Mais que s’est-il passé tous ces derniers temps à bord de Myriades ? Ca fait un bail que nous n’avons pas partagé avec vous quelques photos, humeurs ni nouvelles ! Alors nous revoilà 😊
Comme vous l’avez surement compris, ce n’est pas le plaisir de la vie dans les ports qui nous a retenus à terre ces dernières semaines, mais les aléas gentiment proposés par notre petit Volvo. Du coup, on en a bien profité pour visiter Lanzarote dans tous les sens, et puis maintenant Tenerife. En plus, on a eu la chance d’avoir Camille avec nous à Lanzarote, puis les visites de Samantha, Jeep & Elie, et puis Jérôme à Tenerife, à différents moments, alors c’était bien cool !!!
Lanzarote, on a adoré ! Sauvage et désertique, nue et aride, couleurs déclinées dans toutes les variations de sable, d’ocre, et de gris, et aussi noire et blanche, avec des petites taches de vert de-ci de-là, elle est fascinante. Au premier abord, on se dit qu’il n’y a rien à y faire, ni rien à y voir. Et puis le regard s’aiguise, l’œil s’affute, et ce qui semblait uniforme se révèle dans moultes détails, dans la richesse des formes, dans la multiplicité des dégradés … ce qui ressemblait simplement à de la terre ou de la lave est parfois labouré comme un champ, aussi sableux qu’une dune, saupoudré comme une tourte au chocolat, léger comme un espuma, désolé comme au lendemain d’une explosion, gravillonneux comme une allée de château, pétrifié dans l’instant qui dure une éternité, et j’en passe. Les dernières éruptions à Lanzarote datent de 1790, et dans certains endroits, rien n’a changé depuis ! Tout est minéral, tout est caillou, tout est gris, noir, stupéfié, beige, brun, ocre, parfois rouge, rarement vert.
Là où il y a du vert, il y a intervention de l’homme. Et Lanzarote a eu l’immense chance d’être protégée et révélée par un artiste architecte peintre mécène mentor incroyable, César Manrique (1919 – 1992), qui a su insuffler dans le cœur et dans le regard des lanzarotiens une attention, un respect et un amour pour leur ile. Tout y est beau, tout y est pensé pour que l’homme n’abime pas la nature, et au contraire, l’intègre dans ses créations. Habitats se mêlent aux jardins, bulles de lave s’intègrent dans les maisons, le blanc vient souligner la noirceur des murs de pierre insulaire, intérieurs et extérieurs sont en osmose, même les routes et la manière dont elles parcourent le paysage sont belles. On ne s’est pas lassé de la parcourir un peu à pieds, en vélo et pas mal en voiture. La météo était avec nous, puisque les nuages passaient dans le ciel avec le vent, jouant avec la terre et ajoutant aux contrastes un peu d’ombre par ici, un peu plus de lumière par-là, … saisissant.
On a visité le JARDIN DES CACTUS, il y en a de toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les géométries possibles ..
LA FONDATION DE MANRIQUE où il a créé sa maison de réception sur deux niveaux, dont un « sous terre » dans les bulles de lave, où il a installé des salons et piste de danse, piscine et bars
LE MIRADOR DEL RIO qui plonge sur l’ile de la Graciosa dans un paysage magique, dominant terre et mer, lieu au bout de la terre où se mettre à l’abri par gros vent pour assister au spectacle des éléments qui se déchainent
LES JAMEOS DEL AGUA, tunnels de lave où César Manrique a mis en valeur quelques galeries souterraines naturelles en y installant à nouveau des lieux de détente et aussi une incroyable salle de concert
LE PARC VOLCANIQUE DU TIMANFAYA, paysages encore plus lunaires que le reste de l’ile, stupéfiants tellement ils offrent à voir quelque chose jamais vu nulle part ailleurs que dans un champ de volcans, la douceur des courbes, le jeu des perspectives, les premiers plans agressifs comme de la roche explosée et les plans suivants se déclinant dans plus de tranquillité…
On a aussi visité la REGION VITICOLE, et là, encore une autre immense grande surprise !! nous nous attendions à voir de la vigne à perte de vue, du vert, du vert et encore du vert ! eh bien non. Les hectares de vigne sont des hectares de terre noire, soit creusée en demi-sphère, soit ourlée de murets de lave en demi-cercle, et chaque pied de vigne se niche au creux de la demi-sphère, ou se cache derrière un muret. Oui le vent souffle à Lanzarote, la vigne est donc à terre, elle ne pousse pas sur son pied, elle rampe sur le sol. Et comme il y a peu d’eau à Lanzarote, la terre est recouverte de gravier noir pour que la rosée qui s’évapore soit capturée par le gravier et retourne à la terre pour faire pousser la vigne … Ingénieux, non ? Dans ce pays où le soleil brûle tout et le vent assèche tout, la nature est belle est hostile, l’homme est humble et débrouillard.
Et puis après Lanzarote … un bout de jour et une nuit en mer pour rejoindre Tenerife où nous avons rendez-vous avec le motoriste notamment. On arrive tout doucement porté par le vent, trop tôt pour entrer au port, alors on navigue à 2-3 nœuds avec seulement la grand-voile. Et là, 10 minutes après que Hervé soit parti piquer un somme, les deux lignes de pêche sifflent comme des furieuses !!! On ralentit, on prend chacun une canne et on commence à remonter les 50-60 mètres de fil pour se retrouver face à deux jolies bonites bien charnues. Ma maladresse fait que la bonite de Hervé réussit à se libérer et refile à l’eau … grrr !!! flûte, 3 bons kilos de poisson frais nous sont passés sous le nez !!! Hervé est furax, à juste titre, et moi bien petite dans mes chaussures -pourtant du 42 fillette- … Je remonte ma ligne, et surprise, une aussi jolie bonite pointe le bout de son nez. Forte de ma première connerie, je fais super attention et on la sort de l’eau par la queue, pour la tuer rapidement. Ames sensibles pas besoin de s’abstenir, on sert un petit verre de rhum à notre bonite par les ouïes, ce qui a le mérite de lui court-circuiter le cerveau immédiatement et proprement. Au cul du bateau, Hervé nous lève 4 jolis filets qui nous régaleront ces prochains temps !!! 2 kg 5, en céviche, en ragout et puis le reste mis en conserve en dés crus dans l’huile d’olive, à gouter plus tard quand on aura faim en mer et pas de viande fraiche sous la main …
Voilà pour une première ile canarienne découverte au fil de ces dernières semaines qu’on a adorée par la terre, et qu’on aurait vraiment aimé vivre par la mer aussi … Tenerife à suivre pour le récit de nos balades, et comme le moteur semble retrouver sa forme et ses membranes, on se réjouit de partir à la découverte de La Gomera, La Palma et El Hierro, les iles extérieures, puis on espère bien pouvoir remonter à l’est pour découvrir Fuerteventura, et si le vent le permet, carrément remonter au nord de Lanzarote pour rendre visite à celle dont on entend toujours parler : La Graciosa …
Superbes récits, superbes photos! Nous qui avions passé 1 semaine sur Lanzarote, on a découvert, revu et ré-apprécié mille fois tous ces endroits que tu nous montres. Juste pour nous donner l’envie d’y retourner…au plus tôt! Très beau, merci!