Myriades, 2 février 2019

De retour sur le bateau après un bon bol d’air familial et amical, nous voilà prêts à finaliser les préparatifs pour rejoindre le Cap Vert.

Je vous entends … quoi ? encore des préparatifs ? mais depuis le temps …. Vous êtes peut-être un peu moqueurs ou dans une certaine incompréhension, ou peut-être simplement surpris – comme nous – de tout ce qui reste à faire quand on a l’impression d’être déjà plutôt bien prêts … 😊 et la liste est longue … je vous la fais courte :

Passer chez le motoriste Volvo pour identifier la source de notre nouveau problème : les batteries se chargent (depuis le moteur) de manière totalement aléatoire. Comme on a hydro générateur et panneaux solaires, ce n’est pas critique pour le moment, mais ça le sera dans d’autres environnements, donc on doit réparer. Après douze-quinze tests différents, plus ou moins satisfaisants, on prend la décision de partir sans réparer plus que ça, puisque d’après le motoriste de Las Palmas “y’a pas grand chose à faire” ou en tout cas il ne sait pas quoi faire … alors on part comme ça, et on croise les doigts !

Envoyer la liste de notre pharmacie au CCMM pour que notre dossier soit complet. En situation critique (traversée de l’Atlantique, côtes isolées argentines, Malouines, canaux de Patagonie) on peut avoir recours au CHU de Toulouse qui héberge le Centre de Consultation Médical en Mer, où on a un médecin en ligne 24/7 qui nous aiguille (haha) sur les gestes à faire ou médications à prendre. Gestion de risques …

Réparer les charriots de GV, notre grand-voile est lattée, ce qui veut dire qu’elle se plie se couche dans le lazy bag quand elle est « en bas », et pour la hisser en haut du mât elle est attachée à des petits charriots qui coulissent dans le rail le long du mât. Quelques charriots avaient perdu une vis, ou un ressort. Et maintenant ils sont tout beaux et ils roulent jusqu’en haut !

Changer les batteries, ça c’est tout une histoire, parce qu’il existe plein de modèles différents, de techniques différentes, et surtout de prix différents, qui vont du simple au double (et plus). Donc le temps de se renseigner, de comprendre quels impacts génèrent ces différences, etc… 15 jours sont bien passés (parce que oui, on-Hervé- fait plein de choses en même temps, donc un petit peu chaque jour) et puis le jour où on se décide et qu’on achète une batterie pour vérifier que ses dimensions sont bonnes, eh b’en paf !! elles ont 1 mm de trop en longueur les batteries choisies … ! donc rebelotte. Finalement, on a fait tester nos batteries et il s’avère qu’elles sont encore bonnes, pas besoin de les changer …

Fixer les panneaux solaires déjà il a fallu les rapatrier de Suisse, enfin de France – merci à ma cousine et mes parents d’avoir bien voulu jouer les intermédiaires – les transporter par avion et les faire grimper sur le bateau.

Après, la question c’est « comment les fixer » ? car là-aussi Hervé est très au clair sur ce qu’il veut et comment il veut les installer. Donc on passe trois jours en vélo et en voiture à chercher les tubes inox du bon diamètre, les pattes inox qui permettront de visser les panneaux aux tubes, les vis de la bonne dimension, le câble électrique capable de gérer la bonne intensité, les prises à mettre au bout des câbles, puis une fois que le matériel est réuni, il faut trouver sur le ponton “qui ?” a une mèche de perceuse suffisamment grosse pour faire un trou dans le bateau, oui oui, faire un trou – et même deux !! un de chaque côté … – dans l’aluminium pour passer les câblages. Mèche de 12 mm pour une tôle de 10 mm d’épaisseur … Plus les 6 petits trous pour fixer les vis … De l’autre côté, sous le pont, dans le coffre arrière où se cachent les mèches de safran (un endroit pas du tout accessible) je me contorsionne pour aller récupérer le câble, le faire cheminer jusqu’à bon port, puis présenter les 6 écrous aux 6 petites vis. Bien sûr les premières vis étaient trop courtes, donc on a dû recommencer 😊

Grab bag à finaliser, vite dit, pas vite fait non plus. C’est quoi un grab bag ? c’est « le sac d’urgence que tu prends avec toi avant d’évacuer le bateau si tu dois l’abandonner en mer » … autant dire qu’il y a le strict minimum dedans, et surtout l’essentiel qui permet de communiquer, d’identifier et de survivre – et qu’on adressera toutes nos prières à Eole et à Neptune pour n’avoir jamais à sauter dans le radeau de survie- . J’ai fait la liste sur la base de plusieurs sources d’informations, puis j’ai réuni tout le matériel nécessaire. Parfois déjà à bord, parfois périmé (comme le gonfleur de mon gilet de sauvetage !!!), parfois à acheter. Il faut aussi trouver dans quoi et comment ranger tout ça, lister sur les sacs ce qui est dans les sacs, etc etc etc, mais une fois que ce travail est effectué, ce sera vite fait de préparer le grab bag avant chaque traversée de plus de 24 heures.

Message bourse-aux-équipiers, oui, on a décidé de faire la traversée Cap-Vert – Brésil accompagnés ! non pas que nous doutions de nos capacités à la faire tous les deux, on est convaincu l’un et l’autre que c’est faisable, gérable, sympa et chouette de vivre ça en duo (et d’ailleurs le Pacifique nous en offrira quelques-unes de longues traversées …) mais on se dit que pour une première traversée c’est plus facile si on a du renfort, d’autant plus que notre route ne sera pas toute tranquille puisqu’on ne suit pas la typique route des Alizées (qui elle offre un vent stable pendant toute la navigation). Les quarts de nuit seront plus faciles à gérer, le fameux Pot-au-Noir et tous ses grains (pas de vent /  pluie et gros vent / pas de vent / pluie et gros vent / pas de vent / pluie et gros vent, le tout alternant parfois en moins de 5 minutes), les manœuvres rapides, la sécurité si l’un d’entre nous est malade ou se blesse, bref, gestion de risques là-aussi, mais on est contents d’avoir trouvé deux jeunes tout sympa qui nous rejoindront à Mindelo. On croise les doigts pour qu’ils puissent nous rejoindre comme prévu et on leur souhaite plein de bonheur pour leur première traversée qu’ils feront sur d’autres bateaux entre les Canaries et le Cap-Vert !

Sinon, dans les choses plus rapides, genre juste un magasin par achat, il y a aussi : acheter une pompe WC, des fusées fumigènes et des feux à main, de la chaine de 10 pour nos amarrages sauvages (à venir) autour d’un arbre ou d’un rocher, un masque de ski (pour naviguer quand il pleut et qu’il y a beaucoup de vent), trouver un thermomètre (non, on ne fait plus confiance au nôtre qui nous dit que l’eau est à 65° Celsius), acheter une mâchoire de fermeture éclair, des sacs pour mettre nos habits et livres sous vide (à l’abri de l’humidité), des bocaux pour quelques réserves supplémentaires, de la peinture Trilux pour l’antifouling du printemps prochain…

Mais aussi finaliser les messages de sécurité pour nos équipiers, envoyer nos fiches de déclaration de traversée au CROSS (centre de coordination des secours en mer pour les navigateurs français), dessiner le plan des vannes, des pompes et des sondes, installer la prise 220V près de la table, retendre les haubans, installer l’antenne wifi du bateau (une supplémentaire pour mieux capter les wifis des autres), faire l’inventaire des stocks de bouffe, ce qui amène à l’étape ultime, faire les courses de bouffe ! Surtout les produits qui se conservent bien, les boissons et autres denrées que nous trouverons difficilement au Cap Vert. Pour les produits frais, le marché de Mindelo sera parfait !

 

Donc vous voyez, même si on ne se lève pas à l’aube, on ne chôme pas ! Bien sûr on prend le temps d’un apéro avec les voisins de ponton, mais cette fois, pas de tourisme, hormis le tourisme intensif chez LaPeyre, LeRoy Merlin, shipshandleurs, Carrefour et autres grandes surfaces …

Voilà, tout ça c’est fait ! donc on part ! on est lundi 1er février, il est 15h, on quitte enfin Las Palmas, ravis de partir découvrir El Hierro, l’ile la plus au sud-ouest des Canaries. On se réjouit ! on met le bateau en route, on lève les voiles, on remet le moteur en route, et … et les batteries ne chargent plus … pfffffff …. donc sur le coup des 18h, on décide de faire un stop à San Miguel, Tenerife, pour y retrouver le super motoriste qui nous a déjà changé l’embrayage. Il est monté sur la bateau hier en fin de journée, et lundi il finira de refaire une santé à nos 75 chevaux qui dorment bien au chaud, en attendant que le gros coup de vent qui passe sur nous se calme un peu.

On pourra donc enfin quitter le connu en début de semaine prochaine, et partir à la découverte ! Soit on fait un stop à El Hierro, soit on pique directement sur le Cap Vert (ça dépendra de la météo et des humeurs), pour rallier l’ile de Sal où un gros programme nous attend : kite surf, rencontres, plaisirs aquatiques, et beaucoup de vent … normalement … puis Mindelo, pour le CARNAVAL … musique, rhum, soleil et joyeuses rencontres en perspective !!!

Bon, puis je vous ai dit que nous n’avions pas fait de tourisme, … un tout petit peu quand-même, deux après-midi … on s’est échappé quelques heures pour visiter les environs de Las Palmas.

On s’est quand-même baladé au nord de l’ile, pour savourer les routes bien entretenues et les surprises qui surgissent à chaque méandre du ruban de bitume … d’énormes buissons de palmiers, des plantations en terrasse, des bananeraies sous tente, une église néo-gothique au milieu d’un petit bourg typiquement canarien, des points de vue somptueux sur les différents plans de montagne ou sur l’océan, des villages accrochés aux flans des colines, des forêts d’eucalyptus splendides, …

On est partis de Las Palmas, on a visité Teror (qui n’a rien de terrorisant),

Arucas (et sa rhumerie qu’on n’a pas visité, d’ailleurs ils y font du rhum avec de la canne importée de Martinique !!! – on n’a pas visité non plus les restes troglodytes …),

on est passé par Galdar qui a un très joli cœur historique,

et on a prolongé la visite jusqu’à la côte ouest et le petit village de Agaete

En revenant par la côte entre Agaete et Galdar, nous avons roulé entre des kilomètres de murs et de toiles protégeant la monoculture locale : la banane … autant dire que le paysage n’est pas terroche … 

Malheureusement on n’a eu ni la météo ni le temps d’aller nous balader dans le centre de l’île, qui est montagneux (avec plein de nuages …) et très vert, mais tout le monde nous a dit que ça ressemblait beaucoup à La Gomera, et là, on y était, et là, on a savouré ces paysages magnifiques.

Pas fait le sud non plus cette fois, on l’avait aperçu lors d’une précédente étape, et ce n’est qu’une succession de cités balnéaires sans aucune âme, donc pas de regrets !!

Mille becs à vous, et à tout bientôt.

 

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