Dis Myriades, c’est quoi un Tiki ?
Le Tiki est par définition Le symbole marquisien. Mi-homme mi-dieu, à mi-chemin entre ciel et terre, entre Univers et Hommes, entre passé et présent, entre cultes ancestraux et fer de lance artistique, le Tiki est présent partout aux Marquises.
Représentations d’hommes influents, de guerriers ou de dieux locaux, les Tikis sont des statues courtes sur pattes à grosse tête, possédant d’immenses yeux ouverts sur … le monde, une graaaaaande bouche et une attitude souvent guerrière.
Le Tiki mesure de quelques centimètres à 2 bons mètres cinquante pour les plus grands.
Taillé dans la pierre de lave, le basalte, l’os, le bois ou les pierres fleuries de Ua Pu (l’une des îles marquisiennes), il répond à des codes précis en terme de mensurations, des décorations qui l’ornent et l’habillent.
Il est souvent homme, rarement femme, et leurs attributs sexuels sont clairement identifiables.
On dit du Tiki qu’il incarne le Mana, l’esprit du lieu -ou l’esprit de la personne qu’il représente- et qu’il est un protecteur de la maison, du faré, du maraé.
15 minutes de visionnage vous permettront de faire un peu mieux la connaissance de Tiki, Esprit des Marquises … cliquez par là : Redirecting…
Personnellement, je suis très attachée à ces cultures et traditions qui lient l’Homme à l’Univers.
Le Tiki me parle, me séduit, me rend curieuse de celles et ceux qui le vivent, l’honorent, le sculptent, le gravent, et transmettent ce patrimoine graphique aux générations futures. Aussi l’idée d’aller sculpter et graver mon propre Tiki m’a immédiatement interpelée.
Pour créer nos souvenirs d’avenir, nous nous sommes rendus chez Juliette et Thierry, Tehono et Teuia de leur prénom marquisien, et avons passé la journée en leur compagnie pour travailler deux blocs de bois de rose qui se sont petits à petits transformés, et dont ont émergés nos Tikis à nous.
Toute la matinée, nous avons joué de la scie à main, de la gouge et autres outils de sculpture, de la meuleuse, du crayon pour tracer les volumes et les visages, tout en écoutant Thierry-Teuia nous parler de son métier de sculpteur, et de la mémoire de son pays.
Entre deux explications, et pendant que nous nous affairions Hervé et moi à faire naître nos Tikis, Thierry lui nourrissait les poules, cueillait quelques fruits, et cassait les cocos. Casser les cocos ça veut dire cueillir les noix de cocos mûres, pour les fendre, en extraire l’eau et râper la pulpe, de laquelle Juliette a pu tirer le lait nécessaire à la cuisine. Pour se faire, elle presse simplement la pulpe dans une étamine 3 fois de suite, tourne et tourne et tourne son tissus pour que le lait s’extraie facilement de la pulpe râpée.
Hervé sculptait, je gravais, et tout en écoutant Thierry nous raconter son amour pour son métier, Juliette-Tehono nous préparait un kai-kai marquisien dont le fumet venait nous lécher les narines. Elle nous a régalé d’un repas simple et classique, d’un humble casse-croûte comme elle nous disait. Tu parles … poulet au curry-lait de coco, poisson cru à la marquisienne, riz, bananes cuites, salade de crudité, et pour le dessert, les fruits du jardin … ananas, mangue, pamplemousse … un repas simple ? un festin, oui !!
Le temps chez eux a été doux, serein, tranquille, on a partagé une de leur journée en toute simplicité et humanité, évoquant leur vie et la nôtre, le plaisir de ces rencontres, la richesse intérieure que leur procurent ces journées où ils accueillent des touristes chez eux pour réaliser leur Tiki, tant d’occasions pour de beaux échanges.
On est reparti heureux, avec nos deux nouveaux esprits habitant sur le bateau, sourire aux lèvres. Qui des Tikis ou de nous deux avait le plus grand sourire ? …
C’était vraiment un chouette moment ! Vai e nui Teuia pour ton savoir faire partagé, Vai e nui Tehono pour ton sens de l’hospitalité, vous nous avez offert un magnifique souvenir marquisien.
Et puis comme le veut la tradition, nos Tikis ont un petit nom … celui d’Hervé s’appelle Matioa, qui veut dire « petite brise légère mais soutenue », et le mien s’appelle Àma Fetú, « lumière d’étoile ». On est quatre à bord maintenant !