ce qui est à faire .. et donc le temps de prendre le temps. Le hic, c’est nos trois rythmes différents, et nos envies différentes, et parfois il y a collision entre envies et obligations … en même temps, c’est pour quitter le monde des obligations que nous avons suivi celui de nos envies, alors quoi ? le duel continue ? oui oui, en tout cas en phase de préparatifs.

Trois semaines que nous sommes à nouveau sur le bateau, 3 semaines que nous vivons à nouveau au bord de l’eau (le bateau sur son ber), 3 semaines que nous nous remettons à l’espagnol (merci les traducteurs en ligne qui nous sauvent la vie chaque fois qu’on adresse une demande spécifique à quelqu’un – mais … je dois dire que je suis de plus en plus à l’aise dans le small talk du quotidien), aux rythmes chiliens (oui oui, on passe vous apporter cette pièce « al medio del dia » … ok, le milieu de journée … donc potentiellement entre 12h et 16h. Ou encore « pour mardi, oui c’est bon, la voile sera réparée ! » … mais on oublie de préciser de quelle semaine on parle … ). Donc on est là depuis 3 semaines, et l’idée c’est bien évidemment de préparer le bateau pour la suite du voyage.

Le préparer, ça commence par vouloir dire nettoyer les coffres, les placards, les sols, les soutes, les cales, et puis ranger, ranger nos affaires rapportées d’Europe, ranger tout le bazard qu’on avait mis dans le bateau avant de partir (tout était sorti, ouvert, démonté, pour être à l’abri de l’humidité), et puis après c’est le principe des vases communicants, infiniment : dès qu’on met du bordel à un endroit pour bricoler, on en crée ailleurs.

Ensuite, la liste des choses à faire est longue, entre

-les voiles : à hisser, observer, retirer, porter chez le voilier pour les remettre en état

-la coque : poncer l’antifouling sur les 14m de long et 4m de large, frotter la coque pour que l’alu redevienne tout beau et brillant, peindre l’antifouling -en deux couches bien évidemment-

-honorer les propositions d’apéro avec les équipages rencontrés sur le terre-plein

-la dérive : la déposer, la préparer, trouver le soudeur qui pourra intervenir (ça nous a bien pris une semaine), l’apporter au soudeur (et donc trouver un transporteur, 2 jours de plus), la récupérer pour la remastiquer, la repeindre (2 couches elle aussi) et la refixer (ça, c’est une autre partie de plaisir puisqu’elle pèse bien 200 kg et que le chemin d’accès n’est pas tout simple. En cherchant à la remettre en place, j’ai lâché trop de corde d’un coup ce qui lui a permis d’aller se bloquer dans son puits .. et en tentant de la débloquer et de la hisser à nouveau vers le haut, on a fait péter un taquet de pont … donc il faudra le changer, ce qui veut dire déshabiller le plafond de la cabine pour atteindre les vis sous le pont ; encore du job imprévu à mettre sur la “todolist”)

-roder l’annexe pour faire la révision du moteur avant notre départ : Hugo adore partir se balader le long du chenal, ça tombe bien, ou mieux encore, faire un peu de paddle-surf !!

-faire les courses de bouffe et les avitaillements non-frais, comparer supermarchés entre eux, et marché communal

-préparer les conserves de ratatouille (12 pots), de poulet-curry (4 pots) et de sauce basquaise (4 pots) dans laquelle on pourra plonger le poisson fraichement pêché, et stériliser le tout

-prendre le temps d’aller piquer une tête dans l’eau fraiche (20 degrés, ça va très bien !) ou d’une balade trop rare sur la petite île de Tenglo, juste en face de notre petit port

-nettoyer les cuves à gasoil, vidanger moteur et dessalinisateur

-trouver des nouvelles batteries pour les changer avant de partir, car notre hydrogénérateur pourrait ne pas être utilisable (fuite d’huile malgré la révision)

-aller en ville pour y trouver des pesos, des bouteilles de gaz, de l’huile moteur, des rouleaux de peinture, des bouteilles de vin, du fromage qui soit bon et qui se conserve, etc… tout ça en respectant les directives sanitaires (deux sorties par personne par semaine, pour 2-3 heures), dans des endroits bien évidemment tous différents dans une ville que nous ne connaissons pas,

Enfin bref, chaque jour on trace des choses de notre liste, et chaque jour on en rajoute, c’est infini. Et c’est bien sympa !

Ah, et puis nous avons eu la cérémonie de remise de diplôme de Hugo cette semaine !! en live, en ligne, depuis notre petit « salon » à la marina. Quand-même un élément important, célébré dans le plaisir et la bonne humeur !

 

Le bateau a finalement retrouvé l’eau de manière complètement accélérée, chouette, on va retrouver les sensations d’une maison flottante avant qu’elle se retransforme en maison itinérante. Reprendre pied sur un plancher instable, ressentir le mouvement de l’eau et des vagues, retrouver le plaisir de sauter sur le ponton plutôt que de descendre les 3-4 mètres d’échelle chaque fois que tu « sors ».

Ca veut dire aussi que le départ se rapproche – c’est juste un peu compliqué de trouver le bon moyen de mettre en place les différentes étapes dans le bon ordre, surtout en obtenant la bonne information car oui, chaque fois qu’on parle à une personne différente, on a une version de plus de ce qui est possible de faire – et si le départ se rapproche, ça veut dire que la suite va se concrétiser … faire quelques ronds dans l’eau pour vérifier que tout fonctionne bien, se rapprocher de Valdivia (24 heures de nav en direct une fois qu’on sera sorti de la zone protégée par l’ile de Chiloé), retrouver nos amis sur les bateaux Max et Fratelli, avec qui nous voguerons joyeusement vers la Polynésie, plein cap nord-ouest pour remonter de quelques centaines de miles pour attraper les alizés, et puis hop, plein ouest pour filer sur les Gambiers, cette région incroyable où les atolls marient le bleu et le blanc dans toutes leurs nuances, et déclinent le turquoise à l’envi, on se réjouit !

Besos muchos, y que todo se vaya bien !!!

3 comments

  1. Quel boulot ! Quelle activité ! C’est chouette de voir que tout se met en place et que vous retrouvez vos marques et l’envie de repartir ! Mille bisous de chez nous !

  2. Eh bien quel boulot! Et pendant ce temps j’attends l’arrivée de mon livre et j’essaye d’imaginer comment en faire la promotion alors que le virus nous oblige à renoncer à un vernissage comme je l’avais rêvé!
    Mais sinon tout va bien et Léon nous offre pleins de charmants sourires.
    Hugo encore bravo. Profite bien de ces vacances si bien méritées. Plein de bisous et merci de toutes ces nouvelles.

  3. Bravo, pour tout ce boulot de remise en état de Myriades. j’espère que vous avez fait escale à l’ile de Pâques.
    ile perdue au milieu du pacifique, j’ai eu la chance de faire une 1* escale en 1972 ,les touristes étaient peu nombreux
    même si nous en avons débarqué 1000, c’était le tour du monde du paquebot France ou je travaillais.
    puis 2* escale à bord de Dalton en 2012. puis les Gambiers autre escale magnifique.
    bon vente vous suis dans mes souvenirs. Amitiés de Jean Louis. Dalton est toujours aux Antilles pas de navigation cette année !!! espérons remonter jusqu’au St Laurent en 2022 ????

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