Quittant Raiatea sous voile et moteur, on en profite pour « faire un peu d’eau », c’est-à-dire dessaliniser l’eau de mer avec notre super WaterMaker … c’est qu’on en prend des douches quand il fait beau et chaud, et qu’on passe notre temps à plouffer, à faire un tour en paddle, un peu de snorkeling, etc … Donc on avance gentiment quand on entend une alarme que nous n’avons encore jamais entendue à bord … !!! Le Cap et moi on se regarde avec des grands points d’interrogation dans les yeux, on réfléchir à toute berzingue pendant au moins 3 secondes et demi, et Hervé plonge dans le bateau à la recherche de la source de la sirène qu’on entend. Chaque détecteur fait du bruit là où il est situé … donc il identifie rapidement que c’est l’alarme incendie (quand il nous le crie depuis la cabine arrière, ça ne nous rassure pas du tout du tout du tout), et que le problème c’est le moteur du Dessal qui « prend feu » … De feu il n’y en aura finalement pas, l’alarme s’étant déclenchée suffisamment tôt pour qu’on puisse intervenir et arrêter le moteur incriminé. Le problème est probablement survenu de la poussière des charbons anormalement usés, qui s’est accumulée au fil du temps. Il semblerait qu’une tension trop faible soit à l’origine du problème de base. Alarme et moteur coupés, nous atteignons la passe principale (et unique) de Bora Bora.
Quel maaAAAaagnifique lagon que celui de Bora !!
Y’a pas à dire, le spot est absolument splendide. C’est un doux mélange de ce qui nous a plu en Polyésie : un atoll plus ou moins rond, avec en son centre une petite montagne (une colline pour les suisses) haute de 727m, entourée d’une eau allant du turquoise transparent au bleu profond outre-mer, atoll ourlé de sa bande de sable et corail blond coiffé de ses cocotiers et autre végétation typique du Pacifique. On comprend bien que cette belle île soit qualifiée de paradisiaque, Eden sur Terre, joyau de la Polynésie française, elle tire son véritable nom de Pora Pora qui signifie « première née » en tahitien. C’est la première sortie des eaux … Elle est également surnommée « Mai Te Pora » c’est à dire “créée par les Dieux”. Je vous le dis : le paradis sur Terre …
Sauf de 1942 à 1946 où elle servi de base de ravitaillement aux troupes américaines pour les opérations dans le Pacifique sud. Du coup, Bora a été le premier atoll bénéficiant d’un aérodrome. Ce qui a permis au tourisme de se développer rapidement dans les années plus favorables. Aujourd’hui Bora est principalement accessible aux porte-monnaies bien garnis, les hôtels visant le haut-de-gamme haut-perché sur pilotis principalement. Les bateaux de croisière mouillent dans la baie face au petit village de Vaitape et déversent leur flot de touristes qui s’engouffrent les uns dans les magasins de perles, les autres dans les échoppes de souvenirs, les encore autres tentent une rando en quad pour faire le tour de l’ile, et les plus courageux louent un vélo pour tourner sur les 32 km de route côtière autour des Monts locaux : Ohue, Mataihua, Pahia, Otemanu, et Pahonu au sud de l’île.
D’un point de vue géologique, c’est assez intéressant : A la fois montagne et atoll, elle est le produit de +3 millions d’années de mouvement de la terre qui ont conduit ce cône volcanique à s’enfoncer dans l’océan. Des coraux se sont fixés sur les rebords de sa caldeira, formant un immense lagon clos par un récif très large, lui-même fendu en un seul endroit : la passe de Te Ava Nui. L’ile elle-même ne fait que 29 km2. C’est une toute petite perle de 9km sur 4, au mieux … sertie dans un lagon de 80 km2. Et l’eau … une variation illimité de lumières et de teintes qui passent du bleu sombre au vert transparent en fonction de la profondeur des eaux et de la nature des zones, parfois de manière abrupte, ça fait mal aux yeux tellement c’est beau !
Donc à bâbord, vue “mer” et à tribord, vue “montagne”. De quoi satisfaire tout le monde, puisque tu tournes la tête et tout est là, magnifique, majestueux, inspirant, tellement propice à la douceur de vivre …
C’est une petite île dont on fait le tour en quelques heures en se baladant tranquille en vélo (on réussit à se prendre un énorme grain sur la figure, et on revient au bateau trempés jusqu’à la culotte), et qui cache de belles randos. Malheureusement la pluie nous les interdit, rendant le terrain beaucoup trop glissant et dangereux. On passe de “village” en “hameau”, les constructions n’ont rien d’intéressant, pas de culture non plus … tout l’attrait de cette île réside dans son lagon.
On se cantonne donc aux joies nautiques, et on compose sans vent … Les eaux ne sont pas poissonneuses mais de jolis spécimens sont visibles quand-même. Raies manta, escadrilles de raies léopard, raies pastenague, mérous, rémoras, napoléons, poissons papillons, murènes cachées dans les coraux, nuages de poissons-demoiselles …
Au jardin de corail, on se laisse dériver au milieu de myriades de bénitiers, coquillages étranges complètement incrustés dans la roche et le corail, qui s’entrouvrent à peine, juste de quoi filtrer l’eau pour se nourrir, et qui ont des lèvres toutes dentelées et colorées qui nous offrent un festival de couleurs incroyables … tous les tons de bleu, vert, jaunes, tachetés, mouchetés, rayés, pointillés, … une véritable ingéniosité de Mère Nature.
On regrette l’absence de vent, mais pour le reste, Bora mérite sa légende et ressemble furieusement à un coin de paradis … quand on sait que ce n’est pas pour l’éternité.