Hé bé, il s’en est passé des choses depuis notre dernière publication … Visite de Recife et Olinda début avril, départ de Jacaré le 4 avril et nous voilà à Paraty le 15 mai, plus d’un mois plus tard …

Désolée les amis de vous avoir laissé sur votre faim ces derniers temps, j’étais un peu « ailleurs » … et puis vous savez, la vie sur un bateau ça ne veut pas dire « je me la coule douce H24 », non non ! c’est du boulot, c’est un quotidien comme un autre, avec ses obligations et ses contraintes, ses moments de détente et ses moments de partages.

Ca veut dire que quand on est en mer, on communique peu, et quand on est à terre, on est rarement inactifs sur le bateau ! entre préparer les visites (bon d’acc, ça on le fait un peu en mer, mais avec les limites de nos guides papier), visiter et se laisser happer par les lieux, faire les courses (c’est vite dit mais moins vite fait : chercher et trouver un taxi, chercher et trouver un super marché ou autre qui nous plaise -ou y aller à pieds-, reprendre un taxi, ranger -enlever tous les emballages, laver les produits, etc pour éviter les cafards à bord-), prendre la météo, comparer les modèles météo (parce que ça a un impact direct sur le temps passé à terre), bricoler ce qui doit l’être sur le bateau, trouver un petit bistrot sympa de temps en temps, ranger au quotidien -l’espace est petit, oui, mais il doit continuellement être rangé, sous peine de tout voir se casser la figure quand on navigue-, nettoyer le bateau -pas de femme de ménage rémunérée ici, ni de lave-vaisselle-, enfin bref, le quotidien quoi, ça explique que le temps est limité pour trier les photos, écrire pour le blog, choisir les photos, publier les articles.

Parce que oui, on prend aussi le temps d’aller faire un tour en paddle (et de perdre la rame), explorer les fonds et regarder tous les petits poissons pyjama, noirs, jaunes, gris, à rayures, à pois, à lignes fines, les tortues (ah le bonheur de nager avec une tortue … elles sont aériennes sous l’eau, elles planent, elles volent plus qu’elles ne nagent, elles sont zen et n’ont pas du tout l’air stressées par notre présence), faire une balade d’une crique à l’autre, bouquiner un moment, prendre nos continuelles revanches au backgammon (héhé, l’élève a rattrapé le maître, ça devient intéressant 😊!), enfin … on prend le temps de vivre et de savourer notre temps hors du temps.

Et une dernière excuse … les moyens de communication !!! le Brésil n’est pas tout simple au niveau des opérateurs téléphoniques, les couvertures ne sont pas géniales, et surtout c’est super difficile de trouver des cartes pour avoir du réseau et des données « internet ». Les restaurants offrent du wifi, bien sûr, mais on ne se promène pas toujours avec nos ordis sous le bras … Bref. J’arrête là avec mon baratin.

Alors … Combien de miles séparent ces deux étapes, Jacaré-Paraty ? bonne question … 1533 miles nautiques (soit 2’790 km) parcourus en zig-zag parfois, lignes droites à d’autres moments, avec des stops dans des endroits incroyables et des visites tout au long du chemin.

Un certain nombre de jours (et de nuits) de navigation à nouveau en duo, puisque Marco et François, nos deux super équipiers TransAt, nous ont quitté en arrivant à Jacaré, pour continuer leur bonhomme de chemin le long des côtes nord brésiliennes avant de s’enfoncer en Amazonie. François doit rentrer travailler en France pour la rentrée scolaire, et Marco lui, poursuit son rêve, continuant à voyager et à développer son projet par le biais des différentes rencontres qu’il fait. Il a l’intention aussi d’aller se balader dans les iles du Pacifique, alors j’espère qu’on aura la chance de le revoir ! De toutes façons, il a laissé ses palmes et ses plombs d’apnée sur le bateau, il faut bien qu’il vienne les récupérer 🙂

 

Partant de Jacaré le 4 avril, nous avons mis cap au sud en direction de Salvador da Bahia de Todos os Santos (Le Sauveur de la baie de tous les saints) où nous arrivons sans aucun problème et presque pas fatigués le 8 à 7h du mat.

Ci-dessous, notre carnet de bord journalier, pour que vous puissiez vivre ces moments de navigation avec nous, au plus près de notre réalité …

Direction Salvador da Bahia !

 Nom prometteur, enchanteur, qui évoque musique, épices, générosité et rencontres, histoire riche, couleurs et lumières scintillantes, fruits multicolores et douces saveurs …

 On a pris la mer hier par une belle journée ensoleillée et peu ventée. Cap au sud pour aller découvrir une région paraît-il magnifique, le cœur du Brésil.

Le climat est doux sur l’eau bien que le soleil ne nous laisse aucun répit, un peu d’air, on n’avance pas très vite mais on avance, sans moteur.

 Première nuit, on remet en route nos quarts, qui ont été très réguliers, 3h chacun, l’un à la suite de l’autre. Et deux fois plus de quarts puisqu’on est à nouveau en duo. Nuit noire, pas de lune mais plein d’étoiles. Le plancton luminescent n’est toujours pas de retour.

 Première journée passée à retrouver le rythme d’une vie à la gîte, sous un soleil de plomb, heureusement le vent modéré nous permet de garder le taud. On se résout à s’aider du moteur pour avancer vu qu’on a en plus pas mal de courant dans le nez. On se rapproche de la côte pour en avoir moins, et les airs se relèvent un peu. On reste attentifs aux bateaux de pêcheurs qui sont assez nombreux.

 La deuxième nuit est en route, on avance bien entre 6 et 7 nœuds, le vent est bien calé à l’Est, la mer assez douce, et les lumières des pêcheurs toujours là. Demain on remettra les lignes à l’eau, le frigo est bientôt vide 🙂

La lune est noire, des myriades d’étoiles nous accompagnent, la température idéale.

Plein de doux bisous à vous, H & M

 

Salvador da Bahia, acte 2

 Salut à vous !

On vogue toujours et encore, notre route se poursuit vers le sud, et aujourd’hui nous avons 12h piles de soleil avec nous. Lever à 05.27, coucher à 17h26.

Les quarts se tiennent de 20h30 à … 10h du mat, histoire d’avoir le temps d’une « vraie » nuit même si elle est bien entrecoupée… Il fait chaud mais on ne se baigne pas, les requins rôdent paraît-il et de toute façon la mer n’est pas praticable pour la baignade ces jours.

 Les nuages changent de forme au fil du temps, parfois de magnifiques cumulus qui grimpent haut dans le ciel bleu, parfois des altostratus qui voilent l’horizon, rarement ils nous mouillent car on slalome pour les éviter.

 On a eu beaucoup de bateaux de pêcheurs la nuit dernière, et depuis : plus un seul !  On vient de croiser un gros porte-containers à 500 m, c’est vraiment gros !!

 Comme promis, on a mis les lignes à l’eau, et à l’heure du dèj c’est un gros barracuda qui s’est annoncé ! On a fait les fines bouches (contrairement à la sienne), on n’avait pas envie de le manger ni de se frotter à sa forte dentition, alors on l’a laissé repartir. Sans notre hameçon. Mais avec notre épuisette… ma faute, mea culpa… « mesi a coul !!! »  On n’a pas réussi à la relocaliser ni donc à la repêcher …

 Le vent et les vagues font claquer les voiles aujourd’hui, l’allure n’est pas la plus confortable (grand largue avec une mer plutôt arrière), mais il faut bien qu’on arrive à Salvador.

 On poursuit notre bonhomme de chemin, 130 miles parcourus, encore une petite moitié de route et on sera arrivés. A priori ce sera pour lundi matin, histoire de bien débuter la semaine …

 Plein de becs à vous toutes et tous, et joyeux weekend !!

 

Bahia hia hia hia, scene trois

 Bahia hia hia hia, vous connaissez la chanson de M ? Ca fait trois jours qu’elle me trotte dans la tête …

 156 Nm pour ces deux derniers tours d’horloge ! Et surtout une maaaaaagnifique journée avec le Code D tout rouge bien haut dans le ciel bleu, on avançait à 7kn, un régal avec cette mer plate.

 Ce matin j’ai pris une Tahiti douche sous la pluie, j’ai même fait exeprès de ne pas tout à fait éviter le grain pour avoir le plaisir de me faire tremper par l’eau du ciel. Et le bateau était bien content lui aussi de se rafraichir ! Parce qu’il fait quand-même 30 degrés ici, bien qu’on file droit vers l’hiver …

 Peu de vent pour cette dernière ligne droite vers Salvador, on remet le moteur et on en profite pour remplir les réservoirs d’eau de mer désalennisée.

 J’espère que cette nuit sera comme d’autres précédentes : plein de pêcheurs sur la route ; c’est sympa, ça occupe et ça maintient éveillé ! On va certainement arriver au lever du soleil, vers 4-5 heures.

 On a une place réservée au port, comme ça on va pouvoir aller visiter les environs et se balader quelques jours dans l’arrière-pays.

 Allez, je vous laisse, je vous embrasse du fond du cœur, je ne vais pas tarder à prendre mon premier tour de sommeil.

Bisous les chéris qui êtes tous avec nous !

Approcher de Salvador au petit matin, dans la lumière du jour qui se lève, a quelque chose de magique. La ville s’étend, s’étire avec souplesse le long de la côte « à plusieurs étages », les gratte-ciels s’élancent de toutes leurs petites étoiles sur un écran sombre de fin de nuit, la lune est encore un peu là, puis peu à peu le ciel s’éclaircit, les couleurs s’affichent timidement, et lorsque le soleil jaillit hors de l’eau, la ville s’illumine dans la lumière dorée d’un matin frais. C’est beau, c’est attirant, ça invite à la rencontre. Dès le départ, on peut imaginer le melting-pot que représente cette énorme ville. Les styles architecturaux répondent à tous les goûts et tous les moyens, la nature s’invite dans la ville depuis le bord de mer.

En touchant terre, nous approchons le responsable de la marina pour qu’il nous démystifie un peu les horreurs qu’on a entendues à propos de Salvador : racket, violence, danger sur la route, … son discours ne nous rassure pas, mais on a deux-trois conseils avisés dont on tiendra compte pendant notre séjour. L’un d’eux concerne notamment l’accès à la vieille ville de Salvador, le quartier du Pelourinho. Pour s’y rendre, il faut marcher aaaaauuuuu moins 400 mètres depuis la sortie -grillagée et gardée- de la marina (qui se situe évidemment dans la ville-basse, au niveau de la mer) pour aller prendre l’ascenseur Lacerda -le plus vieil ascenseur du Brésil- qui nous monte à la ville-haute (à 85 mètres d’altitude); de là, le centre historique est immédiatement accessible. Donc à tout casser, c’est l’histoire de 10 minutes à pieds pour aller de la marina à la cathédrale. Mais !!! puisqu’évidemment il y a un Mais ! … il ne faut suuuuuurtout pas l’emprunter cet ascenseur, dès que la nuit tombe, car il est situé dans la ville basse -qui n’a pas de basse que le nom … bas revenus, bas moyens, basses conditions de vie, basses et insalubres habitations, basses et altérées relations humaines … danger nous dit-on. Danger de racket, danger de vol, danger d’agression, d’angesEhNon, il n’y en a pas. Donc la recommandation du chef de base : prendre un taxi pour aller « à la ville-haute ». C’est une recommandation que nous suivrons quelques temps à Salvador (seulement quand on est seuls tous les deux) et un peu partout ailleurs : on s’enferme derrière les vitres d’un Uber dès que la nuit tombe.

Donc Salvador, on explore. Pas mal à pieds, un peu en vélo, on essaie d’en faire un tour assez général, mais on a une fâcheuse tendance à revenir là où c’est joli : le vieux centre historique, qui a de jolis restes de son époque coloniale. Il est tout petit par rapport à l’immensité de cette bourgade (qui est la troisième la plus peuplée du Brésil soit dit en passant. N°1 : Sao Paulo avec ses 11 millions d’habitants, n°2 Rio, seulement 6 millions, … et n° 3, Salvador da Bahia, 3 millions. Elle a été capitale du Brésil, avant de laisser la place à Rio en 1760 et des brouettes, puis à Brazilia depuis 1960). On dit de Salvador qu’elle est le cœur et l’âme (africaine) du Brésil. C’est vrai que c’est ici que sont arrivés les nombreux esclaves grâce à qui les villes brésiliennes, les églises catholiques, les axes routiers, les industries sucrières, tabatières puis caféières (et non pas cafetières) ont pu se développer, se construire pour permettre à l’empire portugais de s’enrichir … Du coup Salvador est un mélange impressionnant culturellement, en se baladant on peut facilement ressentir les origines premières et pas si lointaines du flot impressionnant d’habitants qu’on croise au quotidien. Les métissages se lisent sur tous les visages.

On flâne dans les rues, on pousse les portes de quelques églises, on se laisse porter par les rythmes soutenus des écoles de percussion qui font leurs démonstrations dans la rue, emmenant les passants (et surtout les batteurs) dans de grands moments de bonheur tribal, vibrant dans les ondes sonores des peaux tendues et frappées fort. C’est ici qu’a été tourné une partie du clip de Michael Jackson « They don’t care about us » avec la célèbre compagnie de percussion Olodum (c’est par ici si tu veux le regarder ) . Le reste du clip a été tourné dans une des nombreuses favelas de Rio de Janeiro (que nous visiterons, mais à l’heure d’écrire cet article, nous ne le savons pas encore).

On a eu la chance aussi d’assister un soir, dans un petit théâtre de la vieille ville, à une représentation de l’histoire musicale et des différentes danses et rituels brésiliens. Une troupe d’incroyables danseurs nous ont subjugués en nous faisant vivre un aperçu du Candomblé (religion afro-brésilienne), une démonstration de capoeira musclée et stupéfiante de flexibilité, souplesse, rapidité, synchronicité, dans des costumes scintillants et bien moulants. Fantastique !

Voilà quelques images, qui sont un toooouuuut petit aperçu de cette grande ville.

Après Salvador, non, pendant que Myriades reste au port à Salvador, nous nous échappons quelques jours pour aller visiter le parc national de la Chapada Diamantina (lequel est grand comme la France), et retrouver les plaisirs de la terre ferme. En s’engageant sur l’autoroute, notre GPS nous annonce gentiment « dans 283 km, tournez à droite » … hahahah !!! 6 heures de route -en laissant la mer droit derrière nous- pendant lesquelles nous nous enfonçons dans les terres et progressons le long d’un long ruban rectiligne de bitume, coincés entre des trains de camion, véritables serpents sur roues (4, 5, 6 camions de 30 mètres de long, qui roulent collés les uns derrière les autres), en slalomant entre les nids de poules et les gendarmes couchés qui surgissent d’un coup d’un seul.

On plonge dans l’atmosphère de Bagdad Café … rien à gauche, rien à droite, seulement des buissons raz et de la poussière, de la terre sèche, et puis soudain on arrive dans un endroit où quelques âmes se rassemblent autour d’une station essence ou d’un bouiboui, ou carrément un « immense garage à ciel ouvert » espèce de village où tous les corps de métiers utiles aux camionneurs se retrouvent (l’un qui vend des sièges, l’autre qui vend des rétroviseurs, le troisième des pneus, le septième qui s’occupe des amortisseurs, ..), puis re-plongeon au milieu du désert, au milieu de rien, de paysages doux et vallonnés, et nous arrivons finalement dans une région verte, loin de tout, qui a été un lieu de chasse aux diamants. Le parc regorge de grottes, de cascades et de forêt tropicale verdoyante.

On y a croisé des ouistitis, quelques petites fleurs, une végétation très variée et plutôt proche du sol, pas mal d’oiseaux (rouges, turquoise, jaunes), et puis on s’est promené dans les paysages de Lucky Luke chez les indiens, avec ces canyons et ces fameuses formations de plateaux montagneux -ou plutôt de montagnes plates- qui se détachent du reste du paysage, des rivières à foison, des cascades de différentes hauteurs, et la fameuse Fumaca, chute d’eau rouge haute de 380 mètres !!! Son nom vient de la fumée d’eau qui l’entoure régulièrement ; il parait que parfois il y a tellement de vent que l’eau n’arrive pas à toucher le sol, elle s’envole avant … On a marché 5 heures en compagnie d’André et Béa, du bateau copain Fayal, pour aller la voir. Les nuages étaient de la partie, rendant la marche agréable car pas trop chaude, mais c’était bien humide du coup !

On a rendu visite au Pic Inacio, on est allé se baigner dans le Trou du Diable, on s’est baladé à Lençois avec ses deux rues de bistrots et ses nombreux guides, ses mototaxis avec deux passagers en plus du conducteur, tout le monde sans casque bien évidemment …

La terre dans ce parc est très présente, odorante, chatoyante, multicolore, du brun au jaune en passant par le rouge, le blanc crayeux, le jaune d’œuf, la crème glacée, l’ambre lumineux, la pierre rouillée, …  On s’y est baladé joyeusement, on s’est rafraîchi dans les cascades, on a marché sous la pluie et sous le soleil, c’était bon ce bain de nature terrienne.

Puis retour à Salvador pour préparer le bateau, descente plus au sud en direction de Rio. Mais la suite de l’histoire se fera dans un autre chapitre, sinon c’est un peu trop long … non ? Alors plein plein de becs ensoleillés, et à tout soudain !!

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