En route pour Ushuaia … suite 1

Fri Jan 31 2020

On quitte Deseado après une semaine sur place, à attendre la bonne fenêtre météo, sans aucun regret … On est à nouveau en mer, cap au 180 pour filer jusqu’à l’ile des Etats, avant de s’engager dans le canal de Beagle d’ici à peu près 3 jours.

L’air est frais ce matin malgré le soleil, le vent tout calme pour le moment. Lors de notre départ la ville était endormie, sauf Roxana, notre super guide lors de la visite à l’ile aux pingouins, qui était debout pour nous dire au-revoir et agiter longuement les bras. Bye bye Deseado, bonjour les jolis petits dauphins de Commerson qui nous accompagnent en jouant dans les vagues, et bonjour tous les petits Magellans qui nagent et plongent à nos côtés sans crainte, c’est un régal cette faune locale, riche, nombreuse, foisonnante.

La météo annoncée devrait être relativement clémente avec nous, 35 à 40 nœuds dans les rafales, et la pluie annoncée (une demi-journée) sera bienvenue pour rincer le pont et les cordages qui sont raidis par le sel et la poussière, asséchés par cet air désertique (taux hydro : 20%) … Et après avoir pu observer cette dernière semaine la météo locale, nous avons décidé d’établir des tours de veille en journée aussi, pour minimiser au max les risques de prendre un gros coup de vent sur la figure … veille active sur l’état de la mer et celui du ciel.

L’équipage se porte bien, les prochains repas sont prêts dans le frigo pour nous faciliter la vie quand ça bouge trop dans le bateau, les tours de sieste se prennent les uns après les autres, RAS, TVB !!!

Plein de becs à vous tous, et joyeux début de weekend !!!

En route pour Ushuaia … suite 2

Sat Feb 01 2020

Pas besoin de vous rappeler où nous naviguons, mais je vous confirme que la mer n’est pas délicate ni toute tranquille pendant la nuit …. Depuis l’intérieur du bateau la sensation ressemble à ce que pourrait être un long tour de machine à laver… mais sans l’eau et le savon !! …  Pas tout à fait les navigations que nous préférons …

La journée est plus douce, du coup nous nous appuyons avec le moteur pour avancer suffisamment vite pour passer les creux et sortir rapidement des gonfles. Les 35 à 40 annoncés pour la nuit à venir -youpieeeeee !!!!- nous ferons réduire la toile au maximum pour ne pas trop subir cette nature agressive. Et puisque les airs viennent de l’arrière, nous avons décidé de naviguer uniquement avec les voiles avant pour qu’elles nous portent bien ; on alterne entre génois et trinquette, selon le vent, mais la GV est bien rangée dans son lazybag …

Au niveau température, ça caille !!! Dedans comme dehors, enfin, surtout dehors ! Le seul endroit sympa je trouve, c’est sous la couette dans le carré, bien vautré pour ne pas voir dehors (eurk, ça bouge trop) à l’abri des sensations désagréables, avec un bon bouquin, voire même simplement les yeux fermés… le temps est un peu looooooooooooong, oui, mais finalement ce ne sont que trois jours et trois nuits de notre vie …

Dehors rien à voir, dedans on laisse passer le temps, l’envie de faire quelque chose ou de s’activer n’est pas présente, ça bouge trop, alors on vous rêve, on divague, on laisse nos pensées voler vers d’autres horizons, on vous fait des bisous doux et je retourne à mon bouquin …

A tout bientôt

En route pour Ushuaia … suite 3

Sun Feb 02 2020

Peu de nouvelles car la préposée au texte trouve que ça bouge beaucoup trop pour être devant un écran !

Les 50emes ont tenté de hurler, juste pour nous rappeler qu’ils sont maîtres ici, mais ça n’a pas duré. Les vents sont plutôt cléments avec nous. La mer par contre est tellement décousue …

On ralentit notre vitesse pour pouvoir passer Lemaire au bon moment aujourd’hui, quand la marée redescendra, pour que le vent et le courant soient un poil alignés et portent dans la même direction … on a une bonne houle avec nous en plus des 20-25 nœuds, donc on prend nos précautions.

Voilà pour des news rapides, sinon tout va bien et on vous embrasse !!!

En route pour Ushuaia … suite 4

Mon Feb 03 2020

Yeahhhhhh !!! Y’a plus de vagues … !!! Ouf, nous voilà enfin presque au bout de cette longue descente, on a passé Lemaire sans encombre et nous voici engagés dans le canal de Beagle, où nous nous mettrons à l’abri ce soir à « Puerto Español » pour une bonne nuit de repos sans navigation, sans moteur, sans vagues (on espère), sans coups de gîte, sans rafales, ou du moins tout ça sans avoir besoin de s’en soucier …

Globalement sur toute la descente, les vents ont été moins forts que nous l’anticipions, ce qui n’empêche évidemment pas les surprises, puisque la météo n’est pas une science exacte … Il y a deux nuits, Hervé s’est pris du 47 nœuds pendant son quart, alors que dans les deux heures précédentes le vent oscillait entre 20 et 25 … il a donc entendu les 50èmes hurler quelques peu, mais ne les a pas vu car la lune n’était pas de la partie.

Si vous saviez le bien que ça fait de retrouver un bateau « horizontal » avec un petit peu de mouvements seulement … je me régale !

Le soleil daigne pointer le bout de son nez pour notre arrivée, et dévoile enfin cette Terre de Feu. Montagnes pelées tombant en pente douce dans l’eau glacée, on devine une végétation rase, les sommets polis par les vents, quelques rochers se détachent le long des rives. Des oiseaux de mer, plein, albatros, pétrels géants (qu’ils ont l’air patauds quand ils prennent leur envol), cormorans à foison, et puis des dauphins qui viennent nous faire un coucou et jouer à la proue de Myriades, dauphins sauteurs et splasheurs, les petits noir et blanc de Commerson et les plus gros et bi-gris, les dauphins austraux.

On a encore quelques heures de moteur avant de pouvoir poser l’ancre sur le sable de la plage de Bahia Aguirre, on en profite pour ranger le bateau et se préparer à passer une fin de soirée détendue …

Plein de gros gros becs à vous et à tout bientôt !!!

En route pour Ush … suite 5

Tue Feb 04 2020

Mmmmmmmhhhhh, la nuit a été bonne, ressourçante, reposante !!!

En me réveillant j’ai cru qu’il était au moins 10h vu que le jour était levé puis longtemps, lui, mais non non, 8h venaient de sonner au clocher d’Ushuaia (à 150 km de nous) …

On est encore à Puerto Espagnol jusqu’à jeudi matin, un bon gros vent SW jusque-là nous empêchant d’avancer. Ce soir un bateau russe vient d’arriver ; il est parti 7 jours avant nous de Puerto Deseado, on suppose qu’ils se sont arrêtés à l’ile des Etats. Beaucoup de russes en ce moment dans le grand sud, car ils célèbrent les 200 ans de la station antarctique russe du 10 au 13 février à Ush, avec présence d’une des plus grosses goélettes actuellement en navigation. On se réjouit de voir ça, et d’assister à une fête russe (quand on voit leur état en temps normal a bord de leur bateau, ça promet !) …

Le climat est vraiment austral maintenant, la condensation perle au plafond après la nuit, et depuis ce matin la pluie et le brouillard règnent à l’extérieur, bienvenue en Patagonie !!! Heureusement nous profitons de quelques petites petites demi-heures de chauffage en début et fin de journée qui permettent de maintenir un 18-19 dans le bateau. La journée est passée vite entre lecture, repas, dessin, re-repas, jeux, et sieste pour certains (j’ai passé mon tour aujourd’hui !)

Demain, b’en rebelotte vu le climat annoncé, et comme on ne peut pas descendre à terre, … b’en voilà quoi … on patiente tranquillement, on s’habitue petit à petit à ce nouveau rythme beaucoup plus tourné vers l’intérieur … et puis heureusement, on aime le bruit de la pluie qui tombe sur le toit et le chant des drisses …

Bonne nuit les amis et la famille chérie, bisous doux nos Lus, et belles journées à vous ! On vous embrasse !!!

On arrrriiiiiiiiive à Ushuaia!

Fri Feb 07 2020

Ca y est, on arrriiiiiiiive, Ushuaia est en vue !!! Ohlalala, les émotions débordent et remontent de partout en se bousculant au portillon, on est sans voix.

Ushuaia nous voilà, enfin, cette fois « pour de vrai avec Myriades » ! Même si nous étions là il y a plus d’un mois « pour de vrai avec nos enfants », cette arrivée est différente ; il y a eu les heures en mer avant, qui lui donnent une autre saveur.

Ça fait juste un an et demi qu’on est partis de France pour atteindre CE bout de monde-là ! C’est LA destination phare depuis plus de 18 mois dans notre vie … c’était LA réponse immédiate quand on nous demandait en route « et…vous allez où avec votre bateau ? » … C’était notre Graal d’une certaine manière, un aboutissement, un lieu mythique à atteindre, le bout de notre route, et en même temps le début de la suite de notre voyage. C’était le havre de paix à rejoindre après les mers difficiles du sud de l’Amérique du Sud, c’était la récompense après les difficultés envisagées, c’était une des balises fondamentales de notre épopée, un peu notre fierté aussi. On ne peut pas aller plus au sud, hormis pour aller faire le tour de l’archipel du Horn. Et ça, on verra, selon la météo. Mais pour l’heure on arrive et on est complètement dans ce moment incroyable, tant attendu et en même temps déjà là.

On a passé deux jours absolument tout tranquille dans le canal de Beagle, rencontré Sergio -cet homme incroyable seul dans la caleta de Puerto Espagnol, où il vit seul et coupé du monde depuis un an et demi- on savoure le calme d’aujourd’hui dans le canal et les jeux de miroir qu’il offre à ces magnifiques paysages. Lisez l’article racontant notre “Rencontre improbable avec un homme d’un bout du monde” .

Soleil, teintes bleues, chaudes, illuminant les tentatives de verdures, mettant en valeur le kelp et les sommets arasés, les montagnes blanchies de neige au loin, on devine la Cordillère de Darwin. Un moment plus tard les nuages sont dominants et quelques timides trouées de bleu dans le ciel gris, lumière toute douce, font ressortir le vert des forêts et ce vert-jaune-tendre des étendues herbeuses, oui la nature est belle ici !!!

Beagle nous réserve à multiples reprises ses trésors à guetter, à observer : les jeux des baleines et des dauphins … Par ici un jet, deux souffles, trois souffles, et puis plus rien. Et puis cinq minutes plus tard, les souffles à nouveau qui nous indiquent que les baleines se rapprochent. Quelle joie primitive nous habite ! Cette joie enfantine qui nous fait bondir et courir sur le pont pour les observer le plus longtemps possible, les implorant de venir plus près, plus près encore … Une maman et son petit passent à côté de nous, de tout leur long. Un peu plus loin, deux dauphins accompagnent une autre baleine sur son chemin … et là-bas, à nouveau 2 souffles proches l’un de l’autre … c’est magique ! Et puis les têtes des lions de mer et des otaries joueuses pointent régulièrement hors de l’eau, leur ventre luisant et fuselé brille sous le soleil, leurs nageoires dodelinent mollement quand ils sont à la sieste, et tout à coup disparaissent fugacement quand Myriade s’approche de trop près …

Les deux rives du canal sont fascinantes, changeantes, se découpent et s’ouvrent sur d’innombrables pans de montagnes, on se régale les yeux de tant de diversité et de points de fuites captivants. L’eau se ride, un petit air vient se poser pour rajouter une complexité magnifique à ce tableau, je me régale les yeux, et les émotions sont d’autant plus fortes aujourd’hui car on réussit le tour de force d’arriver à Ushuaia en même temps que nos amis qu’on se réjouit de retrouver et que nous avons hâte d’accueillir, deux petits-suisses qui viennent passer quelques semaines avec nous dans ce coin de paradis frisquet …

Bisous à vous toutes et tous, du fond du cœur, et à tout bientôt !!!

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