Jeu. 7 nov
MONUMENT VALLEY
Cours Forest, cours !
Le désert, cette fois, se manifeste dans toute son immensité et sa platitude …
La terre est rouge brique, sombre, parsemée de touffes de verdures plutôt sèches, et d’ailleurs pas très vertes. En m’approchant pour voir leur diversité de plus près, je m’aperçois qu’elles sont toutes très épaisses et très épineuses : leurs défenses naturelles pour se préserver …
Quand les yeux se portent au loin, la ligne d’horizon est rose, talus désertiques, et en arrière-plan, une chaîne de montagnes enneigées. C’est doux pour les yeux, et c’est plat plat plat.
Entre les buissons et touffes d’herbes, notre regard capte par-ci par-là des petites maisons éparpillées, qu’on devine à peine dans le paysage.
La ligne d’horizon est quasi rectiligne, avec de temps à autre un hiatus : une table une montagne plate, un pic tel un poteau rectiligne qui se hisse dans le ciel bleu. Trois figures géologiques principales dans ce désert : les mesas (du nom espagnol de la table, montagnes de terre plates au profil rectangulaire), les buttes (des mesas plus courtes) et puis les spires (du nom anglais des aiguilles) qui sont toutes fines et aussi hautes que leurs copines.
Les Navajos patrouillent sur les routes désertiques et bien fréquentées, on est sur leur territoire ici, et non plus en terre USA. Leurs règles, leurs lois, leurs codes s’appliquent. L’un d’eux : pas de vente d’alcool dans leur Réserve. Mais ça ne les empêche pas d’en boire : on trouve des débris de bouteilles et des cannettes de bière partout au bord de la route, et dans les petits chemins où on s’enfile pour voir le désert depuis le désert.
On roule sur ces routes parfaitement rectilignes au milieu de rien, et puis les mesas les buttes et les spires se rapprochent, gagnent en détails et en altitude, on comprend mieux la structure de ces formations ; un peu évasées à la base (colosses aux pieds d’argile compressé), puis grandes et hautes falaises verticales, quasi toutes de cette même couleur rouge. Et plus on se rapproche, moins elles sont rigoureusement géométriques. La route ne nous permet pas d’aller à leur pied, on doit rester sur la piste. D’ailleurs, à 5 mètres du rouleau de bitume, les fils de fer barbelés nous rappellent bien que le territoire ici est privé.
On s’arrête à Forest Gump Point, point « mythique » très clairement défini comme tel sur notre GPS et dans les guides. On n’est pas les seuls, les touristes jouent à se prendre en photo en mimant une course à pieds sur la ligne jaune, et les voitures klaxonnent pour les faire s’éloigner. Les panneaux routiers indiquent d’ailleurs « Danger ! Pedestrians on the road ».
On arrive par devant, on passe derrière, on repasse sur le devant, puis on va voir de côté, et puis … on regarde … et puis on repart. Pas de balades par ici, seule la route est autorisée. Un dernier regard sur ce paysage hors norme, très beau de loin, et puis on trace, direction un petit bled qui nous rapproche de Grand Canyon.
Le long de notre route désertique, des instantanés très cinématographiques :
. les éoliennes à côté de leur citerne, qui tournent lentement avec leur girouette accrochée aux fesses, faisant fonctionner la pompe du puit
. les baraquements à moitié debout, balayés par le vent, certains complètement aplatis
. du sable qui vole, partout, qui envahit tout
. les buissons du désert, boules légères et desséchées qui roulent sur le sol
. les grandes buttes brun sombre comme des terrils
. les paysages lunaires et gris
. les hauts sommets enneigés au loin
. zéro degrés au thermomètre de la voiture
. un bus scolaire qui s’arrête au milieu de rien, et quand on regarde autour de lui, on devine au loin 3 maisons de bois…
On arrive à Tuca City où on passera la nuit, en territoire navajo. Ici aussi, un bâtiment appelé Trading Post. Est-ce que ce sont les anciens relais de diligences … ? C’est ma grande culture Lucky Luckesque qui ressort …
Les Trading Posts sont en fait les lieux d’échanges qui existent depuis que les indiens ont été parqués dans leurs réserves. Lieu où ils vendaient et échangeaient leur artisanat et autres spécificités indiennes contre des denrées alimentaires et autres biens de consommation dont ils avaient besoin.