Arrivée le 28 mars 2025 à Ensenada avec évidemment un bon souffle à 20 nœuds dans le port ; il est étroit, les pannes sont serrées, peu de place pour manœuvre, Hervé entre donc en marche arrière pour aller se mettre directement en place, le nez face au vent. On part faire les formalités portuaires, et puis quand on ressort on passe à côté d’un petit groupe qui prend l’apéro et on entend « hey les gars, vous qui entrez dans le port en marche arrière, venez donc par-là faire connaissance ! » vite repérés, haha !
Vendredi matin, rendez-vous à 9h avec Oswaldo, un des gars du port, pour aller faire les formalités d’entrée au Mexique : 2 heures à passer d’un guichet administratif à un autre, douanes, immigration pour valider notre entrée dans nos passeports, administration territoriale pour obtenir notre TIP, permis d’importation temporaire qui autorise le bateau à être en eaux mexicaines pendant 10 ans (on en ressortira bien avant), bref, on est avec Oswaldo qui se charge de tout, qui nous traduit ce qui doit l’être, ce qui nous facilite bien la vie ! Merci la Marina d’Ensenada pour votre aide et votre accueil, on apprécie !
Ca fait quelques petites semaines que je tente de dérouiller mon espagnol, les choses basiques reviennent, et d’autres sont moins aisées, mais ça m’amuse de parler leur langue et surtout ça facilite beaucoup les contacts !!
On passe samedi et dimanche à Ensenada, juste le temps de découvrir un petit peu cette ville, de faire les derniers appros, de préparer quelques plats à mettre au frigo, et on reprendra la mer lundi matin pour descendre à La Paz d’une traite. Il y a du vent, on va en profiter ! Et le long de la Baja California côté Pacifique, il n’y a pas grand-chose à voir, la saison des baleines est terminée, alors direction : Mer de Cortez !!
Ensenda, c’est pas la ville frontière entre Mexique et USA (qui est Tijuana, sex, tequila y marijuana), mais on en n’est pas loin. Une centaine de kilomètres entre San Diego et Ensenada, et déjà un mooooonde de différences !!! on est vraiment à nouveau dans un pays latino, avec des infrastructures de moyenne qualité (sans aucun jugement ni aucune critique !!), des gens qui font la manche partout ou qui cherchent à vendre des petits bijoux de pacotille, des personnes assises le long des murs de supermarché sur leur tapis, avec devant eux quelques choses à vendre, des rues larges et pleines de nid de poules, des marchands ambulants à tous les carrefours, des « food trucks » un peu partout, sans les trucks, un réseau électrique fait de mille fils en l’air, des militaires et des flics partout, et puis quelques rues très « propres sur elles » où les touristes des bateaux croisiéristes s’agglutinent à la recherche d’un souvenir ou d’une terrasse de restaurant.
La ville remonte sur les collines avoisinantes par quartier, on voit vraiment le côté pile et le côté face, le côté touristes et le côté local. 300’000 habitants, 1 à 2 bateaux croisiéristes par jour, un port marchant qui accueille des sacrés cargos avec ses 4 grues de déchargement. La prohibition des années 1920 aux USA et Canada a favorisé le tourisme par ici, pour tous ceux qui voulaient pouvoir s’amuser et boire loin des regards puritains de leurs dirigeants … Et le tourisme est resté la première source de revenus pour l’économie locale.
31 mars, départ de Ensenada vers 10h. A venir devant nous, pas loin de 700 miles, direction plein sud. On a mis le bateau en mode « navigation H24 », puisqu’on part pour 4 à 5 jours et nuits de haute mer …
Mode « navigation H24 » ça veut dire table du carré abaissée au niveau des bancs, recouverte de tous les coussins et matelas disponibles, de manière à faire une grande plateforme « lit-salon-boudoir-repos-veille allongée-salle à manger à la romaine (allongés). Comme on va alterner nos moments entre le pont pour les quarts de veille et l’intérieur, c’est sur ce grand espace qu’on va se vautrer pendant les quarts de repos.
Ca veut dire aussi conserves, repas prêts et éléments à cuisiner directement accessibles et tout près de la cuisinière, pour ne pas avoir à plonger dans les coffres ou soulever les sols pour accéder « à la cave » …
Ca veut dire, pour moi, concentrer tout ce dont j’ai besoin pendant nos 4-5 jours au même endroit, dans la cabine arrière, pour ne pas avoir à me balader dans le bateau à la recherche de qqch …
Bon, on est prêts ; je suis prête, Hervé est toujours prêt, la mer est calme, le vent tranquille pour l’instant, il est supposé se renforcer dès demain pour atteindre au max 32-33 nœuds. Mer annoncée à 3 mètres. Llegamos !!! Direction : La Paz.
A peine sortis de la baie de Todos Santos, voilà la houle qui rentre. Et le bateau qui se met à subir ces mouvements de mer inconfortables. Et nous de rouler avec le bateau, gauche, droite, gauche, droite, gauche … en haut en bas en haut en bas en … en fait le bateau est un vrai gyroscope, et nous on est dedans, ballottés comme des Culbutos.
… Je reprends l’écriture bien après être enfin arrivés à Cabo San Lucas …
4 avril. On aura mis finalement 4 journées (de 24 heures) et 10h pour rallier notre destination. Pour parcourir plus de 750 miles nautiques (1’400 km) à une vitesse de 7 nœuds (13 km/h).
Dans mes souvenirs : Hervé aussi à l’aise dans le bateau qu’à terre, jour et nuit, quelles que soient les conditions de vent ou de mer. Il vit absolument normalement, pas affecté du tout par l’inconfort. Moi : une espèce de larve repliée dans les coussins, impossible pendant 3 jours d’être autrement qu’allongée, les yeux fermés. 2 bols de soupe aller-retour, en attendant de m’acclimater un peu. J’ai fait mes quarts de veille, bien sûr, mais dehors, au grand air. Sinon pas possible. Heureusement, ça s’arrête au bout d’un moment ! Donc je n’ai pas grand-chose à raconter de ce passage, hormis qu’il a fait beau, que le soleil a été là tout le temps, le vent aussi et dans le bon sens, on n’a pas cuisiné, seulement réchauffé, bref, on n’a une fois de plus pas du tout le même vécu ni le même souvenir de ce moment de navigation.
Arrivée à Los Cabos, ou plutôt à Cabo San Luca : ce sont les lumières qui nous brouillent la vue, on ne distingue pas facilement ce qui flotte de ce qui est à terre. Entre les lignes de flottaison illuminées de guirlandes de led, les ponts des yachts, les bars sur la plage, les hôtels derrière, le bord de mer et les collines, … heureusement qu’on a une carte précise pour nous repérer sur le plan d’eau !
Et puis au-delà des lumières, c’est surtout le bruit qui nous assaille ! comment passer de toutes les mélodies de la navigation en haute mer (ça fait quand-même un certain raffut) à autant de décibels produits par les cris humains (on entend surtout les filles), les moteurs des jet-skis, les hors-bord de toutes les embarcations qui nous tournent autour, par les feux d’artifices, les sonos poussées à fond sur la plage, chaque bar jouant bien sûr sa propre partition, les soirées privées sur les grands yachts …
Wouhaou ! quel gouffre entre ces mondes, à moins d’une heure d’intervalle.
On passe 2-3 jours à Cabo San Luca, le temps de nous remettre dans un rythme terrestre, de récupérer de nos quarts. Et on découvre tout un tas de choses qui nous sidèrent un peu … le flux incessant de bateaux qui sortent du port dès potron-minet, petits et gros yachts, barques à moteur transportant des touristes engoncés dans leur life-jacket orange, bateaux taxis, catamarans de tourisme, et dans l’autre sens, les bateaux de pêcheurs qui rentrent avec les lions de mer aux trousses, qui font nettement la différence entre les deux activités économiques du coin : pêche et tourisme.
Et puis la raison principale du tourisme ici : le Spring Break et puis les « Bachelorette parties », les enterrements de vie de jeunes-filles et garçons, fêtes délurées pré-mariage. Pas tellement de familles, mais beaucoup de bandes de potes festives et joyeuses, et de couples retraités. La journée, les maillots de bain se font très petits, et le soir, les robes très courtes et pleines de paillettes … pas tout à fait notre référentiel.
Le long des rues principales : les bars et boites de nuit à ciel ouvert, avec un niveau musical impressionnant, les basses faisant vibrer tous les murs. Heureusement, il n’y a pas de fenêtres, haha ! Pas grand monde dans les rues la journée (faut dire qu’il fait super chaud), mais dès la nuit tombée, elles débordent et charrient leur lot de fêtards.
Dès qu’on s’éloigne un poil de ces enseignes hautes en couleurs, on tombe sur « l’envers du décor » … petites baraques, un bon nombre encore en travaux, briques et câbles à tous les étages (1-2-3 niveaux), des couleurs vives, des rues plutôt propres puisque chacun balaie devant chez soi, étonnamment pas mal de verdure en ville, palmiers, buissons de plantes grasses, énormes buissons de bougainvilliers à la limite du fluo, des lauriers en fleurs, des arbres ombrifères bienvenus pour se mettre à l’abri de ce soleil si puissant, véritable chalumeau qui grille et dessèche tout.
Les rues « à touristes » proposent des enseignes anglophones aux noms racoleurs et suggestifs, surtout des lieux de plaisirs et de détente, alors que dans les rues mexicaines les enseignes sont aux couleurs locales « los 3 hombres », « las 3 mujeres », et les articles sont de l’ordre du basique nécessaire au quotidien.
Le centre est relativement petit, et la ville s’étant sur les collines alentour, sèches, caillouteuses, désertiques. La végétation se résume à des cactées en tout genre, et principalement du Joshua Tree, le fameux cactus de bande dessinée.
Le principal élément attractif ici aura été le cap de l’Arche, qui borde la baie de San Luca. Seul moyen de l’apprécier, c’est à 6h du matin, au lever du soleil, avant que les hordes de bateaux touristiques déboulent pour venir admirer eux aussi ces magnifiques roches.
On s’extrait assez vite de cette ville bruyante, de cette étendue d’eau calme entre minuit et 9h du matin (ouf, on a au moins le temps de nager un peu avant que les vagues viennent bousculer la coque), et on met les voiles le 7 avril direction l’autre « Cabo » : cette fois on part visiter San José do Cabo, quelques 20 Nm plus loin.
On ne peut finalement pas poser l’ancre devant le port de San José, trop de mer et pas d’abri. On se met à la marina pour une nuit, parce que j’ai bien envie d’aller visiter San José. Le centre a l’air tout joli, tourisme plus tranquille et moins festif que San Luca, plus « bon enfant ». L’architecture y est plus soignée, les maisons mieux habillées, colorées, les rues animées, on a envie d’y flâner. Le quartier touristique est assez bien délimité, mais quand on en sort, ça reste sympa, l’atmosphère semble y être sereine, souriante, plaisante. Malgré la chaleur, malgré l’absence de vent et de nuages.
La ville, à une petite heure de bus de San Luca, vit clairement du tourisme ; beaucoup de galeries d’art, beaucoup de boutiques d’artisanat, boutiques « bon marché made in China » et aussi des artisans locaux qui proposent leurs créations colorées. Des hôtels avec de belles cours intérieures qui donnent envie de pousser la porte, un peu dans l’esprit des riads dans les médinas marocaines.
Après ces deux stops aux « Cabos », on longe la côte direction La Paz, prochaine ville. Croit-on. Parce qu’en fait j’ai mal regardé la carte, et il y a plein de petits bleds tout le long du rivage. Petits. Mais il y a du monde qui vit par ici. En plein désert. Ok, il y a l’eau devant le désert, mais quand-même, les éléments qui constituent cet environnement c’est soit les cailloux et la terre ocre, soit l’eau. Ah, et les cactus.
Le 9 avril, à Los Barilles on observe les petites raies mantas, qui portent d’ailleurs un autre nom : les raies mobula. Même genre de poisson, mais plus petites, et il semble qu’elles aient la bouche sous le ventre (contrairement à la Manta qui a la bouche « devant »). Ce qu’elles ont de particulier ici, c’est qu’elles sautent ! elles ne cessent de faire des pirouettes et des vols planés au-dessus de l’eau, retombant dans des grands splashs, c’est trop drôle à regarder.
Sur la plage, c’est là où tout se passe : les rencontres entre amoureux, les entraînements de foot, la pêche, le parking, les joggeurs et quelques sportifs qui se bougent aux heures fraîches.
On profite de cette halte imprévue pour y fêter mon anniv ! Au menu : margaritas (la classique, et puis la Cadillac) et poisson grillé, c’est parfait ! Dans un des deux restos du village, un resto d’hôtel, presque les pieds dans le sable, vue sur la mer. Mais pas sur le couchant, puisqu’on est face à l’Est.
En route à nouveau, toujours direction La Paz, on s’arrête en fin de journée à Los Muertos pour se poser le temps d’une courte nuit le long de la côte. Pas d’abri particulier, mais comme il n’y a pas un souffle d’air prévu, on ne risque rien. On est seuls au milieu de rien. On descend à terre pour aller explorer, et .. au bout d’une demi-heure c’est retour au bateau. Faut dire qu’en tongs sur une piste de terre rouge vallonnée en plein soleil, c’est pas les meilleures conditions. On a entendu des tourterelles, vu quelques moineaux, on a pu voir aussi qu’il est illusoire de partir se balader dans le bush par ici : tout est bardé d’épines ! cactus, buissons, toutes les plantes (sèches) ont leur système de défense pour ne pas être broutées par les potentielles chèvres : leurs épines les gardent en vie !
On ne sait pas d’ailleurs comment ces plantes font pour se décorer de mini-fleurs, et trouver le moyen de continuer à croitre malgré la sécheresse … en arrivant à La Paz, on apprend qu’il n’a pas plu dans la région depuis 2 ans … 2 ans sans une goutte d’eau tombée du ciel !!! alors ok, il y a la rosée du matin, mais ça fait peu d’humidité pour permettre à la nature de s’abreuver.
On navigue le long d’une côte dont les couleurs varient entre tous les gris, plutôt clairs, les ocres, roses, parfois jusqu’au rouge terre de sienne, une touche de vert de temps à autre, un vert pâle moussu. Du caillou, du caillou, du caillou. Des plantes sèches, quelques touches de roche blanche, des cactus comme des épouvantails. L’eau est bleue, tire sur le bleu canard, et quand les fonds sont tout proches, on devine que le sable peut y être blanc, puisque l’eau devient délicieusement turquoise.
Le 11, on arrive à Playa del Carrizalito où observe le ballet aérien des pélicans qui sont en chasse. Ces drôles d’oiseaux au cou aussi long que leur bec ont un corps assez massif. Quand ils volent, large envergure d’ailleurs, ils replient leur cou sur leur dos, de manière à avoir juste le bec qui dépasse des « épaules » … donc ils ont une silhouette hyper trapue en l’air, un peu genre canadère ou bombardier, un gros bourdon bien massif qui se déplace lentement, de manière un peu nonchalante. Et dès qu’ils aperçoivent un banc de poissons, les voilà qui passent en mode furtif, le cou longuement étendu comme un périscope, ils volent parfois presque à la verticale en faisant du stationnaire, et puis d’un coup de tête vers le bas, ils dévissent et chutent à une vitesse vertigineuse, la tête plus ou moins rentrée dans les épaules, et au moment de frapper l’eau, ils tendent le coup dans un effort ultime pour attraper leur menu fretin avant même que leur corps ne rentre dans l’eau. Puis ils disparaissent, et émergent quelques secondes plus tard, comme un ballon ébouriffé trop gonflé qui remonte à la surface.
En mettant pieds à terre pour aller crapahuter un peu au milieu des cactus, et voir à quoi le drôle d’oiseau qu’on vient d’apercevoir, on entend « oh papa, regarde, un bip bip !! » … alors on s’approche du camping-car devant lequel discute une petite famille … qui vient de Marseille ! Là, perdus en plein désert, ils sont heureux de pouvoir camper sur une plage de sable blanc, face à une eau claire. Année sabatique pour eux qui leur permet de faire le tour des USA et Canada, avec petite incursion en Baja California pour vivre quelque chose de complètement différent.
Prochain stop le 12 avril, à Puerto Balandra, la pointe nord de la péninsule au creux de laquelle est nichée La Paz. Puerto Balandra c’est bourré de gros yachts, de catamarans de croisière, de lanchas pleines de touristes qui viennent passer la journée au bord de cette incroyable lagune. Une baie large et profonde, bordée de 6 plages de sable blanc, au pied de ces pierriers rouges dorés, lardés de gris, désertiques. Pas de végétation. Juste de l’eau et du minéral. Interdiction de poser une quelconque ancre dans la lagune, elle est réservée aux piétons. Aux piétons ? Bah oui, elle est si peu profonde qu’on peut la traverser à pied, avec de l’eau jusqu’à la poitrine au max. Bien agréable pour nous rafraichir tout en s’activant. Ici aussi, les sonos crachent de la musique à plein pot. Ils ont un étrange goût pour les tubes des années 80-90 remasterisés, repris et un poil rajeunis. On connaît sans connaître, on peut fredonner avec eux. Le truc, c’est qu’on ne sait pas quelle mélodie suivre puisqu’elles sont au moins une dizaine à se téléscoper sur le plan d’eau.
On savoure cette baie et les plaisirs aquatiques qu’elle offre, avant de rejoindre finalement La Paz le 14 avril. Au programme : une intervention sur le moteur (eh oui, encore, cette fois c’est une fuite au niveau du circuit de refroidissement), les appros pour pouvoir se faire une semaine-10 jours « dans le wild » en remontant la côte, un bon petit restau et puis un peu de balade en ville pour découvrir cette bourgade (300’000 habitants quand-même !).
En arrivant par un jour assez chaud, on trouve la ville plutôt éteinte. La promenade du bord de mer peu fréquentée, les rues quasi désertes, quadrillage de bitume et de nids-de-poule, maisons à un niveau plus ou moins défraichies, plusieurs enseignes « marineros » et « taqueiras » un peu de tous les côtés, quasi dans chaque rue, des maisons aux couleurs vives et plein d’autres avec les briques à nu. Pas d’arbres, mais régulièrement des buissons fleuris, cactus et autres bougainvilliers.
La ville est plutôt plate, avec un niveau « bord de mer » pour les touristes et les sorties de fin de journée, et un niveau 2 étages en-dessus, pour la vie de tous les jours.
En ressortant les vélos en fin de journée, on découvre une tout autre ambiance : tout le monde est dehors et déambule sur le Malecón, cette fameuse promenade pour les piétons, les cyclistes et les voitures. Ca circule pare-chocs contre pare-chocs, au même rythme que les piétons qui déambulent en tenue de sport, ou une glace à la main, se prenant en photo dans le coucher de soleil, les bambins dans les voitures à pédales pendant que les parents discutent … un peu comme le soir à Carnac-Plage, ou la Promenade des Anglais dans d’autres coins de France.
En fait, me baladant plusieurs fois à la recherche de légumes ou simplement pour le plaisir, je réalise que la vie se passe ici en intérieur, tout le temps … il fait beaucoup trop chaud pour envisager avoir des activités en plein air ! donc les fenêtres sont fermées, souvent même occultées, les portes s’ouvrent et se referment vite pour garder le frais à l’intérieur … On passe plusieurs jours ici entre 30 et 35 degrés la journée à l’ombre, entre 18 et 20 la nuit. La chaleur est bien plus supportable dans les criques.
Pendant une bonne dizaine de jours, on fait quelques allers-retour entre La Paz et les criques de l’ile Espiritu Santo, à son nord, en attendant que Sandra la couturière nous refasse des housses de barre, et que Hervé subisse quelques examens médicaux pour s’assurer que son « corazon debil » fonctionne toujours correctement. Debil en espagnol veut dire faible, je trouve ça rigolo …
L’ile de Espiritu Santo offre plein de caletas assez profondes dans lesquelles s’abriter. Terre en pente douce, ocre, rouge, exempte de végétation, plateaux rocheux qui s’inclinent et viennent mourir dans une eau claire et bien agréable pour se rafraichir à toute heure. Je m’y baigne avec délice, on fait une-deux balades en snorkeling mais on ne voit pas grand-chose … l’eau est assez chargée, plutôt verte, fond de sable blanc, poissons en pyjama noir et blanc, parfois un ourlet jaune, quelques oblades et poissons ballons, avec et sans épines. Des poissons de petite taille et en nombre important, peut-être des harengs … qui nagent en banc en essayant de se mettre à l’abri des escadrilles de pélicans et des frégates.
24 avril, on « monte » enfin, on est à San Francisco à nouveau, haha. On vise une crique qui a l’air magnifique dans les guides et sur la carte … Grande plage de sable blanc sur un grand ¾ d’arc de cercle, eau claire au milieu, balades à terre possibles en grimpant dans les pierriers, chouette, on y va !
On y déboule la fleur au fusil, et on se retrouve avec 25 autres bateaux qui comme nous avaient envie d’un petit coin de paradis … surtout des gros bateaux, catas et grands yachts à moteurs, avec plateforme arrière, grands coffres qui abritent les jet-skis, zodiac, et autres jouets nautiques. Armada de personnel à bord, pour piloter les gros et petits bateaux, amuser les passagers sur les grosses bouées et les wakeboards, pour gérer toute l’intendance à bord, l’installation de la tante à terre le matin pour les déjeuners sur la plage, les grillades à la nuit tombée … Tout un monde.
Et entre tous ces bateaux : les escadrilles de pélicans qui tombent du ciel à n’en plus finir … ça fait un sacré bruit ces ploufs à répétition.
Mouillage à San Evaristo le 25, on hésite à ancrer devant le village, et finalement on va se mettre du côté des salines. C’est toujours dérangeant pour moi de venir nous mettre sous les nez des habitants dans ces coins reculés, où simplement l’accès à l’eau douce est compliqué, où les ressources sont limitées, la terre stérile tellement elle est sèche … ils ont tellement peu, c’est inconfortable. On est allés au village à pied du coup, pour voir à quoi ça ressemble. On se salue de loin, quelques enfants nous offrent de grands sourires, y’a pas grand monde. Une vingtaine de maisons et maisonnettes, une petite école, une usine à dessaliniser l’eau, des barques de pêcheurs, quelques 4×4 et puis voilà, on a fait le tour.