Allez, on tente le Horn !!! Ah bon ? T’es sûr ??? Heu … attends … Bon, ok. Allez Hop, on tente le Horn !
Quittant Ushuaïa dans la matinée du 10 février, on parcourt les 25 miles qui séparent le port de sortie d’Argentine du port d’entrée au Chili. On arrive à Puerto Williams en fin de journée, et -chance des débutants- on a juste le temps de s’enfiler les quatre visites obligatoires dans la foulée : l’armada, le service d’immigration, le service vétérinaire puis les douanes en un temps record : 1h20 pour toutes les formalités. Du jamais vu !!! D’habitude ça prend la journée, ou même plus selon le jour de la semaine …
Comme ces démarches peuvent se faire seulement à 10h, 15h et 18h, tous les bateaux s’y collent en même temps ; ce qui permet aussi quelques rencontres dans les lieux d’attente, et échanges de bons tuyaux … notamment « ah vous partez pour le Horn demain matin ? le créneau météo est bon ? aha !?!!? on va regarder ça de plus près alors » … et hop ! (comme dirait l’autre) on prend la météo de retour au bateau et on décide de tenter l’aventure. Ni une ni deux, on part demain, 11 février, pour le Horn, au petit matin.
Le climat est bien frais, 10 de nuit, 11 de jour et 5 en ressenti sur pont…, on navigue sous les couches de merinos et nos vêtements imperméables, mais pour l’instant on a de la chance, très peu de pluie. Puerto Williams n’a rien de comparable avec Ush. Ici on sent vraiment cette atmosphère de « fin del mundo » … les chevaux se baladent en liberté dans les rues, les rues sont en fait des chemins de terre et de poussière, seule la route principale est goudronnée, ou presque ; la place du village doit bien faire 80mx50m avec des petites baraques de bois et de tôle colorée. Le supermarché a une taille équivalente à celle du kiosque de la gare chez nous, et le choix est plutôt limité … il faut dire qu’ils ont un navire d’approvisionnement par semaine, pas plus …
Depuis qu’on est partis ce matin, la radio crépite sans cesse, contrôles de l’armada et discussions entre navires. Et deux fois le nom de Myriades a traversé les airs pour venir nous apporter les coucous des bateaux copains qui sont aussi dans le coin … on croise Fayal sans pouvoir s’arrêter leur faire des bisous, c’est trop triste … ils reviennent du Horn, on y descend … et comme d’hab, c’est la météo qui décide si oui si non … notre fenêtre pour faire le Horn est courte, alors on ne peut pas s’arrêter le temps d’un café ! Et d’ailleurs, où pourrions-nous nous arrêter à la sortie du Beagle ???? On espère les retrouver à Puerto Williams vendredi en remontant, croisons les doigts !!
On est partis donc mardi matin à 7h de Puerto Williams direction le sud pour une avant-dernière fois, avec un petit vent du nord, donc au portant. On a dû s’aider du moteur pour arriver de jour dans l’archipel du Cap Horn, après avoir traversé la baie de Nassau qui était plutôt calme ce jour-là. A 20h30 nous sommes arrivés en vue de la petite caleta choisie pour y passer la nuit, et Oh surprise !!! elle était déjà occupée !!!! Par un français, Patrick, qui promène les touristes du Grand Sud sur son « petit » voilier Manamo. La caleta étant petite et les vents annoncés pour la nuit plutôt ronflants, on a passé la nuit à couple. Au final, quelques rafales et rien de plus.
Mercredi matin 12 février, 7h15 on largue les aussières et on part pour le mythique Cap Horn, avec un vent plutôt « près bon plein » et des grosses vagues qui nous ont chahutés quelques heures … certains n’ont pas apprécié, mais pour une fois ce n’était pas moi ! Le soleil nous accompagne, les nuages jouent avec le vent, la nature a décidé ce jour-là de revêtir toutes les nuances de gris, de l’acier le plus noir à la perle la plus claire, en passant par les gris intenses sombres et profonds de la mer, avant de venir s’éclaircir dans la lumière du ciel. Le tout sur un fond bleu permanent, c’est magnifique !!!
Hier soir on était déjà proches de la Isla Hornos, mais il nous a bien fallu 3 bonnes heures pour aller l’enrouler, admirer sa face Ouest, rocheuse et déchirée à souhait par les vents et la mer, puis sa face Sud beaucoup plus verte et néanmoins rocheuse, escarpée, abrupte, tombant à pic dans la mer grise, qui se prolonge vers l’Est par des prairies verdoyantes surplombées par la maison du gardien du phare et par le phare Cabo del Hornos.
Ca y est, il est midi, nous sommes le 12 février et nous sommes Cap-Horniers ! A la VHF, le gardien du phare, un militaire de l’Armada Chilienne, nous contacte. Il veut connaitre le nom du navire et celui du capitaine car chaque navire passant le Cap Horn est répertorié. Joyeuse Saint-Valentin avec un peu d’avance mon marimarinchéridamour ! Famille chérie et amis de toujours, vous avez été avec nous jusqu’au sud du sud du sud, on a voyagé et navigué avec vous, pour vous, jusqu’aux îles les plus australes que nous pensions pouvoir atteindre !!! On s’est demandé si on poursuivait jusqu’en Antarctique, mais le veto a été unanime et immédiat !!! Climat bien trop froid et mer trop agitée !
A peine passé la face sud-est, on a été cueillis presque comme des bleus par un bon gros souffle à 35 nœuds, histoire de nous rappeler que nous n’étions pas là pour nous balader …
Remontée au grand largue entre les îlots désertiques, traversée de Nassau un peu plus sportive que la veille puisqu’on était entre 20 et 30 nœuds toute la journée. C’est la première fois depuis 18 mois que le compas GPS indique LE NORD, nous roulons presque au 000 !!!
Retour dans des eaux plus fréquentables et bien abrités à Puerto Torro, pour célébrer notre droit de pisser au vent, et de porter un anneau d’or à l’oreille gauche, puisque nous avons passé le Cap d’Ouest en Est, le laissant sur notre gauche !
Arrivés vers 20h à Puerto Toro, petit village de 17 personnes ( !) , nous partageons un apéro bien mérité avec Patrick et ses passagers, avant de déguster et de nous régaler d’une fondue arrivée tout droit de Verbier !!
Deux jours grand express, ce n’était pas du tout prémédité, la fenêtre s’est présentée et on l’a saisie, sans appréhension et sans regrets aucun, hormis peut-être de ne pas avoir pu plus longtemps naviguer dans cet archipel magnifique. Dans cet aller-retour presque trop rapide au Cap Horn, on a eu la chance d’avoir du vent portant pendant nos deux journées de navigation ! Vent du nord à l’aller, vent du sud-ouest au retour, parfait !
Les conditions étaient idéales, et on a bien senti là-bas en bas que la mer est dure, forte, encore plus qu’ailleurs. Elle nous a un peu malmenés, nous a envoyé quelques jolies rafales qui faisaient danser les nuages dans le ciel, dessinant et rehaussant les couleurs et les contrastes entre terre et mer. Les roches noires des Aiguilles du Cap, les falaises escarpées qui tombent dans l’eau, sur lesquelles une végétation tente de pousser dans les failles à l’abri du vent, les ilets se détachent les uns des autres pour offrir un dédale aux navigateurs, permettre plein de balades possibles quand les conditions sont bonnes, et quelques mouillages bien abrités.
La nature est vraiment brute et sauvage, dense et robuste, autant sur terre que sous l’eau : les forêts de kelp envahissent les baies, déployant leurs longues langues algueuses et bien rugueuses, tandis que sur terre, dans les rares endroits à l’abri du vent, les arbres tentent de pousser et résistent aux éléments déchainés. Ils poussent difficilement, ploient sous les assauts du ciel, se courbent et se tordent, et gagnent péniblement un mètre de hauteur au bout de nombreuses années …
On fait route maintenant vers les glaciers de la Cordillère de Darwin, et on peut donc fièrement maintenant pisser au vent, porter un anneau d’or à l’oreille gauche, et poursuivre notre route vers l’ouest … !
Bravo! Hervé toi t’as le droit de pisser au vent ! Méfies toi car Mélanie maintenant , elle a tous les droits ! Tout se paie !
Salut les aventuriers,
Hervé, tu dois porter une boucle d’oreille, à gauche il me semble, maintenant, signe des cap-horniers !
Bravo.
Respect !
Bravo et Respect!
Bsr ou bonjour, je ne sais où vous trouvera cette bouteille à la mer.
Responsable des archives à la Société des Régates du Havre, je suis à la recherche du Cv d’un certain Potez
qui aurait fréquenté la SRH dans les années 60 , 70??? Votre père??? Grand-père????
En tous cas, les chiens ne font pas des châts… bravo pour votre nav et pour le blog!
Amicalement,
Valetoux Philippe
ph.valetoux@orange.fr